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En cette saison de la Pentecôte, nous fêtons la célébration merveilleuse du commencement de l’Église par le don de la puissance qui rend cette réalité possible, le Saint-Esprit.

Ce n’est pas que la 3e personne de la Trinité ait fait la sieste avant.

Le Saint-Esprit a toujours été actif. Il apparaît déjà au 2e verset de la Bible, où il participe à la création de l’univers. Son souffle est celui qui donne la vie (Gen 2.7 ; Ps 104.29-30). Il est celui qui touche la conscience de l’humanité et avertit du péché les cœurs contestataires (Gen 6.3). Il équipe les saints pour le service, insuffle la révélation aux prophètes (2 Sm 23.1 ; Ez 2.2 ; 2 Pi 2.20-21). Il est celui qui conduit à la droiture et la sainteté (Ps 143.10 ; Ez 36.27).

L’œuvre du Saint-Esprit reste la même au fil des siècles : il est l’agent qui rend possible à l’homme d’accomplir la volonté de Dieu. C’est lui qui nous rend capables de vivre la réalité de l’Église et qui permet à l’Église de remplir sa mission : il est le lien qui relie les chrétiens, la force qui nous propulse, la puissance pour accomplir le mandat missionnaire, le soutien qui nous fait porter du fruit spirituel.

Comme la course du vent, son œuvre est mystérieuse et subjective, touchant chacun avec les mêmes vérités mais à des moments différents, des degrés différents, des sensibilités différentes, des dons variés. Cependant, tout ceci reste aligné sur le même but, et nous ne pouvons pas attribuer tout et n’importe quoi au Saint-Esprit comme cela peut être fait.

Surtout, nous devons faire attention à ce que notre vision du rôle du Saint-Esprit ne nous fasse pas agir à l’inverse de ce qu’il accomplit vraiment, et à l’utiliser comme excuse.

Comme excuse pour s’éloigner de l’Église locale

L’œuvre du Saint-Esprit est personnelle mais aussi collective. Son œuvre est de nous rapprocher les uns des autres, les membres différents du même corps de Christ, pour vivre la réalité de « l’Église qui est son corps, la plénitude de celui qui remplit tout en tous. » (Ep 1.23). Il est intéressant que dans ce verset, Paul décrit la plénitude de Christ comme la réalité de l’Église et non pas notre relation personnelle avec lui. Sans l’Église notre spiritualité est incomplète. Paul nous rappelle en effet que notre héritage glorieux est « au milieu des saints » (Ep 1.18).

Malheureusement, on associe souvent l’écoute du Saint-Esprit à une expérience individualiste, gratifiante et agréable, mais qui peut être ruinée par les autres chrétiens « immatures » qui nous feraient ralentir dans notre parcours. Et alors que le rôle de l’Esprit est justement de nous unir les uns aux autres, on l’utilise comme excuse pour développer une indépendance spirituelle et s’éloigner de l’Église locale.

Comme excuse pour s’enorgueillir

Les expériences spirituelles, même si elles sont souvent subjectives, font partie de notre parcours et de notre témoignage. Souvent leur impact est très profond. Cependant, nous voyons souvent dans l’Église des comparaisons d’expériences qui créent des divisions de « degrés » non bibliques entre les chrétiens. Une personne m’a récemment dit que je serai toujours un « sous-pasteur » parce que je n’avais pas connu telle expérience. C’est triste d’oser dire ce genre de choses.

Dans la lettre aux Galates, Paul met en contraste le fruit de l’Esprit et l’œuvre de la chair, dont les rivalités, les divisions et l’envie (Gal 5.20-23). Utiliser des expériences spirituelles pour se comparer les uns aux autres et se juger est profondément charnel. Au contraire, l’humilité nous pousse à traiter notre prochain avec patience, amour, foi et douceur.

