Croitre en Christ
Editions Excelcis
Auteur : Paul Wells
Collection : Sel et lumière
192 Pages
Transcription
Transcription automatique, merci de vous référer à l’original avant toute citation
Bonjour, pouvez-vous vous présenter ?
J’ai donc enseigné la théologie à Aix-en-Provence pendant toute ma vie professionnelle, une quarantaine d’années, et jusqu’à ma retraite.
Depuis ma retraite, je suis resté actif en écrivant, en publiant des articles, en assistant à des conférences, etc. Et ça m’a permis aussi d’avoir une nouvelle vision du monde avec des contacts au Brésil, ou en Indonésie, en Corée, peu au-delà des frontières habituelles.
Donc, essentiellement, je suis intéressé par l’enseignement théologique et par l’approfondissement théologique.
J’habite maintenant en Grande-Bretagne, et j’ai quitté la France parce que j’ai trois enfants, et aucun de mes enfants n’habite en France à l’heure actuelle.
Ils sont un peu éparpillés à droite et à gauche.
Et donc, nous sommes ici en Grande-Bretagne.
Pourquoi avoir écrit l’ouvrage « Croitre en Christ » ?
Il y a plusieurs raisons à cela.
Juste un petit détail, ce livre est sorti en anglais et en français en même temps.
Donc, j’ai travaillé les deux en même temps.
Et j’ai écrit ce livre parce que je venais de terminer un livre de théologie systématique publié par Excelsis sur la grâce de Dieu.
Et là, je voulais écrire un livre peut-être un peu plus pratique, un peu plus simple.
Mais ce n’est pas pour cette raison que j’ai écrit ce livre.
Il y a en effet, je pense, trois raisons.
Vous voyez, je suis arrivé à un certain âge, et on peut dire que c’est le moment des bilans.
Et donc, je me suis posé la question depuis quelques années, quelle a été ma croissance dans la foi en Jésus-Christ ?
Comment est-ce que je peux évaluer cette croissance ?
Est-ce que j’en suis certain ?
Est-ce qu’il y a des raisons visibles qui peuvent me donner une assurance que j’ai fait de mon mieux et que je n’ai pas stagné ?
Donc, il y a sans doute derrière ce livre une préoccupation personnelle, une sorte de bilan de comment j’ai agi, comment j’ai profité de ma foi pendant ma vie.
Ça, c’est une première raison.
Il y a une deuxième raison qui est collatérale.
C’est qu’en discutant avec des gens, tant dans les églises en France qu’en Angleterre, très souvent j’ai rencontré cette question de personnes avec qui j’ai discuté.
Est-ce que je grandis en Christ ?
Très souvent, des gens ont senti qu’ils sont toujours au même niveau, qu’ils font du surplace.
Et donc, comment répondre à ces gens ?
Que leur dire sur la croissance chrétienne ?
Et donc, j’ai essayé d’écrire un livre en indiquant cinq étapes de la croissance qui permettent d’évaluer en quelque sorte si nous avons une mentalité vis-à-vis de la foi qui permet la croissance.
Et puis, il y a aussi, je pense, une troisième raison.
Et cette raison, c’est que dans les églises évangéliques et autres, on peut trouver beaucoup d’enseignements sur la conversion, mais il n’y a pas vraiment beaucoup d’enseignements sur la croissance.
Pourtant, dans l’Écriture, cela revient constamment.
Par exemple, l’une des exhortations de l’aôtre Paul est « mettez tous vos efforts avec craintes et tremblements pour rendre votre élection certaine ».
Et donc, c’est une préoccupation fondamentale de la vie chrétienne.
Ce travail qui est une attitude constante, qui est à profiter de plus en plus de Jésus-Christ et de la grâce que nous avons reçue en lui.
Beaucoup de gens, je pense, restent avec un discours de la foi seule, mais ne voient pas que la foi est quelque chose qui exprime une gratitude exponentielle, une gratitude qui croît et qui se développe et qui devient de plus en plus profonde.
