Ressources supplémentaires
Le principe : Tout investissement de temps et d’énergie dans la communication saine et intentionnelle en dehors des moments de conflit nous aidera davantage à répondre avec sagesse et amour quand ça chauffe à la maison.
Deux questions
- Quel devrait être le contenu de notre communication hors crise ? Quels sujets seront importants à aborder ensemble quand tout est calme ?
- Quelles habitudes de bonne communication devrait-on cultiver dans ces moments-là ? Comment faire pour s’entraîner en famille pour mieux gérer les situations inévitables de crise ?
Trois types de discussion :
- Apprendre à mieux se connaître : les désirs, les préférences, les peurs, les peines, les rêves, les échecs, les réussites, etc.
- Anticiper les moments ou les sujets difficiles et préparer le terrain.
- Revenir sur un échange ou un moment difficile dans une démarche de confession, de restitution, de pardon, de réconciliation.
Passage clé concernant l’objectif de « gagner le frère » : Matthieu 18.15-18 (en prenant en compte le contexte des versets 19-35)
Deux actions concrètes pour cette semaine :
- Lisez à plusieurs reprises et peut-être mémorisez le proverbe 22.6 Éduque l’enfant d’après la voie qu’il doit suivre ! Même quand il sera vieux, il ne s’en écartera pas. Ce n’est pas une promesse, on est bien d’accord. Mais il s’agit bien d’un principe de sagesse qui s’applique notamment à notre communication en famille.
- Identifiez (avec l’aide de votre conjoint le cas échéant) quelques sujets et quelques habitudes en lien avec la communication saine que vous aimeriez commencer dès cette semaine à discuter et à travailler avec vos enfants pendant les moments calmes en famille.
D’autres ressources utiles :
- 101 questions pour animer et approfondir les discussions en famille de Gary Chapman et Ramon Presson
- Le cerveau de votre enfant de Dr. Daniel Siegel
- Le cerveau de votre ado de Dr. Daniel Siegel
Transcription
Bonjour tout le monde, moi c’est Chloé.
Moi c’est Nico.
Et moi c’est Rachel.
Alors dans notre dernier épisode, on a parlé du danger d’une communication réactive, une communication qui n’est pas assez réfléchie.
On a parlé des paroles malsaines et blessantes qui peuvent sortir de nos bouches dans les situations de tension dans nos familles, entre conjoints et avec les enfants.
Et on a vu que la Bible nous équipe en tant que parents.
Elle nous équipe à communiquer de manière saine, constructive avec nos enfants, parce qu’elle nous propose Dieu le Père comme modèle.
Un modèle du Père Céleste qui lui est lent à la colère et qui est riche en compassion, qui est riche en bonté.
Et aujourd’hui, notre podcast s’appelle « Le plaisir de la communication hors crise ».
Qu’est-ce que ça veut dire ?
Ça veut dire qu’en fait, tout simplement, en dehors des moments de tension chaud et inévitables qu’on va expérimenter presque chaque jour, on peut préparer nos mots, on peut préparer les sujets, on peut préparer nos réactions et nos façons de parler.
C’est-à-dire que c’est comme un athlète qui va s’entraîner avant le jour J.
Si on prépare ces moments-là dans une communication en dehors des périodes de crise, on va créer des bons cheminements dans nos cerveaux et dans nos cœurs pour les moments chauds.
Parce que c’est une réalité à laquelle on fait face en tant que parents.
Les moments tendus sont inévitables.
Et quand ils sont mal gérés, ça va vraiment saper notre paix familiale, ça va fragiliser nos relations les uns avec les autres.
Et donc ce principe qui va nous aider face à cette réalité, c’est que dans notre stratégie familiale réfléchie, on investit du temps et de l’énergie dans la communication saine et intentionnelle en dehors des moments de conflit, pour nous aider à répondre avec plus d’amour et de sagesse quand ça chauffe à la maison.
On veut juste prendre conscience qu’il y a deux types de communication hors crise.
