Dans notre dernier article, nous avons été encouragés à nous attendre à être exaucés lorsque nous prions, et à persévérer et insister. Mais certaines questions ont été laissées en suspens : Dieu va-t-il toujours exaucer mes prières ? Si tel n’est pas le cas, est-ce lié à mon manque de foi ? Ou alors au fait que ce n’est pas sa volonté d’y répondre ? Prenons quelques exemples et demandons-nous si nous avons plus de « probabilités » d’être exaucés pour certaines requêtes que pour d’autres : je supplie Dieu de me donner un conjoint ; je demande à Dieu de m’aider à vaincre enfin un péché tenace ; je prie que Dieu me révèle quel choix faire entre deux places de travail ; je lui demande qu’il me rende beau, intelligent et populaire aux yeux de tout le monde. Tous ces sujets de prière sont-ils équivalents ? Pour lesquels dois-je m’attendre à être exaucé ?
La prière n’est pas un jeu de société dont il faut maîtriser les règles
Il n’y a pas de réponses mathématiques à ces questions : la prière ne ressemble pas à un jeu de société dont on doit bien connaître les règles, les subtilités et les stratégies pour obtenir la garantie de gagner. La prière s’inscrit dans le cadre d’une relation entre moi et Dieu, elle est vivante ; et c’est dans le cadre de cette relation que le Dieu souverain décide ou non de m’exaucer. Il y a cependant au moins quatre « conditions » à remplir pour prier de manière chrétienne, sans lesquelles nous ne pouvons guère nous attendre à être exaucés.
1. Prier avec foi
Premièrement, je dois prier avec foi : sans la foi, il est impossible d’être agréable à Dieu (Hébreux 11.6). Celui qui s’approche de Dieu sans croire qu’il est un Dieu puissant, bon et capable d’exaucer, le déshonore. Jacques confirme qu’un homme qui demanderait la sagesse à Dieu en étant plein de doutes, ne doit s’attendre à rien (Jacques 1.5-8). Ne paniquons pas : Jacques n’affirme pas que nous devrions avoir une foi totale pour être exaucés ; il dénonce plutôt ceux qui prient avec un cœur double et sans sincérité. Il ne parle pas d’abord d’une petite foi, mais de l’absence de foi.
Ainsi, l’enjeu n’est pas premièrement la taille de ma foi, mais l’objet de ma foi, à savoir Dieu, qui m’a aimé en Jésus-Christ en donnant sa vie pour moi, et qui me garantit alors qu’il accueille favorablement mes prières. Comme le souligne Charles Spurgeon, chaque goutte du sang de Jésus crie : « Père, écoute-le ! ». Puisque j’en suis convaincu, je prie avec foi. Il arrive que cette foi soit faible ou que je sois en proie à des luttes intérieures ; mais si je viens à Dieu dans ma faiblesse, lui exprimant mes doutes et mes luttes, ma prière l’honore. En même temps, il est bon que je ne me contente pas d’une petite foi et que je demande à Dieu, comme les disciples : « Seigneur, augmente-nous la foi ! »(Luc 17.5).
2. Prier selon la volonté révélée de Dieu
Deuxièmement, je dois prier selon la volonté révélée de Dieu. Dans le Nouveau Testament on trouve des promesses fortes, telles que celle-ci : « Voici l’assurance que nous avons auprès de lui : si nous demandons quelque chose selon sa volonté, il nous écoute. Et si nous savons qu’il nous écoute, quoi que ce soit que nous demandions, nous savons que nous possédons ce que nous lui avons demandé » (1 Jean 5.14-15). L’argument est fort : si je demande quelque chose selon la volonté de Dieu, je suis sûr d’être exaucé. Cela pose une question essentielle : quelle est la volonté de Dieu ?
Puiser à la banque du ciel
Dans la Bible, la notion de « volonté de Dieu » fait référence tantôt à sa volonté cachée (son plan), tantôt à sa volonté révélée dans la Bible. Il est probable (même s’il y a débat à ce sujet) que le texte d’1 Jean 5 fasse ici référence à cette volonté révélée, l’idée étant alors celle-ci : si je prie pour que Dieu me donne ce qu’il veut dans sa volonté révélée, je suis sûr d’être exaucé, puisque je suis forcément en accord avec sa personne et ses désirs. Si par exemple je prie pour que Dieu me rende moins irritable et impatient, je sais que cette prière est selon sa volonté. Et si j’en crois 1 Jean 5.14-15, je dois m’attendre à être exaucé. Par la prière, je vais puiser dans les trésors que Dieu met à ma disposition. Prier, c’est comme aller à la banque du ciel avec une procuration de Jésus-Christ et, dans l’exemple que nous venons de prendre, demander à recevoir la patience et la paix plutôt que l’impatience et l’irritabilité. Calvin écrivait que la prière est le moyen principal de recevoir tout ce que nous possédons en Christ.
Prier, c’est comme aller à la banque du ciel avec une procuration de Jésus-Christ. La prière est le moyen principal de recevoir tout ce que nous possédons en Christ.
Et quand l’exaucement ne vient pas ?
Pourquoi, alors, ne sommes-nous pas toujours exaucés, même pour ce genre de prières ? Nous avons prié pour être libérés de la peur du regard des autres, ou pour que Dieu nous aide à pardonner, ou pour qu’il brise notre orgueil… et l’exaucement ne vient pas. Il n’y a pas de réponse simple, mais notons quelques raisons possibles : Dieu nous laisse parfois transpirer un peu pour que nous en arrivions à désespérer de nous-mêmes et à prier avec un plus grand sentiment d’impuissance et donc beaucoup plus de ferveur ; il y a aussi une dimension de combat spirituel, le diable cherchant par tous les moyens à faire échec à nos prières ; il y a également le plan mystérieux et souverain de Dieu, qui n’a aucun compte à nous rendre.
