Mike Evans discute des défis et des opportunités liés à l’engagement des jeunes dans le ministère chrétien. Il souligne que moins de jeunes s’inscrivent dans les instituts bibliques et que les parents chrétiens peuvent parfois décourager cette vocation en ayant d’autres ambitions pour leurs enfants. Mike mentionne également les sacrifices financiers que le ministère peut impliquer, ainsi que l’importance de donner des responsabilités aux jeunes dans l’église pour les encourager à s’engager. Il aborde aussi le changement de perception de l’autorité et l’importance de comprendre l’évangile comme un changement de maître, passant de la soumission à Satan à la soumission à Dieu. Mike insiste sur la nécessité d’un bon accompagnement pour les jeunes dans leurs premières années de ministère et sur l’importance de la vocation et de l’appel de Dieu. Enfin, il encourage les jeunes en soulignant la satisfaction et la noblesse de s’investir dans les personnes, malgré les défis et les difficultés que cela peut représenter.
Transcription
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Bonjour Mike, c’est sympa de te revoir.
On voulait discuter un petit peu avec toi de la jeunesse, du ministère, de comment tu vois l’avenir.
Peut-être la première question, il semble que dans les instituts, dans les facs, on fait un constat, moins de gens rentrent, veulent étudier, veulent entrer dans le ministère.
Comment est-ce que tu vois ça toi de ton côté ?
Il n’y a pas une seule réponse simple à cette question.
Pour moi, il y a tout un phénomène dans l’enseignement, dans l’église, de démontrer le privilège d’utiliser finalement sa vie pour la cause de Christ.
Mais attention, tout le monde doit être au service de Christ, que ce soit dans son métier, sa profession, dans le contexte séculier.
Il ne faut pas non plus mettre le ministère dans l’église sur un pied de stade, dans le sens.
Par contre, on a eu tendance à dévaluer ce ministère et les parents chrétiens, pour moi, sont parfois fautifs.
Parce qu’ils ont d’autres ambitions pour leurs enfants qui les empêchent de voir la beauté de servir le Seigneur.
Ça c’est un essai ou quoi ?
Ça tourne.
Ça tourne, on coupera après, pas de soucis.
A part si tu es gêné.
Non, je croyais que c’était juste un essai pour leçon, je ne sais pas quoi.
Ah non, on converse et puis après on coupe, on montra, on fera des plans.
Non, c’est fait ailleurs.
Je pense qu’il y a un autre facteur qui joue, qui est important, et surtout dans le contexte actuel, c’est pour ceux qui même réfléchissent au ministère dans l’église en France.
Il y a des sacrifices à consentir sur le plan financier et cela est un réel problème.
Si on doit considérer que beaucoup de pastors sont rémunérés au SMIG, cela oblige, et nous l’avons vécu avec ma femme à un moment donné, à ce que l’épouse aussi travaille à côté.
Nous l’avons accepté volontairement.
Mais il vaut mieux être réaliste dès le départ en disant que c’est une possibilité, une probabilité, si vous voulez vous engager dans l’œuvre.
D’autre part, je crains qu’au moment où les jeunes sont les plus aptes, les plus ouverts à vouloir servir le Seigneur, on ne leur donne pas dans l’église des opportunités d’assumer des responsabilités.
Le privilège que j’ai eu à 17 ans, c’est que finalement on m’a jeté dedans.
Alors ça passe ou ça casse, je suis d’accord.
Mais en même temps, si tu vois quelqu’un avec un potentiel qui pourrait être utilisé dans l’église, ça vaut la peine de lui confier des responsabilités tout en étant comme un filet de sauvetage pour lui permettre de gérer ses erreurs, ses fautes.
Mais si tu ne confies pas à des jeunes des responsabilités avant qu’ils n’accèdent au mariage et à la carrière, la probabilité c’est qu’on les perd.
Est-ce qu’on pourrait avoir aussi des raisons comme un rapport à l’autorité qui a changé ?
On a moins d’autorité pour les anciens, pour les pasteurs, et on n’a peut-être pas trop envie de s’embarquer dans ce genre de ministère aussi ?
Ce n’est pas uniquement à ce niveau-là que ce problème existe.
