Ce sont parfois les choses les plus simples qui produisent les meilleurs bénéfices. Un simple geste, un simple présent, un simple mot peuvent faire toute la différence. Ils peuvent même déclencher une réaction en chaîne qui change des vies et transforme le monde.
Charlotte Elliot, femme satirique et sceptique, était maintenant alitée et aigrie. Un jour, un pasteur originaire de Genève, en Suisse, passa par sa ville et fut invité à lui rendre visite. Il s’enquit de son état spirituel et lui parla du Christ. Elle ricana: « Moi, une créature pécheresse, aller vers Lui? » Mais elle le fit! Elle crut à l’Évangile que le pasteur lui avait annoncé et composa plus tard un hymne qui a traversé les âges: « Just As I Am, Without One Plea« .
Ce pasteur, César Malan, avait été ordonné plusieurs années auparavant. Cependant, au moment de son ordination et pendant les premières années de son ministère, il était ignorant de l’Évangile. Il avait été formé à l’Académie de Genève qui, à l’époque, prônait le rationalisme. Mais, finalement, il avait été confronté à son incrédulité et s’était converti. Cette conversion lui avait permis de partager l’Évangile puissant et rédempteur avec Charlotte Elliot et tant d’autres.
La conversion de Malan s’est produite lorsqu’un Écossais s’est rendu à Genève et fut bouleversé par les fausses croyances des Églises locales. Robert Haldane avait espéré devenir missionnaire, mais sa candidature avait été rejetée. Ses voyages l’ont conduit à Genève, où il a repéré un petit groupe de pasteurs fidèles et a commencé à les rencontrer, à les encourager et à les former. Ses conférences ont rapidement attiré de plus en plus de personnes, dont beaucoup étaient des pasteurs comme César Malan. Le Seigneur utilisa Haldane avec beaucoup d’efficacité dans une ville qui avait été autrefois un véritable rempart pour la vérité.[i]
Robert s’était converti au christianisme plusieurs années auparavant. Son frère James avait tenté de lui faire connaître l’Évangile, mais Robert l’avait catégoriquement rejeté. Il était même allé jusqu’à bannir James de chez lui à moins qu’il ne renonce à sa religion et cesse d’essayer de convaincre les autres. James répondit : « Très bien », mais il ajouta que rien ne l’empêcherait de prier pour son salut. Robert fut profondément touché par le fait que son frère intercède en sa faveur et finit par répondre à l’Évangile. Les deux frères étaient désormais croyants et consacrèrent ensemble leur vie au service du Seigneur.[ii]
De nombreuses années auparavant, James avait rejoint la Royal Navy et gravi les échelons jusqu’à obtenir le privilège de commander l’un de ses grands navires de guerre. Au cours d’une bataille particulièrement terrible, il vit tout un équipage être fauché par les tirs et laissé pour mort. Il donna l’ordre de faire monter, depuis les ponts inférieurs, une troupe chargée de les remplacer. Lorsque les marins arrivèrent sur le pont et virent leurs camarades gisant morts, blessés et mutilés, ils reculèrent et commencèrent à paniquer. Haldane réagit en hurlant et en les maudissant, invoquant Dieu pour qu’il les précipite tous dans les profondeurs de l’enfer.
Un vieux marin se tenait à proximité et, entendant les propos virulents du capitaine, prononça une parole simple mais courageuse, une parole déplacée lorsqu’elle s’adressait à un supérieur, mais néanmoins appropriée dans les circonstances : « Capitaine, dit-il, je crois que Dieu entend les prières, et si Dieu avait écouté votre prière à l’instant, que serions-nous devenus? ». Sur ces mots, il s’inclina et retourna à un silence respectueux. Une fois la bataille livrée et remportée, Haldane était incapable d’oublier les paroles du marin. Elles pesaient si lourdement sur son âme qu’elles finirent par le conduire à se repentir de son péché et à croire en Christ.
Wayne C. Johnson résume merveilleusement bien la chaîne des événements: « Un vieux marin réprimande son capitaine pour son blasphème, et Dieu sauve ce dernier. Un capitaine prie pour son frère, et Dieu le sauve. Un frère écossais témoigne auprès d’un prédicateur à Genève, et Dieu le sauve. Un prédicateur de Genève partage l’Évangile avec une femme alitée, et Dieu la sauve… Elle reprend alors la plume, mais cette fois-ci pour exprimer sa gratitude en écrivant: »
Just as I am, without one plea,
But that Thy blood was shed for me.
And that Thou bidst me come to Thee,
O Lamb of God, I come.[iii]
Par la providence divine, tous les noms ont été remémorés et énoncés, sauf celui de la personne qui a tout déclenché, celle qui a prononcé une simple parole courageuse, une simple parole d’obéissance, une simple parole qui résonne encore aujourd’hui dans l’Église.