Mais notre responsabilité est aussi engagée : nous sommes appelés à nous approprier les promesses de Dieu et à croire qu’il va nous donner ce à quoi il s’est engagé. Et puis, même s’il arrive que pour certains sujets Dieu nous accorde un exaucement immédiat et définitif, il arrive aussi que nous devions « retourner à la banque » chaque jour pendant des mois. Cette persévérance vient aiguiser notre patience et notre dépendance.
Même s’il arrive que pour certains sujets Dieu nous accorde un exaucement immédiat et définitif, il arrive aussi que nous devions « retourner à la banque » chaque jour pendant des mois.
3. Prier en obéissant à la volonté révélée de Dieu
Troisièmement, si j’entends être exaucé, je dois prier en obéissant à la volonté révélée de Dieu. Imaginez un jeune adulte rebelle, qui n’en fait qu’à sa tête et pourrit constamment la vie à ses parents. Un jour, il s’approche d’eux pour qu’ils lui prêtent leur voiture et lui donnent une grosse somme d’argent en vue d’un week-end où lui et ses copains vont faire la fête en toute démesure. Doit-il s’attendre à obtenir ce qu’il demande ? Bien sûr que non… Même si cette illustration est un peu caricaturale, il arrive que nous nous comportions ainsi avec Dieu : d’un côté, nous menons certains aspects de notre vie à notre guise, et de l’autre nous voulons qu’il exauce nos prières quand cela nous arrange. Mais pour nous répondre, Dieu s’attend à ce que nous marchions avec lui, dans l’obéissance à ses commandements et la crainte de son nom.
Dieu exauce-t-il les chrétiens qui n’en font qu’à leur tête ?
Jésus a fait une promesse remarquable sur la prière en Jean 15.7, mais cette promesse est assortie d’une condition : « Si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous, demandez tout ce que vous voudrez, et cela vous sera accordé ». Dieu souhaite entretenir une communion et une intimité avec lui, il veut que nous fassions de lui notre priorité. Nous pouvons alors avoir l’assurance de voir nos prières exaucées. Même si Dieu est plein de grâce et qu’il nous donne souvent ce que nous ne méritons pas, nous sommes appelés à réfléchir : pouvons-nous espérer des exaucements de prières si nous continuons à nous vautrer dans la pornographie, à entretenir une relation amoureuse avec un non-chrétien, à refuser d’accorder notre pardon à un proche qui nous a offensé, à montrer par nos choix de vie que nous sommes bien trop attachés à l’argent et aux loisirs ? Charles Spurgeon a écrit : « C’est seulement quand mon cœur est débarrassé de son égoïsme que Dieu me donne les clés du ciel et ouvre ses trésors célestes, et que, comme un prince j’ai la puissance de Dieu ». Et si tel est le cas, si je suis dans une dynamique de marche avec Christ, mes prières seront toujours plus alignées et conformes à la volonté révélée de Dieu ; je demanderai toujours plus ce que lui-même aurait demandé.
4. Prier en laissant Dieu conduire mes prières
Quatrièmement, je dois prier en laissant Dieu conduire mes prières. Ai-je le droit de prier pour ma guérison ? Pour trouver un conjoint ? Pour la conversion de mes enfants ? Nous sommes ici dans le cadre de la volonté cachée de Dieu… mais je peux néanmoins prier avec foi : et alors, ma foi n’est pas dans le vouloir de Dieu, mais dans son pouvoir. Je prie avec foi, non parce que je saurais que Dieu veut répondre, mais parce que je sais qu’il peut répondre. Jésus pose cette question aux deux aveugles de Matthieu 9.27-30 qui veulent être guéris : « Croyez-vous que je puisse faire cela ? ». Ils répondent par l’affirmative, et Christ les guérit, en ajoutant : « Qu’il vous soit fait selon votre foi ».
Quand Dieu met des « fardeaux » sur nos cœurs
Il est bon que nous soyons convaincus que la prière faite avec foi est capable de réaliser des choses impossibles, de déplacer des montagnes (Matthieu 21.21-22). Nous pouvons ainsi adresser à Dieu des prières pour tout ce que nous avons à cœur. Mais souvent, à force de prier, si nous demeurons en Christ et que ses paroles demeurent en nous, nos prières vont évoluer. Nos désirs seront purifiés et nos prières toujours plus orientées vers la recherche de la gloire de Dieu. Et même si Dieu ne m’aura pas toujours révélé de manière explicite quelle est sa volonté cachée, je comprendrai toujours plus ce qu’elle est pour moi dans l’un ou l’autre domaine.
Dans son livre Something must be known and felt, Stuart Olyott assure que Dieu peut faire le tri dans nos prières et mettre peu à peu dans notre cœur une forte conviction qu’il faut prier en priorité pour tel ou tel sujet ; c’est Dieu qui, par son Esprit, met un fardeau sur mon cœur et me donne le désir de prier avec intensité, persévérance et foi pour ce sujet. Quelle grâce et quel encouragement lorsque je peux constater que Dieu a utilisé ma prière pour accomplir son plan.
La vie de prière n’est pas quelque chose de mécanique ou d’automatique, mais elle se vit dans le cadre d’une relation avec Dieu, une relation caractérisée par la foi, l’intimité et l’obéissance. Dieu veut nous apprendre à prier, pour que notre vie de prière devienne ainsi toujours plus une aventure extraordinaire et une collaboration privilégiée avec le maître de l’univers.