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J’ai mentionné au début du chapitre 6 que ma mère est morte alors que je n’avais que neuf ans. Comme le veut la norme dans le système familial africain, sa sœur est venue nous chercher dans la maison de papa pour nous emmener, mes deux sœurs et moi, afin de nous élever avec ses autres enfants. Les autres sœurs de maman nous ont également aidés en nous prenant chez elles pendant les vacances scolaires. C’est ainsi que j’ai traversé mon adolescence. L’incident que je m’apprête à raconter s’est produit lors de ces vacances scolaires mémorables. Mes deux sœurs et moi étions chez l’une des sœurs cadettes de maman ; elle était mariée à un homme assez riche dans l’une des villes minières de Zambie. La maison se trouvait dans une zone spécifique où vivaient les cadres supérieurs de la société minière. Je jouais dehors un samedi après-midi, lorsque j’ai remarqué un homme arrivant à vélo ; il s’est mis à frapper à la porte. L’adolescent que j’étais a couru vers lui. Il m’a demandé si mon oncle était là. Je lui ai répondu que non. L’homme m’a remis une enveloppe en me sommant de dire à mon oncle qu’ils ne l’avaient pas vu à l’Église depuis très longtemps, mais qu’ils souhaitaient qu’il s’occupe du sujet abordé dans l’enveloppe dès que possible. En remontant sur son vélo, l’homme s’est retourné et m’a dit : « Si je ne le vois pas à l’Église demain, je passerai la semaine prochaine pour avoir une réponse. »

Je n’étais qu’un garçon. La curiosité a eu raison de moi. En emportant l’enveloppe à l’intérieur, je l’ai malicieusement ouverte pour voir ce qu’elle contenait. C’était un document portant le nom de mon oncle. Dessus y figurait la somme des montants qu’il devait à l’Église en matière de dîmes impayées et de promesses de dons (peut-être pour un projet de construction). J’étais encore jeune, mais je me souviens de m’être senti indigné, d’autant plus que mon oncle allait rarement à l’Église. Son mode de vie permettait de comprendre pourquoi il ne considérait pas l’Église comme une priorité. Pourtant, les gens de l’Église ne sont pas venus lui parler de l’état de son âme. Ils s’intéressaient uniquement à son argent. Je ne me souviens pas si j’étais déjà converti, mais si oui, je l’étais depuis peu. Je ne savais que très peu de choses sur l’enseignement de la Bible concernant la collecte de fonds d’une Église. J’ai pourtant compris que cette approche était tout à fait inappropriée. Au cours des quarante années qui se sont écoulées depuis cet incident, j’ai été témoin de nombreuses manœuvres inacceptables de la part des Églises visant à collecter des fonds. Il est donc justifié que, dans un livre sur l’Église, je consacre au moins un chapitre à répondre à la question : « Comment une Église devrait-elle lever des fonds ? »

Il ne fait aucun doute que chaque Église a besoin d’argent et que cet argent vient premièrement de ses propres membres. L’Église a besoin d’argent pour payer tous ceux qu’elle emploie, et en particulier ceux qui se consacrent à la tâche de pasteur du troupeau et à la prédication. Ces personnes ont souvent besoin de transport et d’hébergement, et l’Église doit y pourvoir. L’Église a aussi besoin d’argent pour entretenir ses bâtiments, payer ses factures et couvrir d’autres frais qui lui sont imposés par les municipalités et l’État. Les Églises qui ne possèdent pas leur propre bâtiment doivent payer un loyer pour leur local destiné aux réunions. L’Église a besoin d’argent pour financer ses diverses activités telles que le travail auprès des enfants, les camps de jeunes et de nombreux autres efforts d’évangélisation. Si l’Église a commencé à soutenir une œuvre missionnaire, c’est une dépense supplémentaire à prendre en compte. Dans le monde technologique d’aujourd’hui, l’Église a besoin d’argent pour acheter et entretenir des équipements tels que des systèmes de sonorisation, des équipements de musique, des ordinateurs et des imprimantes. L’Église s’occupe également de ses membres les plus vulnérables sur le plan économique, en particulier les orphelins et les veuves. Personne ne peut remettre en doute le fait que chaque Église a besoin d’argent. Plus l’Église est grande, plus elle a besoin d’argent pour soutenir ses activités. La question est donc la suivante : Comment l’Église peut-elle légitimement lever des fonds ?

La première difficulté pour répondre à cette question vient simplement du fait que le sujet de l’argent est toujours sensible. Nous travaillons toute notre vie pour en gagner et nous ne semblons jamais en avoir assez. Nous passons beaucoup de temps à essayer d’en obtenir davantage de nos employeurs ou de nos entreprises. Par conséquent, le donner n’importe comment suscite généralement de la réticence de notre part. Dès le moment où quelqu’un se met à parler de notre argent pour nous demander de nous en séparer, nous nous sentons menacés. Ses arguments ont intérêt à être très convaincants pour que nous acceptions de nous séparer de notre argent.

La plupart des enseignements bibliques touchant à l’argent concernent notre attitude envers l’argent

La deuxième difficulté pour répondre à cette question vient du fait que la Bible reste plutôt silencieuse sur le mode de collecte de fonds pour l’Église. Cela ne signifie pas que la Bible est muette sur les questions liées à l’argent. En fait, la plupart des enseignements bibliques touchant à l’argent concernent notre attitude envers l’argent, y compris le verset mondialement connu : « Car l’amour de l’argent est une racine de tous les maux » (1 Ti 6.10). C’est ce manque d’informations qui a amené de nombreux dirigeants d’Église à recourir à toute méthode susceptible de rapporter de l’argent. Miel ou vinaigre sont tour à tour utilisés pour soutirer de l’argent des poches des membres de leur Église. On vous dit alors que Dieu vous bénira abondamment si vous donnez votre argent à l’Église, ou qu’il vous punira sévèrement si vous ne le faites pas. Ces deux messages ont tendance à rapporter de l’argent. Or, ce n’est certainement pas ainsi que Dieu souhaite inspirer son peuple à être généreux pour sa cause. Il veut que notre don soit joyeux et sincère.

Maintenant que nous avons pris conscience à la fois de la sensibilité de ce sujet et du manque d’informations bibliques, examinons comment le Nouveau Testament nous guide dans trois moyens de recueillir les fonds indispensables pour l’Église et ses activités ici-bas.

Dans les prochaines semaines, nous aborderons :

  • La dîme
  • Les offrandes volontaires
  • La facturation des services
  • La nécessité de réformer
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