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1. Marc est facile à lire et destiné à être lu à haute voix.

Lorsque je vivais en Australie, mon Église a invité un acteur à venir jouer, en une seule séance, tout l’Évangile de Marc, mot pour mot, en utilisant uniquement les paroles directes de l’Évangile lui-même. Bien sûr, il a interprété les diverses scènes et donné des voix variées aux divers personnages. Mais il n’a ni ajouté ni soustrait un seul verset. Remarquable! Cet homme a démontré à notre Église que l’Évangile était plus court que prévu (cela n’a pris qu’environ trois heures) et qu’il a une qualité orale distincte. Les érudits ont également remarqué cette qualité; beaucoup pensent que Marc a écrit son Évangile pour qu’il soit lu à haute voix, voire joué. Marc est certainement destiné à être prêché!

2. Marc est le premier Évangile.

Des quatre Évangiles, Marc a été écrit en premier. Matthieu et Luc (p.ex.: «Plusieurs ont entrepris de composer un récit des événements qui se sont accomplis parmi nous», Luc 1.1) ont utilisé Marc comme l’une de leurs sources principales. Nous appelons Matthieu, Marc et Luc les Évangiles synoptiques parce qu’ils «voient» (optic) «ensemble» (syn-). Il est plus difficile de voir ce que Marc a d’unique, car un grand nombre de récits et de paroles dans Marc ont été utilisés ou adaptés dans les autres Évangiles.

3. Marc se concentre sur l’évangile de Jésus le Fils.

L’Évangile de Marc est le seul à utiliser le mot «évangile» dans le premier verset: «Voici le commencement de l’Évangile de Jésus-Christ, Fils de Dieu,» (Marc 1.1). Marc nous dit ici qu’il a de bonnes nouvelles à partager au sujet de Jésus, qu’il appelle à la fois le «Christ» et le «Fils de Dieu». Le titre «Christ» indique que Jésus est le roi promis issu de la lignée de David (2 Sam. 7.11-16).[1] Le titre «Fils de Dieu» indique que «Jésus est éternellement Fils du Père, partageant sa nature divine»[2] – son «Fils bien-aimé» (Marc 9.7; cf. Marc 1.11). Au cours de son livre, Marc utilisera deux autres expressions «Fils de…» pour désigner Jésus: «Fils de David» et «Fils de l’homme». D’un point de vue conceptuel, «Fils de David» correspond au titre de «Christ», et «Fils de l’homme» à celui de «Fils de Dieu». Jésus est le Fils de l’homme dans son humble condition humaine et dans son humiliation – son rejet et ses souffrances (Marc 8.31; Marc 10.45; Marc 14.21, 36); ce titre fait également allusion à la figure de «celui qui est semblable à un fils d’homme» dans Daniel 7.13-14. Jésus est le personnage exalté qui est adoré aux côtés de l’Ancien des jours. Dans Marc, Jésus, en tant que Fils de l’homme, fait ce que seul Dieu peut faire: il pardonne les péchés (Marc 2.10), gouverne le sabbat (Marc 2.28) et promet qu’il jugera le monde (Marc 8.38 ; Marc 13.26). Jésus-Christ est le Fils de David, le Fils de Dieu et le Fils de l’Homme.

4. Marc accentue le thème du secret.

Tout au long de Marc, Jésus ordonne le silence (souvent appelé le «secret messianique»). Plusieurs fois, après avoir chassé des démons, Jésus «ne permettait pas aux démons de parler, parce qu’ils le connaissaient» (Marc 1.34); c’est-à-dire qu’ils savaient qu’il était «le Saint de Dieu» (Marc 1.24), mais Jésus ne voulait pas que quelqu’un l’entende de leur bouche. Jésus a dit quelque chose de semblable à ses disciples («Et il leur recommanda sévèrement de n’en parler à personne.», Marc 8.30) après qu’ils eurent exprimé pour la première fois leur conviction qu’il était le Christ (Marc 8.29). Jésus voulait garder secrète sa véritable identité jusqu’à ce qu’il entre à Jérusalem pour sa dernière semaine. Ainsi, lorsque Jésus entre à Jérusalem sur un âne et que le peuple déclare que Jésus est celui «qui vient au nom du Seigneur» et crie: «Béni soit le royaume de David, notre père, qui vient!» (Marc 11.9-10), il est clair que Jésus est le premier à être reconnu comme le Christ. (Marc 11.9-10), il ne les fait pas taire. Ils disent cela parce qu’à ce moment-là, Jésus fait connaître publiquement son identité. Jusqu’à ce jour, il a demandé aux personnes qui ont perçu à juste titre son identité de se taire.[3] Mais maintenant, alors que Jésus entre dans la ville sainte, le secret est dévoilé! Maintenant, les gens peuvent apprendre qui il est et être témoins de la raison de sa venue.