Très souvent dans les églises, je trouve que la croissance est mesurée d’une mauvaise façon aussi, très souvent par des expériences ou par des sauts en avant, ou par des bénédictions particulières.
Vous voyez, quand j’étais jeune, on parlait beaucoup de la deuxième bénédiction.
Et même il y a des prédicateurs célèbres comme Martin Lloyd-Jones qui parlaient des expériences après la conversion qui venaient approfondir cette expérience.
Et donc j’ai cherché un moyen biblique, avant tout biblique, pour décrire ce que c’est que cette croissance.
Et j’ai trouvé dans mes lectures, dans ma réflexion, que dans le protestantisme évangélique en particulier et peut-être à cause de l’influence de la théologie systématique avec la notion de l’ordre du salut, vous voyez, la justification, la sanctification, la persévérance et la glorification, en pensant à ces catégories, on oublie les catégories bibliques qui parlent de la croissance, qui sont d’un tout autre ordre que les catégories de la théologie systématique.
Elles parlent de la croissance de façon très pratique, dans un milieu culturel agricole, que nous pouvons d’ailleurs toujours comprendre.
Et donc quand la Bible parle de la croissance, la Bible parle de l’enracinement, parle du fait de prendre de l’allure et se développer et produire finalement du fruit.
Et la différence là, c’est que quand on pense à la croissance d’un arbre, on pense beaucoup à ce qui se passe dans le temps, et sur une longue période de temps.
Et c’est pour cette raison aussi que dans ce livre j’ai utilisé pas mal de descriptions du midi de la France, vous voyez les cérisiers, on voit les fleurs, pas encore, et puis les fleurs des amandilles, cette avance-là, après il y a plus tard les cérisiers, et puis le fruit de ces cérises paraît au milieu du mois de juin, le temps des cérises et tout ça.
Vous voyez, c’est une période qu’on peut discerner, et je pense que dans la vie, il y a des périodes de croissance qui impliquent la durée et non pas l’instantané.
En réalité, la croissance dans la Bible dépend avant tout dans le Nouveau Testament, de notre union avec Jésus-Christ.
Et donc, la croissance est en Jésus-Christ.
Nous sommes implantés en lui, par une semence, et cette semence prend racine.
Les racines sont très importantes.
Le parable du semestre nous parle des semences sans racines.
Alors, nous recevons la semence de Jésus-Christ par la parole, mais après, il faut que cette semence s’enracine en lui.
Et après la semence, il y a la participation en Christ.
Nous sommes nourris par Jésus-Christ.
« Je suis le vrai vigne, dit Jésus, demeurez en moi et moi je demeurerai en vous, et ainsi vous produirez beaucoup de fruits.
» Jésus parle aux disciples, il est en train de leur dire « demeurez ensemble en moi », c’est-à-dire dans le contexte de l’Église, dans le contexte de la communauté chrétienne, en demeurant ensemble en Jésus-Christ par la parole, par l’encouragement mutuel, nous stimulons les autres à produire des fruits.
Mais tout cela, c’est la participation en Jésus-Christ.
Christ, sa vie, est en nous, et nous sommes en Christ.
Et donc, nous parlons de la croissance chrétienne, mais en réalité, c’est par l’œuvre du Saint-Esprit que la sève de Jésus-Christ court en nous, et notre croissance ne vient pas de nos efforts, de nos mérites, voire même pas de nos bonheurs.
Notre croissance vient de notre dépendance à Christ, et de notre réception et de notre vie par le Saint-Esprit de Jésus-Christ.
Et quand on parle des fruits de l’Esprit, c’est le fruit de l’Esprit qui est produit en nous, tant que nous demeurons en Christ et en son enseignement.
Et donc, pour moi, tout cela n’est pas un automatisme, c’est une dépendance personnelle et une communion avec Jésus-Christ lui-même.