Le premier type qu’on va explorer aujourd’hui, c’est de revenir en arrière sur un moment chaud.
Il y a un autre type qui est d’anticiper certains sujets brûlants et de commencer un dialogue en dehors d’une période de crise avant que la crise n’arrive.
Et ça, ce sera le sujet de notre prochain podcast.
Et pour aujourd’hui dans notre discussion, on va se poser deux questions.
On va se demander quel devrait être le contenu de cette communication hors crise dont Chloé parlait.
Quels sont les sujets qui seront importants à aborder quand tout est calme et qu’on peut discuter dans de bonnes conditions ?
On va aussi se demander quelles habitudes de bonne communication est-ce qu’on doit cultiver dans ces moments-là ?
Comment faire pour s’entraîner en famille pour mieux gérer ces situations de crise, on l’a dit, qui sont inévitables ?
Dans un premier temps, quel serait le contenu essentiel pour notre communication hors crise ?
On a de quoi discuter les amis.
Et je me dis que ce serait intéressant de commencer avec ce que nous, dans la famille Vannes, on aime appeler un super pouvoir.
C’est le super pouvoir de la métacommunication.
Qu’est-ce que ça veut dire ?
C’est l’idée de prendre du temps pour parler de notre communication.
Donc, au-delà juste le fait de communiquer les uns avec les autres, c’est l’idée que parfois c’est bien de prendre juste un petit peu de distance et revisiter notre communication pour réfléchir ensemble sur ce qu’on s’est dit et pourquoi, et qu’est-ce qui était derrière.
La question peut se poser, pourquoi ?
En fait, à quoi ça sert de revenir en arrière ?
Surtout s’il s’agit d’une communication qui était difficile, qui était douloureuse.
En fait, naturellement, on a plus envie de balayer, d’oublier, d’avancer et faire en sorte qu’on n’a pas vécu ça.
Et je pense que dans certaines cultures familiales, c’est justement la tendance qui domine.
C’est qu’on ne revisite pas.
Il peut y avoir différentes raisons qui expliquent cela, mais en fait, dans l’absence d’un travail de métacommunication, souvent il nous manque des mots, du vocabulaire pour pouvoir parler de ce qui s’est passé en nous.
Et le grand danger, en fait, c’est qu’en balayant ces choses, en toujours cherchant à avancer comme si rien n’était, il peut y avoir des blessures, des souffrances intérieures qui continuent dans le temps à exercer une influence sur nos relations.
Ça m’intrigue un peu quand je t’entends, Nico, parler de ce super pouvoir dans votre famille.
Et j’entends un peu, je me demande si ça peut faire penser un peu au développement personnel, en fait, d’avoir des discussions où on est plus dans la recherche d’être dans le bon mindset, quoi.
Pour ceux qui parlent anglais, ça fait un peu self-help, centré un peu sur trouver en soi, entre soi, les clés pour mieux communiquer. – Ouais, je suis d’accord avec toi, Rachel.
Je pense que c’est assez en vogue, cette notion de se dire que si on a une bonne communication entre êtres humains, on va trouver un moyen d’avancer et on va y arriver.
Et je pense que c’est pas tout à fait la vérité.
Je pense qu’il faut qu’on ouvre un peu le bocal de cette communication très horizontale.
Et en fait, la réalité, c’est que la Bible parle de ce super pouvoir, de pourquoi est-ce qu’on revient sur les situations difficiles, quel est le but ?
Et en y réfléchissant rapidement, moi, ça me fait penser au passage dans Matthieu 18, le verset 15, qui certes indique à des conflits dans l’Église, mais comme on l’a déjà dit, en fait, souvent la famille, c’est le microcosme de l’Église.
Et ce verset dans Matthieu 18, verset 15, dit « Si ton frère a péché contre toi, va et reprends-le seul à seul.
S’il t’écoute, tu as gagné ton frère. »
Et dans ce verset, on a trois différentes étapes, en fait.