5. Marc se dirige rapidement vers la croix.

Marc utilise un mot le plus souvent traduit par «aussitôt» (euthys) quarante et une fois. Il n’est utilisé que dix autres fois dans l’ensemble du Nouveau Testament. Il emploie ce mot pour attirer l’attention du lecteur («Hé, regarde ce qui se passe ensuite!») mais aussi pour faire avancer l’histoire à un rythme rapide. Il fait de même avec le mot «et», commençant de nombreuses phrases par «E» (trop pour les compter!) et même par l’expression «Et aussitôt» (quatorze fois). Il est intéressant et important de noter que la dernière fois que nous lisons l’expression «et aussitôt», c’est après les reniements de Pierre (Marc 14.72). Le verset suivant (Marc 15.1) commence le récit de la passion, où Marc ralentit intentionnellement pour que nous puissions réfléchir au sacrifice du Fils pour notre salut.

6. Marc relie le Christ crucifié à la cruciformité chrétienne.

Marc 10.45 est souvent considéré comme le verset clé du livre: «En effet, le Fils de l’homme est venu non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour beaucoup.» Comme nous l’avons souligné plus haut, la croix de Christ est clairement au centre des préoccupations de Marc. Après que Pierre a répondu à la question de Jésus «Mais qui dites-vous que je suis?» en confessant: «Tu es le Christ» (Marc 8.29), Jésus les renvoie à sa mission: «…qu’il fallait que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, par les chefs des prêtres et par les spécialistes de la loi, qu’il soit mis à mort et qu’il ressuscite trois jours après.» (Marc 8.31). Ensuite, après que Jésus enseigne qu’il doit être crucifié, il poursuit en enseignant que les chrétiens doivent être cruciformés. (Marc 8.34-9.1).

J’aime la façon dont Frederick Dale Bruner (réfléchissant sur ce texte) répond à la question «Qu’est-ce qui fait qu’un chrétien est un chrétien?» en disant qu’il y a deux qualifications:

  1. Confesser Jésus comme le Christ (christocentrisme)
  2. Suivre Jésus comme le Christ souffrant (Crucio-christocentrisme).[4]

Jésus a formulé le second point de la manière suivante: «Si quelqu’un [pas seulement le moine ou le martyr en puissance] veut venir à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge de sa croix et qu’il me suive» (Marc 8.34). Notez que le port de la croix est centré sur le renoncement à soi. Encore et encore, Marc nous oblige à nous demander: «Ai-je renoncé à mon amour-propre et à mon autonomie? Jésus est-il mon seul roi? Est-ce que je connais et suis ses commandements?

Dans Marc, Jésus, en tant que Fils de l’homme, fait ce que seul Dieu peut faire : il pardonne les péchés, régit le sabbat et promet qu’il jugera le monde.

7. Marc entremêle des histoires.

Marc utilise souvent une technique littéraire connue sous le nom de «sandwich» ou d’interpolation, dans laquelle il insère un récit entre deux autres sections du texte. Le but est d’inciter le public à interpréter le récit central (la «viande») dans le contexte de ce qui l’entoure (le «pain»). L’identification de cette structure récurrente est cruciale pour saisir l’objectif et le message des récits de Marc. Par exemple, le procès de Jésus est intercalé entre les actions de Pierre et, alors que Jésus tient tête aux chefs religieux juifs les plus puissants de Jérusalem (Marc 14.55-65), Pierre renie Jésus devant deux servantes (Marc 14.54, 66-72).[5]

8. Marc pose beaucoup de questions.

Marc présente plus d’une centaine de questions. Jésus pose des questions telles que: «Qui dites-vous que je suis?». Les douze posent des questions telles que: «Qui est donc celui-ci, pour que le vent et la mer lui obéissent? Les démons posent des questions telles que: «Es-tu venu pour nous détruire?» Et les autorités religieuses de l’époque posent à Jésus des questions telles que: «Est-il permis de payer des impôts à César, ou non?» Ces questions interpellent le lecteur, nous font réfléchir et mettent en valeur l’intelligence des réponses de Jésus!

