Si l’Église de Jérusalem commence après l’Ascension par un petit groupe de 120 personnes qui se réunissent simplement pour prier, sans stratégie ou « vision d’Église » apparente, elle ne restera à cette taille que 10 jours. Après la première prédication publique de Pierre, 3000 personnes se convertissent, puis après la deuxième prédication transcrite dans les Actes, le nombre de disciples s’élève à 5000. La première Église est presque immédiatement une « mégachurch ».
La mégachurch de Jérusalem comme école de disciples et de leaders
L’Église de Jérusalem commence dès le départ avec une équipe de 12 pasteurs à temps plein (les apôtres), dont le centre du ministère est l’enseignement et la prière. 12 pasteurs à temps plein pour faire des disciples ! Quelle belle vision d’une Église en bonne santé ! Et quels résultats !
Les diacres issus de leur leadership sont simplement exceptionnels, comme Étienne le premier martyr et puissant prédicateur, ou Philippe l’évangéliste. L’Église est unie sur cette vision claire, et s’organise pour que chacun puisse servir selon ses dons et son appel. Les apôtres sont soutenus par les diacres pour être consacrés à l’enseignement et la prière, l’Église entière, même malgré sa grande taille, œuvre pour que chacun trouve sa place.
Pendant ces quelques années glorieuses, l’Église de Jérusalem a un impact absolument colossal.
Des vocations sont nées, avec des leaders de caractère, des croyants fidèles, des ministères magnifiques. La relève est préparée.
L’élan d’évangélisation de cette grande Église est une puissance incroyable, permettant l’annonce de la Bonne Nouvelle à des milliers de personnes.
Des milliers de personnes ont eu un accès direct aux apôtres, pour entendre de leurs propres oreilles des témoins oculaires de Jésus. L’Évangile n’est pas passé à la génération future de manière opaque, mais par des leaders disponibles et transparents, qui n’hésitent pas à confesser leurs propres luttes sur leur cheminement pour suivre Christ et lui ressembler.
Des milliers de personnes ont pu goûter à la première mégachurch de l’histoire, une expérience qui ne se répétera pas pendant des siècles, mais dont l’abondance de ministères a pu faire rêver plus d’un leader.
Des ministères de grande envergure naissent, permettant un témoignage puissant, comme ce grand engagement à prendre soin des veuves, un ministère que peu d’Églises aujourd’hui pourraient porter.
Une Église a pu fonctionner avec 12 pasteurs à plein-temps, avec tout le fruit que cela peut porter de discipulat, de mentorat, d’enseignement, d’amour, de leadership.
La mégachurch de Jérusalem comme centre de la persécution
Si l’Église de Jérusalem vit des choses fortes, elle devient rapidement l’objet de la jalousie et de la haine des adversaires de l’Évangile. Cette belle Église cesse rapidement d’être une mégachurch. Pas à cause de manque de vision, de crise de leadership ou de division, mais à cause d’une persécution féroce dispersant ses membres :
Saul approuvait l’exécution d’Étienne. Ce jour-là, une grande persécution éclata contre l’Église de Jérusalem et tous, à l’exception des apôtres, se dispersèrent dans les diverses régions de Judée et de Samarie. (Actes 8.1-2)
Saul approuve le meurtre d’Étienne. Et c’est comme si son approbation donnait le signal au peuple de la ville pour donner libre cours à ses jalousies et aux persécutions.
Ce jour-là instaure une forte persécution qui explose ; elle éclate contre l’Église. C’est tellement intense, tellement grave, tellement violent, que la grande majorité des disciples partent. Les apôtres restent, mais c’est la fin de cette ère glorieuse de l’Église de Jérusalem.
Cette Église et ses milliers de membres, c’est fini.
Cette Église qui était la première du monde, et la première en tout, c’est fini.
Cette Église qui se réunit dans le Temple et attire de grandes foules, c’est fini.
Cette Église qui bouleverse une ville entière, un pays entier, c’est fini.
Cette Église qui a généré tant de leaders incroyables en peu de temps, c’est fini.
Cette Église qui a vécu une générosité de partage sans précédent, c’est fini.
Cette Église qui a vu des ministères d’une ampleur incroyable, c’est fini.
C’est la fin d’une ère glorieuse pour l’Église de Jérusalem. L’Église continue d’exister, le ministère continue, mais ce ne sera plus jamais pareil.
À cause d’un événement, à cause d’une seule personne, cette période unique, belle et glorieuse prend fin. Une vraie leçon d’histoire.
Chaque Église vit des saisons. Aucune de ces saisons n’est éternelle. Aucune Église fondée par les apôtres n’existe encore. Aucun ministère fondé par les apôtres n’existe encore. Aucune initiative ou méthode fondées par les apôtres et les premiers chrétiens ne sont encore appliqués. Dans la Bible nous voyons des principes, certaines pratiques, mais pas plus.
Ce que nous vivons en ce moment dans chaque Église locale est unique. Nous vivons des opportunités uniques. Elles sont différentes de celles que nos prédécesseurs ont vécu, elles sont différentes de celles que connaîtront nos successeurs. Dans cette saison unique dans laquelle nous nous trouvons, Dieu nous appelle avant tout à être fidèles.
L’explosion de cette Église ne sera pas une défaite. Pendant cette saison unique, l’Église de Jérusalem a été fidèle pour faire des disciples et des leaders zélés, et en conséquence ce sont des porteurs fidèles de l’Évangile qui se répandent : « Ceux qui avaient été dispersés allaient de lieu en lieu et annonçaient la bonne nouvelle de la parole » (Actes 8.4). Les chrétiens qui ont été enseignés, formés, accompagnés et bénis dans cette Église sont équipés pour aller de lieu en lieu et partager la Bonne Nouvelle.
Pour l’instant, en Actes 8, nous ne connaissons l’existence que d’une seule Église. Bientôt il va y en avoir des douzaines, des centaines. Ces milliers de croyants vont faire des disciples, créer des assemblées, c’est ce que nous voyons dans le reste du livre des Actes.
Jésus leur avait dit de commencer à Jérusalem, ils l’ont fait avec puissance. Mais sa vision se répandait aussi vers la Judée, la Samarie, et les extrémités de la Terre. Au lieu de vivre dans la nostalgie d’une gloire perdue, les chrétiens persécutés lisent dans les circonstances l’opportunité unique d’aller faire des disciples par le monde. Ce n’est pas la forme qui compte, mais la fidélité.
Quelle ironie ! Dans une génération, Jérusalem sera détruite. En 70 après Jésus-Christ, le peuple juif se rebelle, le Temple est détruit, la ville est détruite.
Les sadducéens qui dirigeaient les attaques contre les chrétiens vont disparaître.
Les Hérodiens vont disparaître.
Mais l’Église qui a été dispersée est plus vivante que jamais.
Conclusion
Nous pouvons rapidement juger des Églises par des standards extérieurs. Certains pensent que les grandes Églises sont une preuve de la bénédiction de Dieu, d’autres s’en méfient. Certains pensent que les petites Églises sont meilleures, d’autres préfèrent la dynamique d’un plus grand groupe. Mais aucune Église ne doit être jugée par des notions secondaires. Ce que Dieu appelle avant tout c’est à la fidélité, celle de faire des disciples, faire des leaders, générer des vocations. Ce n’est pas la taille d’une Église qui compte, mais l’attitude des chrétiens. Les opportunités sont différentes, et toutes sont passagères. La plupart de nos Églises n’existeront probablement plus dans cent ou deux cents ans. Sommes-nous fidèles aujourd’hui avec ce que Dieu nous a donné ?