Il y a quelque temps, une journaliste m’a demandé de définir le complémentarisme. Elle ne savait pas ce que cela voulait dire. Et cela n’est guère surprenant.
Le mot “complémentarité” n’apparaît pas dans la Bible, mais certains l’utilisent pour résumer un concept biblique. Il en va de même pour le mot “trinité”. Ce mot n’apparaît jamais dans la Bible, mais la Bible parle indéniablement d’un Dieu trinitaire : Père, Fils et Saint-Esprit.
Bien que l’idée d’une complémentarité homme-femme soit visible de la Genèse jusqu’à l’Apocalypse, l’étiquette “complémentarisme” n’existe que depuis 1988, quand un groupe de spécialistes s’est réuni afin d’inventer un terme qui exprime une personne adhérant à l’idée historique et biblique que l’homme et la femme sont égaux, mais différents. Le besoin d’une telle étiquette est né en réponse à la proposition selon laquelle l’égalité signifie l’interchangeabilité des rôles (égalitarisme) — une idée proposée et popularisée parmi les évangéliques dans les années 1970 et 1980 à partir d’une interprétation féministe de la Bible.
Dernièrement, j’ai lu plusieurs articles écrits par ceux qui comprennent mal ou qui déforment le point de vue complémentariste. J’étais personnellement présente à la réunion en 1988 quand le terme “complémentarisme” a été inventé, donc je crois avoir bien saisi le sens du terme. Je souhaite le résumer pour vous. M’inspirant de la série “… pour les nuls”, je vous présente un “complémentarisme pour les nuls” afin d’expliquer le sens prévu du mot.
1. Il s’agit des compléments, et non des compliments
Le terme “complémentarisme” dérive du mot “complément” (et non du mot “compliment”). La définition de “complément” est la suivante : ce qui s’ajoute ou doit s’ajouter à quelque chose pour le compléter.
Les complémentaristes croient que Dieu a créé l’homme et la femme pour être des expressions complémentaires de l’image de Dieu — l’homme et la femme reflètent ensemble sa gloire.
Les complémentaristes croient que Dieu a créé l’homme et la femme pour être des expressions complémentaires de l’image de Dieu — l’homme et la femme reflètent ensemble sa gloire. Leurs différences élargissent notre compréhension de Dieu. Bien que chacun des sexes, individuellement, porte totalement l’image de Dieu, chacun le fait de sa propre manière. La relation homme-femme reflète des vérités du caractère de Jésus qui ne sont pas visibles dans l’homme ou la femme pris isolément.
2. L’image clichée de la femme au foyer des années 1950 ne représente pas le complémentarisme
L’image cliché d’une femme au foyer “traditionnelle” ne représente en rien l’idéal complémentariste !
Lors de notre réunion pour nommer le concept, quelqu’un a suggéré le terme “traditionalisme”, car notre position est celle qu’ont tenue historiquement les chrétiens. Le terme a vite été rejeté. Le “traditionalisme” sent la tradition. Or, les complémentaristes croient que les principes de la Bible vont plus loin que la tradition. Ils s’appliquent à tout temps et à toute culture.
L’image cliché d’une femme au foyer “traditionnelle” ne représente en rien l’idéal complémentariste ! Et la culture a évolué ! La complémentarité d’il y a 60 ou 70 ans n’est pas la même que celle d’aujourd’hui. Éloignons-nous donc des stéréotypes. Ils ne nous servent pas.
3. Une hiérarchie du type prolétariat-bourgeoisie n’a pas de place dans le complémentarisme
Les théoriciens féministes affirment que différencier le rôle des hommes et des femmes crée une hiérarchie dans laquelle les hommes (comparés aux bourgeois privilégiés élites du 18e siècle) maintiennent les femmes dans la soumission (comparées au prolétariat de la classe populaire).
L’autorité n’est pas un droit de régner, mais une responsabilité de servir.
Toutefois, les complémentaristes ne croient pas que les hommes, en tant que groupe, soient au-dessus des femmes. Les hommes ne sont pas supérieurs aux femmes. Les femmes ne sont pas un “deuxième sexe”. Les hommes ont la responsabilité d’exercer le rôle de chef dans leur foyer et leur église, et Christ a révolutionné ce que cela signifie. L’autorité n’est pas un droit de régner, mais une responsabilité de servir. Nous avons donc rejeté le terme “hiérarchisme” en raison de son association avec un droit autoproclamé de régner.
4. La complémentarité n’approuve pas l’oppression patriarcale et sociétale de la femme
En principe, le patriarcat signifie un modèle sociétal dans lequel le père est le chef de la famille. Mais depuis les années 1970, avec l’influence du féminisme, l’usage du terme a évolué et il a maintenant des connotations négatives. Beaucoup considèrent que le patriarcat est la domination oppressive des femmes par les hommes.
Le patriarcat est vu comme un système misogyne dans lequel les femmes sont rabaissées et étouffées. Les complémentaristes s’opposent à l’oppression des femmes. Nous voulons que les femmes s’épanouissent, et nous sommes convaincus que c’est le cas lorsque les hommes et les femmes vivent ensemble selon la Parole de Dieu.
5. Les complémentaristes croient que Dieu a créé l’homme et la femme afin de refléter des vérités fondamentales de Jésus
Si l’on vous dit que la complémentarité signifie que la femme doit renoncer à sa carrière, enterrer ses dons, tolérer la maltraitance ou acquiescer aveuglément à tout ce que disent les hommes, n’y croyez pas. Ce n’est pas le complémentarisme.
Maintenant que nous avons pu apporter un peu de lumière sur ce qu’est le complémentarisme, il est temps de vous donner une définition basique. À la base, un complémentariste est quelqu’un qui croit que Dieu a créé l’homme et la femme afin de refléter des vérités complémentaires sur Jésus. C’est l’idée fondamentale du concept.
Les complémentaristes croient que l’homme a été créé afin de révéler la relation qu’a Christ avec l’Église (et celle qu’a l’Éternel Dieu avec Christ) d’une manière que les femmes ne peuvent pas, et que la femme a été créée afin de révéler la relation qu’a l’Église avec Christ (et celle qu’a Christ avec l’Éternel Dieu) d’une manière que les hommes ne peuvent pas.
Qui nous sommes en tant qu’homme et femme ne concerne pas seulement nous-mêmes. Il s’agit d’un témoignage rendu à l’histoire de Jésus. Nous ne pouvons pas décider de l’objectif de la masculinité et de la féminité. Cela est la prérogative de notre Créateur. Voilà la base du complémentarisme.
Si l’on vous dit que la complémentarité signifie que la femme doit se marier, enfanter des douzaines d’enfants, être femme au foyer, nettoyer les WC, renoncer à sa carrière et à son intelligence, tolérer la maltraitance, enterrer ses dons, renier sa personnalité et acquiescer aveuglément à tout ce que disent les hommes, n’y croyez pas. C’est une fausse image, ce n’est pas le complémentarisme.