Si ton frère a péché contre toi, donc une situation tendue dans le passé, va et reprends le seul à seul, qui implique qu’il y a eu du temps qui s’est passé, qu’on va reprendre cette communication.
Et puis un but, s’il t’écoute, tu as gagné ton frère.
En fait, c’est vrai que ce verset, à la fois c’est un verset qui me fait rêver, parce que cette phrase « gagner le frère », ça me parle, ça me donne en fait…
Qu’est-ce que j’imagine ?
Bon, j’imagine une relation restaurée.
Une relation en bonne santé.
Une relation qui fonctionne bien.
Mais j’avoue que c’est aussi un verset qui me dérange, parce que c’est un verset qui me pousse au-delà d’une demande de pardon, un peu pour cocher les cases.
C’est un vrai danger pour nous, je pense surtout dans un milieu chrétien où on peut avoir quand même l’habitude de demander pardon.
C’est ce que font les chrétiens.
« Donc, je t’ai fait mal.
Pardonne-moi, je suis désolé, etc. »
Et puis, comme un bon chrétien, « Bon, je vais te pardonner. »
Et on passe à autre chose.
Mais franchement, je crois qu’il y a un vrai danger de passer trop rapidement et en fait de vivre presque un faux pardon qui ne contribue pas vraiment à la restauration de la relation.
Parfois, surtout si on est de l’autre côté d’un pardon comme ça, il y a quelqu’un qui m’a blessé et qui fait une demande de pardon qui ne coûte pas grand-chose.
Je peux, avec mes mots, dire « je te pardonne » tout en ayant un sentiment à l’intérieur d’injustice, en fait.
Et donc là, cette idée d’une métacommunication, on va revisiter en fait nos mots, nos émotions, et parler de tout ça ensemble.
Ça nous donne l’occasion d’examiner de plus près qu’est-ce qui s’est passé vraiment à l’intérieur de nous.
Et je pense que ça prépare le terrain pour vivre un vrai pardon.
Et c’est intéressant de se dire qu’en fait, ces discussions-là vont nécessiter du temps et de la patience, parce qu’en fait, souvent la crise, elle est sur le moment quand les paroles dures sont échangées, mais elle peut durer quelques heures après même dans notre cœur, ou Rachel, tu disais dans le précédent épisode que des fois, on cherche un peu des armes, on cherche comment on va pouvoir revenir et donner le coup final en fait.
Mais dans la crise, il ne faut pas croire qu’elle est passée dix minutes après souvent.
En fait, en t’écoutant, Chloé, il y a juste un moment que j’ai vécu avec toi il n’y a pas si longtemps que ça, qui me revient à l’esprit où toi et moi, on a pu faire cette expérience, bon c’est quand même il y a quelques mois, mais il y a eu juste un petit échange dans le contexte de l’église, où moi de mon côté, j’ai mal vécu.
Et en fait, je ne sais pas si c’est le lendemain ou deux jours plus tard, on s’est appelé pour discuter et en fait, en revenant là-dessus, tu as pu me donner du contexte pour m’expliquer qu’est-ce qui se passait dans ta tête, quelle était ton intention.
On a revisité quand tu m’as dit ça, voilà ce que j’ai ressenti et toi de ton côté, tu as pu dire, ok tiens Nico, j’aimerais bien que tu comprennes mieux ce que moi j’étais en train de vivre.
Et franchement, très rapidement, je sentais que ce petit échange de métacommunication nous a, en tout cas m’a aidé à avancer quoi.
Et ok, maintenant je vois mieux, je comprends, j’ai pu voir ton cœur en fait.
Et pour moi, le pardon, s’il y avait un pardon à donner, était beaucoup plus facile parce que je te voyais ton intention et j’ai compris, tu ne cherchais pas à me blesser quoi.
C’est vrai que ça c’est un exemple à l’échelle de l’église, mais on va explorer tout au long de ce podcast peut-être d’autres exemples qui se vivent plutôt dans le cadre du couple ou de la relation parent-enfant.
Tout à fait.
