Luc 3:15-17, 21-22
Ce passage m’interpelle, et je vous le partage à toi, mon frère et ma soeur dans la foi, à toi mon collègue et compagnon d’oeuvre pasteur au service de l’Église de Christ.
Il y a des vérités que nous croyons connaître. Nous les avons entendues mille fois, nous les chantons dans nos hymnes, récitons dans nos confessions de foi. Mais un jour, elles reviennent nous frapper avec une force nouvelle, comme une lumière soudaine dans l’obscurité, comme un feu qu’on croyait éteint mais qui couvait sous la cendre.
Jean le Baptiste parle avec des mots tranchants. Il ne parle pas pour flatter ni pour séduire. Il annonce. Il avertit. Il pointe du doigt l’Inconnu qui vient, « plus puissant que moi », celui dont il n’est pas digne de délier les sandales. Et il dit quelque chose d’étonnant, quelque chose de radicalement différent de ce que les foules attendaient:« Moi, je vous baptise d’eau ; mais lui, il vous baptisera du Saint-Esprit et de feu. » (Luc 3.16) Que voulait-il dire? Ces mots, prononcés il y a plus de deux mille ans sur les rives du Jourdain, doivent encore aujourd’hui nous secouer, nous émerveiller, et surtout nous amener à agir?
1. Un Messie qui vient en puissance et en jugement (Luc 3.15-17)
Les foules attendaient un Messie. Mais un Messie selon leurs propres termes. Un roi puissant, un restaurateur d’Israël, un libérateur du joug romain. Ils s’imaginaient un guerrier à cheval, peut-être une figure de roi-soldat, tel David ou Judas Maccabée. Mais Jean les surprend: Celui qui vient est bien plus fort, bien plus grand que tout ce qu’ils avaient envisagé.
Ce qui doit nous frapper dans ses paroles, c’est cette opposition entre l’Esprit et le feu.
- L’Esprit Saint : Il vient donner la vie, comme dans Ézéchiel 36.26-27 où Dieu promet: « Je mettrai mon Esprit en vous, et je ferai que vous suiviez mes ordonnances. »
- Le feu : C’est un feu double. Il purifie ceux qui appartiennent à Dieu (Malachie 3.2-3), mais il brûlera aussi ceux qui le rejettent (Matthieu 13.41-42).
Et Jean insiste: le jugement approche. Celui qui vient « a la pelle à vanner en main », et il séparera le blé de la paille. Le blé sera amassé dans le grenier, mais la paille sera brûlée dans un feu qui ne s’éteint pas (Luc 3.17).
Nous aimons penser à Jésus comme au Bon Berger, au Sauveur tendre et compatissant. Et il l’est. Mais il est aussi le Juge. Il est celui qui sépare, celui qui fait le tri entre ceux qui lui appartiennent et ceux qui se sont détournés de lui.
Une Église émerveillée par l’évangile ne peut pas ignorer cela. Elle ne doit pas l’ignorer. Nous sommes souvent trop à l’aise, enclins à oublier l’urgence de notre mission. Mais si nous croyons en Christ, nous devons aussi croire à sa justice. Si nous chérissons son salut, nous devons aussi annoncer son jugement.
2. Un Christ humble, pourtant revêtu de l’Esprit (Luc 3.21-22)
Et puis, voici la scène la plus étrange et la plus merveilleuse. Celui dont Jean vient de dire qu’il est infiniment plus puissant s’avance… et il demande lui aussi à être baptisé.
À nouveau, tout est paradoxal. Celui qui n’a aucun péché s’identifie aux pécheurs. Celui qui jugera tous les hommes se soumet à un simple serviteur. Le Seigneur du ciel et de la terre descend dans l’eau du Jourdain comme n’importe quel homme.
À cet instant précis, un événement extraordinaire se produit:
« Le ciel s’ouvrit, et le Saint-Esprit descendit sur lui sous une forme corporelle, comme une colombe. » (Luc 3.21-22)
Pourquoi Jésus, qui est Dieu, reçoit-il l’Esprit-Saint ?
Parce qu’il s’apprête à marcher non seulement selon sa propre puissance divine, mais aussi par la puissance de l’Esprit, en tant qu’Homme parfait, notre modèle.
C’est ici une leçon essentielle pour nous. Si Jésus lui-même a marché par l’Esprit, combien plus devons-nous en dépendre?
Nous avons souvent tendance à penser que nous pouvons vivre la vie chrétienne avec nos propres forces. Nous pensons pouvoir nous organiser, structurer nos Églises, bâtir nos projets… et nous oublions que sans l’Esprit, tout cela n’est que bois, foin et chaume. (1 Corinthiens 3.12-13)
La force de l’Église ne vient pas de ses plans stratégiques, mais de son attachement profond à l’Esprit de Dieu.
3. L’Église émerveillée: Une marche par la puissance de l’Esprit
Que signifie être une Église émerveillée par l’évangile? Cela signifie marcher par la puissance de l’Esprit, et non par la chair (Galates 5.16).
Une Église émerveillée n’est pas une Église qui se contente de parler de l’évangile, mais une Église qui le vit, qui le respire, qui brûle dans ses os de cette passion de la bonne nouvelle.
Avons-nous perdu cette dépendance de l’Esprit?
- Marcher par l’Esprit signifie chercher sa direction au lieu de simplement agir selon nos plans.
- Marcher par l’Esprit signifie laisser Dieu nous sanctifier, nous transformer, nous purifier.
- Marcher par l’Esprit signifie être équipés pour la mission, non pas avec des discours vides, mais avec une puissance réelle (Actes 1.8).
Si nous voulons voir un réveil dans nos Églises, nous devons cesser d’agir comme si tout dépendait de nous et revenir à cette vérité simple: c’est l’Esprit qui donne la vie (Jean 6.63), nous mettre à genoux et prier pour que Dieu visite son Église.
4. L’urgence de proclamer: un appel à l’engagement
Si nous croyons ce que Jean dit de Jésus, alors nous ne pouvons rester passifs.
Jésus est venu baptiser dans l’Esprit et dans le feu. Nous avons reçu l’Esprit. Mais qu’en est-il du monde autour de nous ?
Le jugement approche. Le grain et la paille seront séparés. Cela doit nous pousser à annoncer l’Évangile avec urgence.
Nous ne sommes pas appelés à être des spectateurs, mais des porteurs de lumière. Nous avons un message de vie à proclamer.
Seigneur, enseigne-nous à marcher par ton Esprit
En conclusion, ce passage nous ramène à l’essentiel. Jésus baptise dans l’Esprit: il nous donne la vie, la puissance, la sanctification. Mais il baptise aussi dans le feu: il est le Juge qui vient.
Que nos Églises ne soient pas des Églises tièdes, satisfaites de la routine. Que nous soyons des hommes et des femmes émerveillés par Christ, passionnés de sa passion, brûlants de son Esprit, et remplis d’une urgence à annoncer son salut.
Mes frères pasteurs, c’est à genoux que nous sommes appelés à prier Dieu de nous visiter à nouveau.
Seigneur, enseigne-nous à marcher pleinement par ton Esprit. Car c’est seulement ainsi que nous serons une Église vivante, fidèle et émerveillée devant l’évangile de Jésus-Christ.