C’est un problème depuis la création et la chute.
Un mauvais rapport avec l’autorité, ça touche toute la société.
Mais tu as raison, c’est exacerbé aujourd’hui, je dirais depuis les années 60.
Donc tout ce qui était autrefois respecté, que ce soit le maire, le pasteur, l’église, que ce soit l’État, tout est passé finalement à la trappe.
Mais là encore, je pense qu’un enseignement sain sur ce qu’est l’autorité et la beauté de l’autorité, tel que l’écriture la conçoit, où on peut démontrer que ça est une protection et en même temps un tremplin, je pense qu’on vit avec les caricatures erronées de l’autorité.
Qu’est-ce que tu dirais à un jeune qui se pose des questions aujourd’hui ?
Est-ce que ça vaut le coup dans un monde pareil de s’engager dans le ministère ?
Est-ce que finalement il ne vaut pas mieux choisir une voie sécurisée, témoigner dans sa vie personnelle ?
Je dirais de passer du temps, plonger son regard dans l’évangile et de comprendre finalement les contours du message de l’évangile, le prix payé pour son pardon.
Une partie de l’évangile qui est rarement transmise aujourd’hui, c’est que l’évangile implique un changement de propriétaire.
On parle toujours de passer des ténèbres à la lumière, du régime du péché finalement au régime de la grâce.
Mais finalement on passe d’une soumission à Satan à une soumission à Dieu.
La conversion c’est un changement de maître et cela n’est pas assez accentué dans mon sens.
Je crois que ça aiderait beaucoup.
Ta vie ne t’appartient pas.
Tu n’es plus à toi-même, tu appartiens à l’autre.
Et si tu n’as pas compris ça, il y a une sérieuse remise en question à envisager.
Si on n’a pas compris l’appel au sens large, il est compliqué de le comprendre au sens particulier, c’est sûr.
Et peut-être encore plus aujourd’hui, on a presque complètement renié l’aspect de l’appel particulier.
On fait les choses par son propre choix finalement.
Je veux faire ça, le métier de pasteur me plairait.
On perd la vocation, on perd l’appel de Dieu.
Comment on peut insuffler ça dans une église ?
Comment on peut encourager l’église entière à aspirer à ce que nos enfants s’engagent dans le ministère, dans la mission ?
Je pense qu’à l’un de ces passages de l’Écriture, où effectivement, lorsque Paul a fondé les églises en Galatie, pendant à peu près 18 mois, et au retour dans les églises, il a nommé les anciens.
Je pense que l’église doit être, à mon sens, beaucoup plus proactive dans le discernement des compétences, et même dans la manière de challenger, de défier les jeunes, et de les encourager en disant « tu as les compétences, tu as les dons ».
Que cela repose uniquement sur les épaules du jeune, de dire « ah mais moi je veux faire un institut biblique, je veux me former », à mon sens, c’est parfois renverser la vague.
Il faut que l’église soit beaucoup plus engagée dans le processus.
Un des autres aspects qu’on voit aussi, c’est que non seulement il y a moins de jeunes qui débutent, mais aussi que ceux qui débutent vont souvent moins loin.
On a peut-être plus rentré dans cet esprit de carrière un peu morcelée, « je vais faire 5 ans, je ferai autre chose, etc. »
Et on a encore une fois un peu perdu la vocation, alors qu’il me semble qu’avec mon petit recul, c’est au bout de 10 ans qu’on commence à ne pas être trop négatif, trop néfaste pour l’église, je dirais.
Et finalement c’est là où il part.
Il y a plusieurs manières d’aborder cette question.
Pour moi, l’une des manières, c’est qu’il faut vivre avec son temps.
Comme nous l’avons dit dans l’atelier avec Henri Bauchet, on vit à une époque où les personnes s’engagent pendant 2 ans, c’est pour une tâche.
Mieux vaut ça que pas du tout.
Et souvent ces mini-engagements…
Peuvent être de tremplin.
Et deviennent tremplin tout de suite.
Je pense qu’il y a autre chose…
La notion de carrière est différente chez les jeunes que chez les élèves.
Autrefois, quelqu’un restait avec la même entreprise, la même boîte, jusqu’à la retraite, elle la montre en or.