J’étais juste curieux Rachel, si peut-être de ton côté, si tu, en écoutant ça, c’est un exemple de ce genre de communication que tu as vécu avec un de tes enfants.
En fait, oui, j’étais en train de me dire que, parce que quand tu as prononcé le mot intention, connaître les intentions, ce qui s’est passé en fait dans votre discussion que vous avez eue après avec Chloé au téléphone.
Et j’étais en train de me dire que c’est tellement souvent ça et que je vois en fait que je, bien souvent, je vais prêter des intentions aux personnes et en premier lieu donc à mon mari et puis à mes enfants dans ce qu’ils sont en train de faire ou de dire.
Et qui va vachement colorer en fait ce que je pense qu’ils sont en train de dire justement.
Et qu’on pourrait avoir envie de faire l’économie, de revenir et de prendre le temps de tirer sur les fils et de parler de ce qui s’est passé.
Et en fait, les intentions de part et d’autre dans ce qui s’est passé.
Je trouve que des fois, ça permet de sortir de la tension qui peut avoir même durée.
Tu as parlé de quelques heures, mais moi je me disais, mais des fois c’est même quelques jours où en fait, on a l’impression que le truc, le débat est terminé, c’est clos.
On a retrouvé une manière de communiquer avec moi et un de mes enfants par exemple.
Mais on sent bien qu’il y a du non résolu en fait.
Et que quand on reparle de ce qui s’est passé, je trouve que c’est de plus en plus facile avec mes enfants parce qu’ils sont de plus en plus capables aussi de…
Enfin, Chloé parlait de ses enfants qui savent trouver l’ironie dans ses propos.
Chez nous aussi, on peut des fois mal utiliser les mots et être sarcastique.
Et maintenant, ils sont capables de le voir dans notre façon de leur parler.
Maintenant, ils sont capables de le dire.
Et en fait, on va le vivre différemment avec des enfants plus petits.
Mais moi, je trouve qu’avec des enfants pré-ado, ado, maintenant, qu’ils peuvent mettre des mots très précis sur à la fois leur propre intention sur le moment et ce qu’ils ont imaginé des miennes, ça permet de vraiment restaurer les choses et de retrouver la paix.
Et c’est important en fait.
Oui, c’est vrai que de revenir plus tard pour discuter des intentions et des autres, ce que tu appelles la métacommunication, Nico, ou juste communiquer sur notre communication, ça nous permet de revenir comme deux personnes complètement différentes qui analysent quelque chose qui est arrivé à d’autres personnes.
Et on est beaucoup plus la tête à froid et on peut beaucoup plus voir les tenants et les aboutissants d’une conversation.
Et je pense que c’est vraiment chouette ce que tu disais, Nico.
Je pense que comme ça, on contribue vraiment à ne pas laisser s’installer une culture familiale du non-dit, de balayer sous le tapis et de se donner la permission à tous de recommencer tant et tant de fois après à mal se parler.
Et donc, on instaure et on met des mots et on donne du vocabulaire à notre communication et je trouve ça très utile.
Et ce que tu disais aussi, Nico, c’est que ça nous aide à mieux nous connaître en famille.
Je pense qu’il y a un lien étroit entre ce travail de métacommunication et le fait de cultiver notre connaissance des uns des autres.
Et alors qu’on vit ensemble, en fait, on peut imaginer qu’on se connaît très bien.
On passe des heures et des heures et des années ensemble.
Je suis quand même frappé par le nombre de fois où en discussion avec mon fils, avec ma fille, même avec ma femme, où je réalise « mais je ne connaissais pas du tout cet aspect de toi, où je n’aurais pas imaginé que tu avais ce désir ou cette préférence-là ».
On découvre.
Donc, d’un côté, il y a un aspect très beau.
Il y a une découverte continuelle dans nos relations.
Mais malheureusement, je pense qu’on peut être assez paresseux trop souvent.
On peut prendre que ma quille, que « je te connais, je sais qui tu es et comment tu fonctionnes », alors qu’on est toujours en train d’évoluer.
