Cet article est extrait de « Le dessein de Dieu pour l’Église » dans lequel Conrad Mbewe qui, puisant dans trois décennies de travail pastoral en Zambie, vise à équiper les pasteurs et les responsables d’église avec des principes bibliques adaptés.
Parfois, la sainte cène est appelée la communion, l’eucharistie ou encore le repas du Seigneur. À vrai dire, j’aime beaucoup l’expression « repas du Seigneur », parce que ce repas se distingue véritablement de tous les autres repas. Il s’agit, en effet, du repas du Seigneur. C’est lui qui nous en a donné le menu en nous demandant aussi d’y prendre part en souvenir de lui. Nous l’avons déjà mentionné lorsque nous avons examiné 1 Corinthiens 11.23. Dans ce passage, Paul dit que l’idée de la sainte cène ne vient pas de lui. Il transmet simplement à l’Église de Corinthe ce qu’il a reçu du Seigneur Jésus-Christ.
Chaque auteur des Évangiles (Matthieu, Marc, Luc et Jean) fait référence à la façon dont Jésus a institué ce repas. Le fait que chacun le mentionne sans exception suggère qu’il s’agissait d’un acte très important. Du témoignage de ces auteurs, il en ressort que, la nuit précédant la trahison de notre Seigneur, il a rassemblé ses douze disciples dans une chambre haute pour prendre un repas avec eux. Vers la fin de ce repas, il leur a donné des instructions sur la façon dont ce repas devait être perpétuellement célébré en son honneur, jusqu’à son retour. Examinons quelques-unes de ces caractéristiques.
1. La relation entre la sainte cène et la Pâque.
Il est instructif que la sainte cène ait été instituée pendant la fête des pains sans levain, appelée la Pâque. D’ailleurs, Jésus a qualifié ce qu’il allait manger avec ses disciples ce jour-là de Pâque. La Bible rapporte :
La fête des pains sans levain, appelée la Pâque, approchait […] Le jour des pains sans levain, où l’on devait immoler la Pâque, arriva, et Jésus envoya Pierre et Jean, en disant : Allez nous préparer la Pâque, afin que nous la mangions […] Ils partirent, et trouvèrent les choses comme il le leur avait dit ; et ils préparèrent la Pâque. L’heure étant venue, il se mit à table, et les apôtres avec lui. Il leur dit : J’ai désiré vivement manger cette Pâque avec vous, avant de souffrir (Lu 22.1,7,8,13-15).
Impossible par conséquent de comprendre la sainte cène en dehors du contexte de la Pâque, qui nous est rapporté dans Exode 12. Israël était en captivité en Égypte, et Dieu était sur le point de délivrer son peuple en infligeant des plaies spectaculaires et miraculeuses par l’intermédiaire de Moïse. Le dernier de ces fléaux devait être la mort du fils premier-né dans chaque foyer en Égypte. Afin d’éviter que cela ne se produise dans les foyers des Israélites, ils devaient étaler le sang d’un agneau ou d’un chevreau sur le cadre de la porte de leurs maisons le jour où l’ange de la mort traverserait le pays. Dieu a dit à Moïse :
Le sang vous servira de signe sur les maisons où vous serez ; je verrai le sang, et je passerai par-dessus vous, et il n’y aura point de plaie qui vous détruise, quand je frapperai le pays d’Égypte. Vous conserverez le souvenir de ce jour, et vous le célébrerez par une fête en l’honneur de l’Éternel ; vous le célébrerez comme une loi perpétuelle pour vos descendants (Ex 12.13,14).
La relation entre la Pâque et la sainte cène devrait être évidente. Les Israélites ont survécu à la mort dans leurs foyers grâce au sang des animaux qui recouvrait les cadres de leurs portes. Nous sommes sauvés de la colère de Dieu par le sang du Seigneur Jésus-Christ. La Pâque était un repas, comme la sainte cène. Toutes deux parlent de l’intervention de Dieu qui sauve son peuple de l’esclavage et de la tyrannie. L’esclavage en Égypte est une image de l’esclavage du péché. Le sang des animaux sacrifiés dans l’Ancien Testament préfigure le sang de Christ dans le Nouveau Testament. Voilà le sens de la sainte cène. C’est un rappel de la façon dont nous avons été sauvés de l’esclavage au péché et de la colère de Dieu par le sacrifice expiatoire du Fils de Dieu sur la croix.
2. La sainte cène est un souvenir et non une reconstitution.
Jésus n’est plus crucifié quand nous prenons la sainte cène. Rien de mystérieux ne se produit lorsqu’on prie et rompt le pain à la vue de l’assemblée. Le pain et la coupe ne deviennent pas le corps et le sang de Christ de manière littérale. Ces éléments demeurent uniquement un rappel et ne constituent en aucun cas une reconstitution. Jésus est actuellement au ciel. Il ne souffre plus et ne meurt plus chaque fois que nous prenons la sainte cène. Il est mort une fois pour toutes. Dieu a été pleinement satisfait du prix que Jésus a payé sur la croix pour notre péché. Il ne souffrira plus jamais et ne mourra plus jamais.
Il est nécessaire de souligner cette vérité : nous ne répétons pas la crucifixion de Jésus-Christ lorsque nous prenons la sainte cène. La Bible nous dit que Jésus est mort une fois pour toutes et que son sacrifice a été suffisant :
De même Christ, qui s’est offert une seule fois pour porter les péchés de beaucoup d’hommes, apparaîtra sans péché une seconde fois à ceux qui l’attendent pour leur salut […] lui, après avoir offert un seul sacrifice pour les péchés, s’est assis pour toujours à la droite de Dieu ; il attend désormais que ses ennemis soient devenus son marchepied. Car, par une seule offrande, il a amené à la perfection pour toujours ceux qui sont sanctifiés (Hé 9.28 ; 10.12-14).
La sainte cène dépeint simplement la mort toute-suffisante de Christ comme un rappel pour nous, ses disciples.
Dans un autre ouvrage, j’ai écrit : « La sainte cène n’est donc pour nous qu’un souvenir. Il ne s’agit pas de la réitération de l’événement lui-même. Elle s’apparente à une cérémonie commémorative pour un membre de famille décédé il y a environ un an. Nous ne nous attendons pas à ce que les gens pleurent, parce que la mort a eu lieu il y a longtemps. Nous nous attendons à ce que la famille du défunt utilise ce temps pour se remémorer le passé. C’est ce que nous faisons lors de la sainte cène. Nous ne reconstituons pas la mort du Seigneur Jésus. Elle a eu lieu il y a deux mille ans. Nous ne faisons que nous la rappeler2. »