Aujourd’hui, on est beaucoup plus attiré par les tâches.
Il faut vivre avec et il faut espérer que ça puisse produire autre chose.
On a des fois l’impression qu’on a un pastora de projet.
Je viens ici dans le projet de faire quelque chose avec cette église et ensuite éventuellement je passerai à autre chose.
Il y a pour moi autre chose.
C’est déjà au niveau de la formation.
Le simple fait de s’engager dans une formation avec un bon contenu académique, mais en même temps un accompagnement dans les débuts du ministère, est extrêmement important.
Parce que si le jeune n’est pas bien accompagné dans les premières années, pas les premiers mois, dans les premières années, le risque est beaucoup plus grand que finalement après un temps, il va tout abandonner.
On a fait des études à l’époque pour prouver que ceux qui n’étaient pas bien accompagnés, de 50 à 75% des jeunes, abandonnaient le ministère au terme de leur premier poste ou pendant.
Alors c’est important.
Et le plus souvent c’est un manque d’accompagnement.
On les parachute, on les largue dans un travail et l’écart entre la salle de classe et le travail est énorme.
Et ils sont perdus.
Donc je pense qu’il y a toute une réflexion à la manière dont nous formons et introduisons les jeunes dans le ministère.
Et puis souvent en plus ces gens-là remplaçaient des gens qui étaient en place depuis longtemps, qui connaissaient tous les mécanismes de l’Église, toutes les subtilités, les personnes et avaient la même exigence avec le nouveau qui débarque et qui ne connaît rien.
Donc c’est une première expérience pour un jeune qui entre comme pasteur dans une Église avec son histoire déjà établie.
S’il réussit les cinq premières années, je pense que la carrière est bonne.
Très bien.
D’autres encouragements que tu voudrais laisser aux jeunes ?
Pour moi, je dirais au terme d’une carrière, il n’y a pas de cause plus noble, plus difficile, mais plus stimulante et satisfaisante que de s’investir dans les personnes.
Parfois l’Église est agaçante, elle est pénible, elle est difficile.
Travailler avec les humains, c’est tellement plus facile de travailler avec un ordinateur.
Qui ne se rebelle pas.
Personne ne réagit.
Mais travailler avec les humains veut dire que tu vas au-devant de situations compliquées, conflictuelles, pénibles, où tu te sens démuni, dépassé par les événements.
Mais de voir les personnes petit à petit s’ouvrir à la parole, accepter des changements de comportement, il n’y a rien de plus satisfaisant.
Ça ressemble à des parents qui éduquent leurs enfants.
Il y a des années difficiles, des années de l’adolescence, mais quand tu vois tes enfants qui finalement arrivent eux-mêmes au mariage, qui ont à leur tour des enfants se retourner vers toi après pour te dire « Oh, je comprends maintenant pourquoi tu as fait ça ».
Alors je dis ça, c’est un petit peu le processus dans le ministère.
Mais il faut patienter pendant de longues années, accepter des petits changements pour qu’en fin de compte les personnes parfois te le disent, parfois ne te le disent pas.
Pour qu’on comprenne.
Très bien, merci pour cet encouragement final.
Et puis à très bientôt !
À bientôt !
D’origine britannique, Mike Evans a passé plus de 50 ans en France. À tour de rôle, il était directeur d’Opération Mobilisation France (1967 à 1987), secrétaire général de la campagne d’évangélisation, Mission France avec Billy Graham en 1986, professeur à l’Institut Biblique de Nogent-sur-Marne et jusqu’à sa retraite en 2009, directeur de l’Institut Biblique de Genève. Marié avec Sylvia, une suissesse, ils ont 5 enfants, tous mariés et ils sont les heureux grands-parents de 18 petits enfants ! Titulaire d’un doctorat (Ph.D) sur la structure littéraire des Juges, Mike a d’abord fait des études en informatique et en management avant d’entamer ses études en théologie. Il a présidé au développement d’Évangile 21 en francophonie.
Jean-Jacques Riou est directeur des sites Évangile 21 et La Rébellution. Il sert en tant que pasteur à l’Eglise de l’Action Biblique à Étupes. Il est marié à Aude et père de deux garçons.