Donc, le fait de revenir comme on fait là, ça ouvre la porte à une meilleure connaissance de l’autre.
Rien que cette notion d’intention, quand je découvre les intentions du cœur de mon enfant, par exemple, ça m’aide à prendre plus, en fait, à faire d’abstraction, prendre du recul dans mes communications pour me dire « tiens, ok, quand Wesley me dit ça, qu’est-ce qu’il peut se passer dans son cœur ? ».
Peut-être moi, je ne le dirais pas comme ça, mais je ne suis pas Wesley.
Il est différent.
Et donc, lui, il est comment, qu’est-ce qu’il aime, quelles sont ses peurs, quelles sont ses préférences ?
Et plus j’apprends à reconnaître ces choses, mieux je suis situé pour comprendre mon fils et mieux communiquer avec lui, surtout quand ça commence à chauffer.
En fait, c’est vrai que moi, dans ma famille, j’ai un de mes fils qui est un vrai clown et il aime beaucoup faire des blagues et c’est aussi un enfant qui a des intentions très, enfin, des émotions très intenses qui va exploser en larmes, en cris, etc.
Et donc, on pourrait se dire qu’avec cet enfant-là, on peut être dans une communication un peu justement sur le ton de la blague et sur le ton de l’humour.
Sauf qu’en fait, je découvre au fur et à mesure que pas du tout.
Et ça va être un de mes enfants qui, le soir, va faire exactement ce que tu proposes là, Nico, de la métacommunication.
C’est-à-dire, tu sais maman, tout à l’heure, quand tu m’as dit ça, eh ben, je sentais que tu faisais une blague sur quelque chose qui m’a rendu triste ou je me suis sentie humiliée et il revient dessus.
Et là, je me rends compte qu’en fait, malgré ce que je crois connaître de mon enfant, ce que je dois apprendre à connaître, c’est qu’en fait, le mode de communication blague et humour ne marche pas du tout sur lui et le touche très profondément en fait.
On n’a jamais fini de découvrir des choses et de réaliser en fait aussi, justement, puisqu’on est différents dans un même foyer, on a tous aussi nos manières de réagir et de communiquer différemment.
On a proposé aussi en début d’épisode de se poser la question des habitudes de bonne communication qu’on cultive aussi dans les moments calmes, parce qu’il y en a.
Et Nico, tu aurais des exemples, toi, de ces moments calmes auxquels on aspire, il faut le dire aussi.
Oui, je pense qu’on est en plein dedans.
C’est vrai qu’on chevauche un petit peu avec ce deuxième sujet, mais c’est tellement naturel parce que les deux sont vraiment intimement liés l’un à l’autre.
Mais en fait, peut-être je peux juste dire qu’un des objectifs, et je pense qu’on l’a déjà entendu, mais juste pour rendre explicite, il y a un objectif pédagogique dans ce qu’on est en train de décrire, et c’est qu’on apprenne à mettre des mots sur les réalités intérieures.
Et je trouve que c’est profondément chrétien, ce qu’on est en train de décrire là.
C’est profondément biblique parce que la Bible a un des objectifs de la Bible, c’est vraiment d’ouvrir, en fait, de séparer le voile, nous donner un aperçu de ce qui se passe vraiment à l’intérieur de nos cœurs.
Et dans ces discussions, c’est vraiment le moment pour le faire.
Et je pense à une discussion il n’y a pas si longtemps que ça avec Wesley, mon fils.
J’avoue que j’étais un peu énervé.
Je lui avais donné un conseil qu’il a complètement ignoré.
Il ne voulait pas écouter.
Il voulait faire comme lui, il voulait faire.
Et j’étais en train de le regarder mal faire quelque chose.
Je voulais qu’il fasse bien et j’étais un peu frustré qu’il refusait d’accepter des conseils de papa.
Je trouvais que mes conseils étaient bons et que la sagesse de son côté, ce serait d’écouter son père qui avait plus d’expérience dans ce domaine.
Et quand il ne m’écoutait pas, il y a une émotion qui a commencé à monter en moi.
