Cet article est extrait de « Le dessein de Dieu pour l’Église » dans lequel Conrad Mbewe qui, puisant dans trois décennies de travail pastoral en Zambie, vise à équiper les pasteurs et les responsables d’église avec des principes bibliques adaptés.
Parmi les dirigeants de l’Église, ce n’est pas l’esprit de service qui est le plus exhibé. Nous sommes bien plus souvent témoins de la mentalité de chef africain que j’ai mentionnée en début de chapitre. C’est ce qui est reproduit dans l’Église. Les pasteurs sont en grande partie responsables d’une telle attitude. La quête de reconnaissance et de titres en est symptomatique. À une époque, dans l’Église protestante, les pasteurs étaient simplement appelés « pasteur » ou « révérend » ou « évêque », selon l’étiquette confessionnelle. Aujourd’hui, bien des gens arborent les titres d’« apôtre » et de « prophète ». Je préfèrerais parfois qu’on s’en tienne à l’appellation de « frère » ou de « sœur » en Christ.
Néanmoins, il n’est pas tant question de changer ou de bannir les titres que d’arrêter cette tendance à considérer les dirigeants de l’Église comme des chefs de village ou de tribu. Dans certaines Églises, surtout en zones rurales, les fonctions de dirigeants sont contrôlées et occupées uniquement par la famille la plus puissante de la région. Ils décident qui doit diriger l’Église, et c’est souvent quelqu’un issu de leur propre famille. En général, c’est un descendant du pionnier de cette Église. Si cette personne a un lien de parenté avec le chef, c’est encore pire. Dans l’Afrique rurale, les Églises deviennent facilement le centre social de tout un village ; le chef de village finit alors par faire partie de la direction de l’Église, uniquement par respect pour sa position dans la communauté. Parfois, les gens intègrent la direction de l’Église en raison de leur richesse. C’est une façon de les garder dans l’Église. C’est aussi un moyen pour eux d’être reconnus pour leurs contributions financières. Dans tous ces cas, la qualité spirituelle de la personne n’est même pas prise en compte, ce qui est une erreur fatale. C’est d’ailleurs ce qui décime la spiritualité de l’Église.
Il existe aussi le phénomène d’anciens autoproclamés, chose totalement étrangère au Nouveau Testament. Comment cela se passe-t-il ? Des personnes mécontentes de ce qui se passe dans leur Église décident simplement de créer une nouvelle Église. Elles commencent à se rencontrer dans une maison ou une salle de classe. Après avoir rassemblé une petite foule, les hommes de tête se nomment anciens de cette Église. Une telle pratique n’existe pas dans le Nouveau Testament. Des personnes qui désirent instaurer une nouvelle Église devraient d’abord se placer sous une Église déjà établie, jusqu’à ce que les anciens de cette Église établie leur imposent les mains pour les désigner anciens. Nous ne pouvons pas simplement nous autoproclamer anciens.
Parfois, le pasteur nomme sa propre femme pasteur-associée. Là encore, il n’existe pas de précédent biblique pour justifier une telle pratique. C’est un phénomène totalement étranger à la Bible, devenu pourtant très courant dans les Églises en Afrique. Comme nous l’avons déjà affirmé, la direction de l’Église biblique est masculine. Nombre de dirigeants d’Église dans la Bible étaient mariés (comme l’apôtre Pierre), mais rien ne dit nulle part que leurs épouses sont également devenues dirigeantes de l’Église. L’épouse d’un pasteur n’est autre que l’épouse d’un pasteur. Elle est sa compagne de vie. Dans l’Église, le pasteur travaille avec une équipe d’anciens. Nous devons revenir à une direction biblique dans l’Église.
Il y a aussi un grand besoin de restaurer dans le leadership la notion de serviteurs dans l’Église. La vague actuelle de démagogues doit prendre fin. De grands orateurs manipulent les membres de l’Église pour qu’ils leur fassent don de leurs biens et de leur argent, alors qu’ils vivent comme des chefs. C’est un vice qui se répand de plus en plus, en particulier dans les Églises urbaines. Si des voleurs se rendaient sur le parking de l’Église un dimanche et dérobaient la voiture la plus luxueuse, il ne serait pas surprenant de découvrir que c’est celle du pasteur ! Si Judas Iscariote se trouvait parmi nous aujourd’hui, il n’aurait pas besoin de nous identifier au moyen d’un baiser. Il suffirait qu’il dise à ceux qui seraient envoyés pour arrêter le pasteur de choisir l’homme avec le costume et le parfum les plus onéreux. De toute évidence, ces pratiques sont inacceptables.
S’il existe un domaine de la vie de l’Église qui nécessite une vraie réforme, c’est bien la direction de l’Église. Trop de choses y sont inacceptables. Lorsque la tête est malade, le reste du corps ne peut pas aller bien. Notre pratique de la direction de l’Église doit être en accord avec la Bible, qui offre une multitude d’enseignements à ce sujet. Il n’y a donc aucune excuse : les mauvaises pratiques doivent cesser. Faisons en sorte que nos Églises soient dirigées par des anciens bibliquement qualifiés et dotés d’un cœur de serviteur. Ces derniers devraient être assistés par des diacres tout aussi qualifiés, à mesure que l’œuvre dans l’Église prend de l’ampleur. C’est ce qu’enseigne la Bible.