9. Marc ne présente qu’un seul héros.

Lors de la dernière Cène, Jésus prédit que les douze tomberont après son arrestation: «Vous tomberez tous, car il est écrit: Je frapperai le berger, et les brebis seront dispersées.» (Marc 14.27). En effet, Judas le trahit, les onze s’enfuient et, bien que Pierre revienne et se tienne à l’écart du procès de Jésus, il renie Jésus à trois reprises au cours de son propre procès informel. En fait, la dernière réplique de Pierre dans Marc est: «Je ne connais pas cet homme dont tu parles» (Marc 14.71). Tout au long du récit de la passion, Marc offre un contraste saisissant. Nous sommes invités à comparer ce que font tous les humains déchus – que ce soit le grand prêtre ou le chef des apôtres – à ce que l’humain parfait – le Fils de Dieu, Jésus – fait pour eux. Là où nous avons échoué, Jésus réussit. Le grand Berger est frappé, abattu et affligé pour ses brebis. Jésus va au Calvaire pour expier pour les apôtres apostats, les spectateurs blasphémateurs, les voleurs moqueurs et même les soldats romains qui crachent leur haine et fouettent sa chair. Pierre est peut-être venu cette nuit-là pour essayer de sauver Jésus; il apprend rapidement ce que le lecteur devrait aussi apprendre: lui et nous avons tous besoin d’un Sauveur.

10. Marc offre une fin apparemment incomplète.

Contrairement aux autres évangiles, Marc raconte les événements qui ont suivi la crucifixion de Jésus en huit versets seulement. Ces versets comprennent la rencontre angélique des femmes au tombeau et l’annonce de l’ange («N’ayez pas peur. Vous cherchez Jésus de Nazareth, celui qui a été crucifié. Il est ressuscité, il n’est pas ici!» (Marc 16.6), mais ils ne relatent aucune apparition de résurrection. De plus, la dernière ligne peut nous sembler, à première vue, anti-climatique. Les trois femmes s’enfuient, effrayées, du tombeau: «Elles sortirent du tombeau et s’enfuirent, toutes tremblantes et bouleversées, et elles ne dirent rien à personne car elles étaient effrayées.» (Marc 16.8). Que devons-nous penser de cette fin abrupte, inattendue et apparemment incomplète? Je suppose que Marc avait trois raisons de terminer ainsi. La première est que la fin de Marc nous appelle à témoigner de Jésus. Dans ces derniers versets, Dieu nous appelle, même ces disciples qui sont «confus et incertains»[6], à dépasser la confusion et l’incertitude, ainsi que le doute et la peur, et à nous joindre à la marche de la victoire en levant haut la bannière de la victoire de Dieu sur la mort. Alors que nous sommes à la fin de l’histoire et que Marc arrête soudainement le récit, il nous laisse avec une décision à prendre. Mais cette décision devrait être suffisamment évidente. Allons-nous fermer le livre et «ne rien dire à personne» (Marc 16.8), ou allons-nous obéir au commandement angélique et «aller» et «le dire» à d’autres (Marc 16.7)? La fin de Marc n’est pas une fin incomplète mais une «fin ouverte» par laquelle il nous invite à «terminer l’histoire»[7].

Cet article a été initialement publié sur Crossway. La traduction est publiée ici avec permission.


1. Marc utilise ce titre huit fois. Par exemple, au centre structurel et à la charnière théologique de l'Évangile (Marc 8.27-29), Pierre répond à la question de Jésus «Qui dis-tu que je suis?» par «Tu es le Christ» (v. 29).
2. Hans F. Bayer, A Theology of Mark : The Dynamic between Christology and Authentic Discipleship, EBT (Phillipsburg, NJ : P&R, 2012), 51.
3. Marc 1.25, 34, 44; 3.11-12; 5.43; 7.36; 8.26, 30; 9.9.
4. Frederick Dale Bruner, Matthew: A Commentary, Volume 2: The Churchbook, Matthew 13-28, rev. ed. (Grand Rapids, MI : Eerdmans, 2007), 119, 138.
5. D'autres exemples incluent Marc 2.6-10 dans 2.1-12; 3.22-30 dans 3.20-35; 4.10-12 dans 4.3-20; 5.25-34 dans 5.21-43; 6.14-29 dans 6.7-31; 9.2-8 dans 9.1-13; 11.15-19 dans 11.12-14, 20-25; 14.3-9 dans 14.1-11.
6. Mark L. Strauss, Mark, ZECNT (Grand Rapids, MI : Zondervan, 2014), 724.
7. Elizabeth E. Shively, «Recognizing Penguins: Audience Expectation, Cognitive Genre Theory, and the Ending of Mark's Gospel», Catholic Biblical Quarterly 80 (2018): 273-92 (p. 276).
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