Ce qui est quand même intéressant, c’est que lui, il a fait un peu plus peut-être comme Rachel tu as une tendance à faire, comme tu as décrit avant, plutôt que de répondre avec colère.
Il s’est renfermé en fait, sans lui-même.
Il a arrêté de parler avec moi.
Je pense qu’il cherchait à se protéger quand il sentait que mes émotions montaient.
Il s’est éloigné, il s’est assis.
Puis à un moment donné, je me suis mis juste à côté de lui.
On était là en silence, un peu en attendant, moi-même en cherchant à calmer mon sentiment intérieur.
Et puis à un moment donné, il commence à parler et il commence à mettre des mots sur ce qu’il ressent.
Et il m’a dit en gros, papa, quand j’ai un peu peur, je n’arrive pas à parler.
Et je dis, tiens, c’est hyper intéressant.
Et on a pu commencer à parler de pourquoi est-ce qu’il a peur.
Il a observé que je t’ai énervé, etc.
Et bien, franchement, ces discussions, alors que c’est un peu difficile pour moi en tant que papa, c’est humiliant un petit peu de reconnaître que mon attitude fait peur à mon enfant.
Mais c’est aussi rassurant pour lui de pouvoir vivre ce moment avec moi, mettre des mots sur son expérience et puis en parler.
Puis après, un des objectifs, c’est de pouvoir revisiter ce moment ensemble et dire, tiens, comment est-ce qu’on aurait pu faire différemment, peut-être ?
Je pense que ça rejoint un peu ce que tu disais, Rachel, en début de conversation, que est-ce que ce n’est pas un peu juste du développement personnel ou tous ces courants de parentalité positive qu’on voit passer sur Internet, qui nous disent, donnez des mots à vos enfants pour exprimer leurs émotions.
Et c’est vrai que leur finalité, à eux, ces courants-là, c’est juste de pouvoir sortir ces émotions, qu’elles ne restent pas à l’intérieur.
On se dit qu’elles sont mauvaises s’elles restent à l’intérieur.
Il faut pouvoir les sortir, donc il faut pouvoir les nommer.
Mais ce que la Bible nous dit, c’est qu’en fait, la finalité n’est pas juste de sortir ces émotions, mais c’est de les traiter de manière à pouvoir rétablir la communication familiale, mener à la repentance celui qui a besoin d’être mené à la repentance, mener au pardon, pas juste pardon balayé sous le tapis, mais le pardon qui mène à une vraie transformation et gagner ce frère.
Et donc, pour les parents de jeunes enfants, ce travail d’aider à mettre des mots sur « j’ai peur », introduire la notion de honte, de culpabilité, d’humiliation, de ce que Wesley a communiqué, le fait qu’il est gelé quand on lui parle mal.
En fait, le but de mettre ces mots-là, c’est de mener à la repentance, au pardon et à la transformation de la culture familiale.
Oui.
Et j’étais en train de me dire que dans tout cela, lorsqu’on est dans une famille chrétienne, qu’on peut aussi le faire avec nos enfants, c’est qu’il y a le rôle de la prière là-dedans qui est tellement important et que je trouve tellement magnifique en fait.
Parce que je me dis effectivement, la limite aussi de tout ce qui peut être plutôt dans le développement personnel, de chercher à communiquer ce que moi j’ai ressenti, comment ça s’est passé pour moi, tout ça, il y a de très bonnes choses là-dedans, d’apprendre une scène de communication.
Mais elle est encore très limitée à soi quand même.
Et en fait, je trouve qu’il n’y a rien de mieux que de se mettre avec une autre personne et pouvoir prier ensemble.
Parce que ça révèle beaucoup de choses et ça révèle aussi la nature de où est-ce qu’on en est ensemble aussi.
Et ça sort aussi de juste moi et peut-être moi et la personne à côté de moi.
Parce qu’on est en train de s’adresser à Dieu et on demande aussi son aide.
Et son aide dans justement cette démarche, je trouve, de réconciliation qui passe par le pardon avant.