Et c’est notre relation personnelle, toujours approfondie, avec Jésus-Christ, c’est cela qui nous permet d’envisager la croissance et de persévérer contre vents et marées.
Voilà, c’est comme cela que j’envisage un peu les choses.
Alors tout cela vient d’images bibliques, dans le jardin des dents, il y a les fruits, que nous pouvons, les premiers humains pouvaient bénéficier.
Il y a aussi l’arbre de vie.
Dans la première somme, je pense que l’arbre qui est près des eaux, c’est Jésus-Christ lui-même.
C’est une image de Jésus-Christ et cette envie que nous produirons du fruit.
Et lui, dans l’Apocalypse, nous voyons, il y a l’arbre de vie dans les feuilles guériront les nations.
Et donc, même au-delà, notre vie sera toujours en Jésus-Christ et tout cela est une constante dans la Bible, je pense.
Mais ce qui me décourage, très honnêtement, c’est que dans nos milieux, et je ne juge personne, c’est quelque chose que je constate, c’est qu’on parle beaucoup de disciplin, mais on ne sait pas vraiment comment faire pour discipliner les gens.
Oui, on est converti et puis après, venir à quelques études bibliques toutes les semaines, assister au culte, etc.
Mais la pratique de former les gens, de les discipliner pour qu’ils grandissent en Jésus-Christ, je pense que nous n’avons pas énormément réfléchi à cela.
Et c’est cela que j’espère pouvoir stimuler chez certaines personnes.
Le fruit que nous portons, c’est le fruit de l’Esprit de Jésus-Christ qui se multiplie dans notre vie.
Et il me semble que le fruit de l’Esprit est singulier et le fruit de l’Esprit a des aspects différents.
C’est l’amour, la joie, la bienveillance, la patience, tout cela c’est le fruit de l’Esprit dans le singulier.
Alors, vous voyez, il y a une idée dans mon livre qui est un peu particulière, c’est que le fruit que nous portons ici n’est que les prémices, c’est l’image biblique, les prémices du fruit que nous porterons dans l’éternité.
Et nous avons parlé des cerises, on peut parler des olives, vous voyez, si vous cueillez les olives ou les cerises avant que ces fruits soient morts, c’est immangeable.
Et donc, ce fruit qui mûrit, mûrit pendant cette vie, mais le vrai fruit que nous porterons sera porté dans l’éternité, dans la vie qui nous attend dans l’au-delà.
Et nous sommes en train de nous préparer pour l’éternité.
Ce fruit, c’est la préparation pour l’éternité.
Alors, nous savons par l’évangile de Jean et par les autres écrits du Nouveau Testament que la vie éternelle commence maintenant.
Et nous commençons tout doucement à mûrir pour porter des fruits.
Et je pense que la vie éternelle, ce n’est pas dans l’éther céleste invisible, je pense que l’éternel, ce sera la nouvelle création.
Et dans la nouvelle création, nous arriverons à la stature complète en Jésus-Christ, qui, dans notre corps ressuscité, complétera ce que nous avons commencé ici.
Et donc, je ne le dis pas dans le livre, mais on peut réfléchir à cela aussi.
Même les choses que nous faisons qui ne sont pas, soit disant, spirituelles, par exemple les projets culturels, même cela, quand c’est beau, quand c’est bien, cela est un fruit qui sera porté jusqu’à l’éternité.
Donc, ce que nous perdrons, ce sont nos ténèbres, ce sont nos péchés, c’est la mort.
Et tout ce que nous pouvons faire ici pour dire que nous sommes dans la création de Dieu, sera, je ne sais pas, mystérieusement, de façon transcendantale, que nous ne pouvons pas imaginer, reproduit au niveau de l’éternité, dans la nouvelle création, qui sera un monde nouveau, avec Jésus-Christ au centre.
C’est l’enseignement de l’apôtre Paul.
Quand j’étais enfant, je pensais comme un enfant, mais devenu adulte, j’ai regardé les choses autrement.
