Je ne peux pas me dire cinéphile. Je ne me précipite pas pour voir la dernière sortie à l’affiche. Pourquoi donc ai-je voulu regarder celui-ci ?
Un film à succès au titre intrigant
Il y a d’abord son succès critique et populaire. Cette œuvre de Justine Triet a remporté la Palme d’Or au festival de Cannes en 2023. Le film a fait une sortie dans les salles plus qu’honorable se plaçant juste derrière Barbie dans une lutte inégale contre Hollywood. Après seulement un mois d’exploitation, il a dépassé le million d’entrées en France.[1] Le film passe très bien à l’étranger aussi, établissant le record du film français le plus regardé aux États-Unis. A présent, il est nommé pour 5 Oscars, dont celui du meilleur film.
Mais c’est avant tout le titre qui a éveillé ma curiosité. Difficile d’être pétri de théologie biblique et ne pas s’intéresser à un film qui parle de La chute.
J’ignore si avec son titre l’écrivaine/réalisatrice voulait qu’on fasse un lien avec la chute de l’humanité racontée dans la Genèse. Mais qu’il y ait intentionnalité ou non, il y a une résonnance remarquable.
Un scenario noir
Dans ce scénario récompensé aux Oscars 2024, on rencontre le couple bancal de Sandra et Samuel dont le fils, Daniel, est malvoyant. Ils vivent dans un chalet dans les Alpes au-dessus de Grenoble. Samuel est découvert mort devant le chalet. De toute évidence, il est tombé de la fenêtre du troisième étage.
Mais comment cette chute s’est-elle produite ? Accident ? Suicide ? Ou … homicide ? L’autopsie laisse planer un doute, une faille dans laquelle la justice s’engouffre. Sandra est mise en cause. Le film se concentre sur le procès, qui devient l’anatomie de la chute. Mais bien plus que ça, nous assistons en réalité à la dissection sans pitié du couple.
Nous apprenons que le père est un écrivain sans succès, déprimé, s’estimant responsable de la cécité de leur fils. Celle-ci a été provoquée par une chute. Encore une !
Une pièce maîtresse du procès à charge contre Sandra est l’écoute d’une dispute enregistrée par Samuel à son insu. On entend d’abord Samuel se blâmer pour le handicap de leur fils. Le reste consiste en l’étalage de ses plaintes à l’égard de Sandra. Tout est de sa faute. Il se plaint de devoir lui faire sans cesse des concessions. Après avoir déballé une litanie d’accusations, il hurle enfin sa trahison. Elle assume plusieurs infidélités bisexuelles à son égard. C’est un couple « moderne » … Il finit en la traitant de monstre sans pitié.
L’enregistrement se termine avec des bruits de vaisselle qui vole et de coups violents.
De son côté, Sandra l’accuse de créer son propre malheur, d’être déprimé, de lui imposer de vivre dans son pays, de ne plus la satisfaire sexuellement …
La chute du fils, du couple et de la justice
Le film, est aussi un zoom passionnant sur un procès en cour d’assise. Sandra a pris comme avocat un vieil ami. Elle lui dit en préparant sa défense qu’elle veut que la vérité soit établie. Il casse immédiatement ses illusions en rétorquant que tout cela n’a rien à voir avec la vérité. Il s’agit juste de gagner le procès. C’est tout.
Nous assistons donc aussi à la chute de la vérité.
Les résonances bibliques
On se demande parfois pourquoi on trouve dans la Bible des histoires de mensonges, de complots, de fratricides, d’adultères, de viols et de guerres sans pitié. N’est-elle pas censée être un livre saint ? Nous parler du Dieu d’amour ?
la Bible, est, de la Genèse à l’Apocalypse, l’anatomie d’une chute. Une chute primordiale qui commence … au sein d’un couple et qui se répercute au sein d’une famille puis au sein de l’humanité.
C’est parce que la Bible, elle aussi, de la Genèse à l’Apocalypse, est l’anatomie d’une chute. Une chute primordiale qui commence … au sein d’un couple et qui se répercute au sein d’une famille puis au sein de l’humanité.
C’est parce que la Bible nous dit la vérité sur ce qui est. Elle ne raconte pas l’histoire des Bisounours, mais celle de l’humanité déchue. Et la chute est mortelle.
Nous vivons dans un monde qui ne tourne pas rond. Les couples, basés sur le sentiment amoureux sans alliance, sans crainte de Dieu et sans respect pour sa parole cassent. Paul Efona fait une observation fine à ce sujet : « Le couple contemporain est le symptôme d’une société où le choix individuel a tendance à ignorer l’altérité réelle de l’autre. A force de crier « c’est mon choix ! », faut-il s’étonner que le couple se transforme en lieu de compétition narcissique ? A force de revendiquer le droit à « être soi » doit-on être surpris d’être seul(e) en couple ? »[2]
La chute du film et celle de la Bible
Le film nous laisse sans espoir. Dans la dernière scène, Sandra se console comme elle le peut, dans l’alcool et dans un câlin avec son chien. Au moins, cette relation-là paraît intacte.
En revanche, le péché et ses conséquences décrits en détail dans la Bible forment l’écrin qui met en valeur le diamant de la rédemption en Christ. Il y a une transcendance ! Dieu est venu dans ce monde déchu. Il a goûté au rejet, à la solitude, aux coups, à un procès injuste puis à la mort causée par notre chute. Il a payé pour nos péchés et nos pots cassés ; il a pris notre chute et ses conséquences sur lui.
Il est ressuscité, le deuxième Adam d’une nouvelle création, promesse d’un monde sans violences, sans cécité, sans chutes.
Ne serait-ce pas le message d’espoir à partager avec les couples autour de nous qui sont en chute libre ?