Comme excuse pour agir selon ses sentiments

La conviction du Saint-Esprit est très personnelle, et très souvent cette conviction touche nos émotions. Cependant, il faut faire attention à ne pas faire de raccourci en attribuant trop vite toute émotion à l’œuvre de l’Esprit. D’autant que nos émotions peuvent être immatures, égarées, voire aveugles, et être liées à plus de variables et d’influences que nous le réalisons.

C’est toujours bien de se rappeler que le Saint-Esprit travaille sur la base des Écritures et dans le but d’équiper l’Église à remplir sa mission. Ainsi nous sommes équipés de deux garde-fous face aux mauvaises interprétations de nos convictions personnelles : la sagesse de la Parole de Dieu et la sagesse du grand nombre de conseillers de l’Église locale. À défaut, nous risquons de nous tourner vers un évangile du sentimentalisme qui n’a ni direction concrète ni fruit cohérent.

Comme excuse pour agir avec impulsivité

Très souvent nous associons l’œuvre de l’Esprit à l’impulsivité, l’improvisation du moment, les décisions radicales faites en urgence. Le modèle biblique de ce genre de comportement est plutôt limité. Même s’il est vrai que Paul a changé le cours d’un de ses voyages missionnaires lors d’une conviction de l’Esprit et d’une révélation de Dieu, il est important de se rappeler que la majorité de ses voyages sont planifiés, organisés en équipes, réfléchis selon une certaine stratégie, tout en gardant une vraie flexibilité permettant des ajustements face aux opportunités et persécutions.

Il est étrange d’élever un court instant « d’écoute de l’Esprit » au-dessus d’heures de préparation, de réflexion, de recherche de conseils et de prière. Même en musique, l’improvisation se prépare, s’étudie, et se cale sur une structure et progression d’accords existante. Sans cela, la mélodie est fausse.

Comme excuse pour chercher ce qui frappe les yeux

Nous comparons souvent l’œuvre de l’Esprit à de grandes expériences, des manifestations visibles et excitantes, le spectaculaire. Cependant, la majorité de l’œuvre de Dieu est invisible et dans le cœur. Souvent, le fruit de vies changées se mesure en année, en petits changements quotidiens qui ne semblent pas impressionnants au début mais qui laissent des marques profondes sur la durée.

Dieu ne pense pas comme nous pensons : « En effet, l’Éternel n’a pas le même regard que l’homme : l’homme regarde à ce qui frappe les yeux, mais l’Éternel regarde au cœur. » (1 Sam 16.7). Si souvent nous attribuons l’œuvre de l’Esprit à ce qui frappe les yeux, qui fait la une des journaux, les gros titres, les personnalités charismatiques, les miracles physiques ; en oubliant que les plus grands miracles de Dieu sont ceux liés au cœur de l’homme et à sa transformation.

Comme excuse pour l’égoïsme

J’ai un profond respect pour les hommes et les femmes qui vivent des vies de prières fidèles et intenses. Cependant, dans mon expérience, j’ai aussi à de nombreuses reprises observé un certain égoïsme où certaines personnes protègent tellement leur « temps avec Dieu » que les besoins de ceux qui sont autour d’eux semblent n’avoir aucune importance.

« Je ne peux pas reprendre le travail, j’ai besoin d’au moins 2-3 heures avec Dieu le matin » ; « Je ne suis pas disponible pour servir dans l’Église, mon énergie est consacrée à ma prière personnelle » ; « Je ne peux pas faire mes tâches ménagères cette semaine, j’ai pris du retard sur mes cultes perso »…j’ai tout entendu comme excuses.

Je n’oserai jamais dire à quelqu’un de prier moins. Cependant la maturité chrétienne tend vers l’équilibre, pas vers les extrêmes. Une vie de prière riche devrait nous pousser à servir et aimer les autres, non à nous isoler d’eux.

Conclusion

En fêtant la Pentecôte, nous célébrons à la fois une œuvre unique du Saint-Esprit et la naissance de l’Église. L’un va avec l’autre. L’œuvre de l’Esprit est riche et variée, mais ne nous laissons pas tromper en faisant fausse route et en développant une foi finalement plus humaine que spirituelle.

 

 

 

 

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