Et le Nouveau Testament a d’autres idées aussi.
Ceux qui sont bébés mangent du lait, boivent du lait, alors que pour les gens mûrs, c’est un bon steak frites, c’est la viande.
Je pense que le contraste est entre le lait et la nourriture solide.
Si vous êtes végétarien, cela m’est égal, mais vous avez besoin non pas de lait d’amande, mais de la nourriture solide.
Donc, c’est là le contraste entre ce qu’on peut imbiber étant petit enfant et ce qu’on peut digérer quand on devient mûr.
Et alors, là, je pense que l’image est concordante avec ce que je dis.
Nous sommes appelés à croître dans la grâce et dans la connaissance de Jésus-Christ.
Alors, j’insiste beaucoup sur le fait que nous grandissons et nous mûrissons en mieux connaissant Jésus-Christ.
Et cela veut dire une connaissance pratique de la parole de Dieu et un approfondissement de la parole de Dieu, de ses enseignements.
Et donc, une chose que je cherche à faire dans mon livre, c’est de montrer comment, en peu de différentes façons, utiliser l’enseignement greek pour compléter notre connaissance, pour approfondir notre connaissance de Jésus-Christ.
Et ce n’est pas de la théologie, mais c’est de l’enseignement.
Ce n’est pas du dogme, mais c’est la doctrine.
Et c’est la sainte doctrine, comme dit l’apôtre Paul à Timothée.
Garder la sainte doctrine.
Et donc, en tant que chrétien, notre première façon de grandir, c’est de se plonger dans l’eau vive et d’assimiler cet enseignement de la Bible de plus en plus.
Et ainsi, je pense que cela fait que nous voyons le Seigneur de façon différente, nous nous voyons nous-mêmes de façon différente et on voit le monde autour de nous de façon différente.
Et ce qui est capital pour moi, c’est que par l’Esprit de Dieu, Jésus-Christ se modèle en nous.
Jésus est notre modèle et nous sommes transformés à son image par son enseignement.
Et ainsi, nous l’aimons de plus en plus et nous aimons ce qu’il nous enseigne, parce que tout le Nouveau Testament, c’est l’enseignement que Christ nous a laissé à travers ses messagers.
Et donc, c’est en cela que nous sommes enracinés de plus en plus profondément.
Voilà.
Vivre la vieillesse est quelque chose qui est une expérience nouvelle pour nous tous.
Et je sais que des Lumières comme Jean-Jacques Rousseau ont dit, voilà, l’appel de la jeunesse, c’est d’apprendre à vivre, l’appel de la vieillesse, c’est d’apprendre à mourir.
Mais je suis très conscient que cela devient de plus en plus proche.
Et donc, pour les personnes âgées autour de vous, un très bon sujet de prière pour vos parents aussi, si vous avez des parents qui deviennent un peu plus âgés, qui demandent un peu plus de patience qu’auparavant, un peu plus d’amour, un peu plus de soutien, encouragez-les à bien terminer la course.
Et c’est ça.
James Parker a écrit un livre à ce sujet, sur la vieillesse, bien terminer la course, et je pense que c’est ce que nous voudrions faire.
Et c’est ma prière pour les personnes âgées autour de moi, que nous ayons non pas l’amitié d’être vieux dans ces jours, mais que nous avancions dans la joie, que nous serons bientôt avec le Seigneur, et que nous vivions bien cette dernière étape pour Sa gloire, comme tout le reste de la vie, comme on a cherché à le faire, qu’on continue à être consistant avec soi-même.
Matt Moury est diplômé de la Faculté Libre de Théologie Évangélique de Vaux-sur-Seine. Il a oeuvré pour une organisation étudiante missionnaire, Friends International, en Angleterre. Missionnaire soutenu par une Église anglicane évangélique, Christ Church Cambridge, il est pasteur de l’Église protestante baptiste d’Argenteuil.
Paul Wells est professeur émérite à la Faculté Jean Calvin d’Aix-en-Provence.