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Tout le monde a un boulet

Tout le monde sait ce que c’est que de traîner un boulet. C’est le genre de personne qui fait boulette sur boulette, qui te coûte en temps, en frustration et en capital bonté. On en a tous connu, dans notre travail, dans notre Église (eh oui !) ou même dans notre famille.

Le boulet d’Abraham

Abraham en avait un beau spécimen en la personne de son neveu. Il s’appelait Lot. Dieu avait demandé à Abraham de quitter sa patrie et sa famille pour s’établir dans une terre promise. Abraham a obéi … partiellement, puisqu’il a pris une partie de sa famille, son neveu, Lot avec lui. Il l’a certainement regretté plus d’une fois.

Ça commence quand Abraham et Lot doivent se séparer parce que leurs troupeaux se font concurrence. Abraham, bien que patriarche détenteur des promesses de Dieu, donne le premier choix à Lot. Celui-ci n’hésite pas à s’accorder la meilleure part, la terre la plus fertile. Il ne se soucie ni du respect qu’il doit à Abraham ni du fait que ce choix le situait dans le giron de Sodome, ville défavorablement connue pour l’immoralité de ses habitants (Ge 13.12,13).

Plus tard, Lot et sa famille sont menacés de destruction, avec toute la ville de Sodome. Abraham s’use les genoux et la salive dans la prière pour Lot, qui sera sauvé de justesse, avec ses deux filles, grâce aux prières de son oncle (Ge 18.15 à 19.29).

Enfin, tout se finit très mal pour Lot. Aux dernières nouvelles données par la Genèse, il termine sa vie dans une grotte, ivrogne et incestueux (Ge 19.30-38). Parlez d’un boulet !

La catastrophe de trop

Mais nous n’avons pas encore mentionné un autre épisode qui se passe en amont et qui nous intéresse particulièrement dans cet article. C’est la guerre ! Une coalition de quatre rois attaque Sodome et Gomorrhe. Ce ne sont pas des tendres. Leurs noms sont dignes d’un roman de Tolkien : Kedorlaomer, Tideal, Amraphel, Arjoc. Ils enchaînent les victoires, pillant tout sur leur passage, y compris notre ami malchanceux, Lot. Un rescapé vient annoncer la mauvaise nouvelle à Abraham.

Le choix cornélien

Que va-t-il faire ? Je ne vois que deux options. Ou Abraham se dit : « Encore lui ! Je n’en peux plus. Il n’avait qu’à ne pas s’implanter là-bas près de cette maudite ville de Sodome. Il m’a déjà assez coûté en temps, en argent et en énergie. Je ne peux pas risquer ma vie et la vie de mes 318 serviteurs dans une course folle de 160 km pour rattraper quatre rois et leurs armées pour tenter de sauver ce boulet. Cette fois-ci, il n’a qu’à se débrouiller ! »  Ou bien il se dit : « On ne calcule pas le prix d’une mission périlleuse quand il s’agit de sauver quelqu’un qu’on aime ». Je sais ce que j’aurais fait, personnellement. Mais Abraham part à sa recherche et le ramène avec tout le butin. (Ge 14.1-16)

L’admirable foi d’Abraham

Les récits et la foi d’Abraham sont inspirants pour nous. Il est présenté comme un exemple à imiter dans Galates, dans Romains et dans Hébreux, malgré les défaillances qu’on lui connaît. En lisant ce texte, je peux alors me demander : « Quelle est mon attitude vis-à-vis des boulets qui m’entourent ? » Comme Abraham, puis-je les aimer de manière inconditionnelle ? Puis-je leur pardonner les 70 fois 7 fois que Jésus exige ?

Mais j’aimerais vous suggérer une autre application encore plus importante que celle-ci.

C’est toi le boulet !

Je vois dans cette histoire un bel exemple de rédemption et donc une anticipation de la Rédemption finale opérée par Christ. La rédemption, c’est la libération d’un condamné.

Avec qui donc dois-je m’identifier dans cette histoire ? Dans la grande histoire de la rédemption, je ne suis pas le Rédempteur, mais le racheté, le boulet ! J’étais prisonnier de moi-même, de mes pensées amères et égoïstes, de mes péchés, mais aussi de Satan, de la mort et du jugement éternel. Je n’avais aucun moyen de m’en libérer.

Mais Christ est venu, ne comptant pas le prix, sacrifiant tout, jusqu’à sa vie, pour me sauver.

Avec qui donc dois-je m’identifier dans cette histoire ? Dans la grande histoire de la rédemption, je ne suis pas le Rédempteur, mais le racheté, le boulet !

Lisons donc l’histoire d’Abraham et de Lot en nous identifiant plutôt avec Lot. Considérons-nous comme les boulets que Dieu a aimés ! Il nous a sauvés sans qu’il y ait quoi que ce soit d’attirant ou de méritoire en nous. C’est un acte de pure grâce d’un Sauveur merveilleux.

L’autre application

Ayant bien intégré cela, on peut commencer à se dire qu’on peut, nous aussi, riches de cette grâce, aimer et servir les boulets autour de nous.

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