« Nous sommes en guerre ! » Cette phrase du président français Emmanuel Macron lors de son discours du 16 mars 2020 a été largement reprise et commentée.
Cet article ne sera pas un commentaire de plus à propos de l’intervention du président français. Mais cette interpellation, « nous sommes en guerre », s’applique tout à fait à la condition du chrétien dans le monde.
Avant d’évoquer plus précisément le combat spirituel, il est nécessaire d’examiner les enseignements de l’Écriture à propos de la vie chrétienne en général.
John MacArthur dénonce une mauvaise utilisation de l’Écriture qui conduit à éviter tout effort personnel. Il cite notamment « ce n’est pas vous qui combattrez, ce sera Dieu » (2 Chroniques 20.15) qui peut être mal interprété et engendrer une sorte de laisser-aller spirituel[1].
La vie chrétienne selon le Nouveau Testament
Jésus n’a jamais caché les difficultés que rencontreront ceux qui veulent le suivre (Luc 9.58 ; Marc 10.30 qui annonce des persécutions). A la fin de sa vie, Paul écrit : « J’ai combattu le bon combat » (2 Timothée 4.7). Il ne se glorifie pas lui-même, mais il donne un modèle à suivre à Timothée et aux enfants de Dieu en présentant l’existence chrétienne comme une lutte.
Il a aussi exhorté Timothée à souffrir comme un bon soldat de Jésus-Christ (2 Timothée 2.3) et a annoncé la persécution pour ceux qui veulent vivre leur foi en Christ (2 Timothée 3.12).
La mort et la résurrection de Jésus-Christ ne signifient donc pas la fin de toute épreuve. La victoire est assurée, mais les difficultés ne sont pas terminées pour les enfants de Dieu tant qu’ils ne sont pas auprès du Seigneur.
Les ennemis du chrétien
Le chrétien doit faire face à trois ennemis.
1) La chair
Il s’agit ici du principe qui s’oppose à Dieu et qui est à l’œuvre dans l’être humain non-régénéré (Ephésiens 2.3). Le croyant doit continuer à lutter contre la chair puisqu’il n’a pas encore atteint la perfection. Il est donc appelé à mener une lutte sans relâche pour ne pas suivre les désirs suscités par la chair (Galates 5.16-21, la version Segond 21 a choisi ici la traduction « nature propre »).
Comme souvent, Jacques dit la même chose que Paul, mais en des termes différents puisqu’il évoque les « passions qui combattent » dans les « membres » du chrétien (Jacques 4.1). Reprenant ce terme de convoitise, Pierre évoque une guerre qui est faite à l’âme du chrétien (1 Pierre 2.11).
Il existe ainsi une lutte constante pour crucifier cette chair, pour mettre à mort tous les désirs qui s’opposent à Dieu et qui persistent tant que la sanctification du chrétien n’est pas achevée (Romains 8.13 ; 13.14).
2) Le monde
Dans cette acception, le monde est l’humanité déchue organisée en un système qui s’oppose clairement à Christ (Jean 7.7) et donc à ceux qui le suivent (Jean 15.18-20). Le chrétien doit faire preuve de vigilance afin de résister à la séduction du monde. Il refuse d’aimer le monde et s’attache fermement à Dieu (Jacques 4.4 ; 1 Jean 2.15-17).
3) Le diable
Il est l’Adversaire par excellence ; c’est le sens du mot qui a donné « Satan » en français. Même si l’interprétation de tous les détails de ce livre reste complexe, nous discernons dans les chapitres 12 et 13 de l’Apocalypse une opposition entre ceux qui suivent Christ et le diable, représenté par un dragon :
« Furieux contre la femme, le dragon s’en alla faire la guerre au reste de sa descendance, à ceux qui respectent les commandements de Dieu et qui gardent le témoignage de Jésus. » (Apocalypse 12.17)
Apocalypse 13 montre deux actions contre les chrétiens : la persécution (Apocalypse 13.11-17) ou la séduction (Apocalypse 13.1-10). Nous reviendrons en détail sur ce combat dans la suite de cette série. Il est important de noter que la guerre a commencé dès le jardin d’Éden (Genèse 3) et ne se terminera que lorsque le diable sera jeté dans l’étang de feu et de souffre (Apocalypse 20.10).
Combattre car Dieu nous a équipés
Les images néotestamentaires décrivent une vie chrétienne active, combattante et nécessitant de la persévérance dans les difficultés rencontrées. Paul évoque une course constante (Philippiens 3.12-14) ou la vie très disciplinée d’un athlète (1 Corinthiens 9.25-27). Ces images doivent nous faire prendre conscience de la réalité de la lutte et nous donner une juste image de la vie à la suite de Jésus-Christ.
Pierre nous donne un encouragement précieux au début de sa seconde lettre (2 Pierre 1.3-11) : il rappelle que Dieu, par sa « divine puissance », nous a « donné tout ce qui est nécessaire à la vie et à la piété » (verset 3). Puisque nous sommes ainsi équipés et parce que nous avons pour encouragement la certitude des promesses de Dieu, nous sommes exhortés à faire « tous nos efforts » (verset 5) pour mener une vie conforme à ce que Dieu aime.
La vie chrétienne est exigeante, elle ressemble à un combat avec ses moments glorieux et des temps de souffrance. Elle peut paraître usante, décourageante à certains égards. Mais cette lutte ne se déroule pas avec nos seules forces. C’est parce que Dieu agit dans chacun de ses enfants par son Esprit qu’il est possible de combattre. La promesse du Royaume éternel (2 Pierre 1.11) permet aussi d’envisager cette lutte avec courage car le meilleur est à venir.
[1] John MacArthur, « Comment affronter l’ennemi. S’armer pour le combat spirituel », Publications Chrétiennes, Cap-de-la-Madeleine (Québec), 1998, p. 74.