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Le sacrifice de Jésus-Christ constitue l’accomplissement parfait et définitif de ce que l’ancien rituel juif du Yom Kippour préfigurait : un pardon complet des péchés, non plus temporaire, mais éternel. À l’approche de Pâques, redécouvrir cette continuité entre l’Ancien et le Nouveau Testament peut raviver notre foi et nous aider à dépasser une religiosité de pure forme.

Dans notre monde occidental, nombreux sont ceux qui conservent des rituels religieux hérités du passé – baptêmes, fêtes, messes – mais souvent sans véritable conversion du cœur. L’âme demeure assoiffée, même au milieu de symboles sacrés. Ne risquons-nous pas de perpétuer des traditions chrétiennes sans en vivre la réalité vivifiante, celle d’une relation personnelle avec Dieu ? Pour répondre à cette question, plongeons dans le rituel biblique du Jour des expiations (Yom Kippour).

Yom Kippour: préfiguration du pardon divin

Le Lévitique chapitre 16 décrit ce rituel solennel. Une fois par an, tout Israël s’arrêtait pour rechercher la purification de ses péchés. Cette cérémonie comportait plusieurs étapes essentielles:

Le grand prêtre se préparait par des ablutions avant d’entrer dans le lieu très saint du tabernacle, derrière le voile. Il offrait d’abord un taureau en sacrifice pour ses propres péchés, puis prenait deux boucs pour le peuple. Le premier était immolé en sacrifice pour les péchés de la nation ; son sang était aspergé sur le propitiatoire. Le second bouc, appelé bouc émissaire, n’était pas sacrifié, mais envoyé au désert, portant symboliquement les péchés du peuple. Pendant ce temps, tous jeûnaient et s’humiliaient devant Dieu.

«Car en ce jour on fera l’expiation pour vous, afin de vous purifier; vous serez purifiés de tous vos péchés devant l’Éternel» (Lévitique 16.30). Par cette ordonnance, Dieu enseignait que le péché sépare de sa présence et que, sans sacrifice sanglant, il n’y a point de pardon. Cependant, ce rituel devait être constamment répété et n’offrait qu’une purification temporaire. Comme l’explique D. A. Carson: «Le système sacrificiel préparait le chemin pour le sacrifice suprême; la fonction de grand-prêtre anticipait le médiateur parfait entre Dieu et les hommes, Jésus-Christ.» Le Grand Pardon vécu symboliquement dans l’Ancien Testament allait trouver son accomplissement parfait en Jésus-Christ.

Christ: grand prêtre et victime parfaite

Jésus-Christ accomplit tout ce que Yom Kippour préfigurait, mais d’une manière parfaite et définitive. Il est à la fois le grand prêtre parfait et la victime parfaite – seul le Fils de Dieu pouvait réaliser une telle œuvre.

Jésus est le grand prêtre suprême, saint et immaculé (Hé 7.26-27). Sur la croix, il s’est livré volontairement en victime expiatoire. «[Christ] est entré une fois pour toutes dans le lieu très saint, non avec le sang des boucs et des veaux, mais avec son propre sang, ayant obtenu une rédemption éternelle» (Hébreux 9.12). À l’instant où Jésus expira, le voile du temple se déchira, signifiant que l’accès direct à Dieu était désormais ouvert (Marc 15.38). Plus besoin de bouc émissaire annuel: Jésus a porté nos péchés en son corps sur le bois, les ôtant définitivement (1 Pierre 2.24). «Par une seule offrande, il a amené à la perfection pour toujours ceux qui sont sanctifiés» (Hébreux 10.14).

Les premiers chrétiens étaient bouleversés par cette réalité. Un auteur du IIe siècle s’exclame: «Il a livré son propre Fils en rançon pour nous – le Saint pour les méchants, l’Innocent pour les coupables… Ô échange admirable! Que l’iniquité de la multitude soit cachée en un seul Juste, et que la justice d’un seul rende justes une multitude d’hommes pécheurs!» (Épître à Diognète). Jésus a assumé nos fautes et, en retour, nous a revêtus de sa justice parfaite. «Le châtiment qui nous donne la paix est retombé sur lui» (Ésaïe 53.5).

A. Carson souligne: «Veux-tu voir l’amour de Dieu? Regarde la croix. Veux-tu voir sa justice? Regarde la croix.» En Jésus crucifié, la colère divine contre le péché et la compassion divine pour le pécheur se rencontrent. La croix constitue l’apogée du plan divin du salut, le Grand Pardon rendu accessible une fois pour toutes.

De la forme à la vie

Face à ces réalités glorieuses, nous sommes conviés à bien plus qu’une observance extérieure: Dieu recherche notre cœur. La Bible nous exhorte: «Approchons-nous avec un cœur sincère, dans la plénitude de la foi… les cœurs purifiés d’une mauvaise conscience» (Hébreux 10.22). Nous pouvons nous approcher librement du trône de la grâce, assurés que le sang de l’Agneau nous a purifiés.

Le sacrifice de Jésus confère tout son sens aux symboles chrétiens: le baptême signifie notre union à sa mort et sa résurrection; la Sainte Cène nous fait commémorer le sang versé et le corps brisé pour notre rédemption; nos chants et prières s’emplissent d’une ferveur nouvelle quand nous réalisons le prix payé pour notre pardon.

Allons-nous demeurer simples spectateurs d’un rituel, ou entrerons-nous dans la réalité vivante de la présence divine grâce au sacrifice de Jésus? Ne nous contentons pas des vestiges d’une foi culturelle: répondons à l’amour du Christ de tout notre être, en nous offrant nous-mêmes à Dieu «comme un sacrifice vivant» (Romains 12.1). Le Grand Pardon a été accompli une fois pour toutes – à nous maintenant de l’embrasser pleinement, le cœur enflammé par la grâce.

Je suis Canadien, Québécois, et mon peuple n’a conservé du christianisme que des édifices qui disparaissent rapidement. Pourtant, Dieu ne nous a pas abandonnés; il sème discrètement des chrétiens dans chaque ville et village, il nous envoie des soutiens pour notre proclamation de l’Évangile. Quelle plus belle opportunité que Pâques pour adorer notre Sauveur et l’annoncer au monde.

Références : Lévitique 16 ; Épître à Diognète, ch. 9 ; D. A. Carson, The Cross and Christian Ministry (1993) et Scandalous: The Cross and Resurrection of Jesus (2010).



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