Elle est tellement importante en fait.
Et elle nous aide dans ces habitudes de communication saines, je trouve.
Et voilà, je pense à des moments, de bons moments en famille en fait, où parfois la journée n’a pas été super, mais elle s’est terminée avec ça.
Une prière simple.
Et ça a tellement changé.
On oublie le reste de la journée.
Mais c’est tellement important pour notre relation de parent-enfant avec Dieu que la Bible y a dédié un livre entier, le livre des psaumes, où le but c’est de mettre des mots sur tout un tas d’émotions humaines et de les apporter à Dieu pendant la crise, en dehors de la crise, pour préparer la crise suivante.
Il y a un livre excellent pour les enfants qui s’appelle « Tout ce que je devrais savoir sur la prière » de Nancy Guthrie, qui apprend aux enfants à prier à toutes les émotions qu’ils peuvent avoir.
Et avec l’appui de psaumes et de versets bibliques solides, c’est vraiment un super livre.
Très bon exemple.
C’est vrai, on pourra sûrement le mettre dans le descriptif pour ceux que ça intéresserait de se procurer le livre.
Je connais plein d’adultes qui l’ont lu, qui ont dit « c’est pour les enfants, mais tous les adultes pourraient le lire aussi ».
C’est clair, c’est clair.
Je pense juste rapidement, avant de conclure, une anecdote en t’écoutant, Rachel, en parlant de la prière.
Il y a un souvenir qui reste ancré dans les cerveaux de mes trois grands-enfants, d’un moment quand ils étaient tous bien plus jeunes et moi j’étais tout seul dans ma chambre en train de préparer ma première introduction à la Sainte-Sainte en français.
J’étais très stressé parce que ce serait vraiment la première fois où je pars devant l’église en français, c’était il y a des années.
Je me souviens Annie était en train de prendre sa douche, les enfants jouaient dans le salon, mais en fait ça partait en live, ça faisait beaucoup de bruit.
Et là, j’étais déjà tellement stressé et je sentais la colère monter, monter, monter en moi et que ça allait exploser.
Et puis en fait, il y avait juste une petite pensée qui rejoint ce que tu as dit Rachel, « Nico, il faut prier là, il faut que tu pries. »
Et donc je suis sorti de ma chambre, j’entre dans le salon, les trois enfants me regardent les yeux grands ouverts comme ça parce que je pense qu’ils voyaient sur mon visage que papa était vraiment enflammé.
Et j’ai demandé à Christelle, « Christelle, est-ce que tu peux prier s’il te plaît pour papa ? »
Et Christelle, elle s’est levée en fait et elle a commencé à prier comme jamais auparavant dans sa vie avec beaucoup de passion.
Pour éloigner les foudres.
J’avais expliqué un petit peu ce qui se passait dans mon cœur, mais c’était vraiment un moment très fort familial où on a pu vivre ce que tu as dit et c’était hyper terre à terre pour les enfants, pour pas que papa les écrase quoi.
Seigneur protège-nous et calme le cœur de notre papa.
Pour une petite anecdote.
Je comprends que ce soit resté gravé dans leur esprit.
C’est vraiment un super exemple.
Je pense vraiment que cette prière en famille va être ce qui nous différencie aussi de tous ces mouvements qui sont uniquement basés sur le self-développement et la parentalité positive etc.
C’est qu’en fait, nous on a une parentalité qui a pour but la rédemption, la restauration et aussi de montrer au monde l’image d’une famille qui s’aime, qui se repend, qui se pardonne et qui change pour que le monde puisse voir en fait ce que Dieu fait dans la vie de ces créatures déchues.
Moi je repense à plusieurs exemples où quand un de mes enfants, lors du bisou du soir, est revenu sur une situation où j’avais mal utilisé mes mots contre eux et où j’ai pu dire en fait il faut qu’on prie parce que maman a besoin d’aide pour ne pas recommencer.
Et pour créer cette culture de « en fait oui c’est arrivé mais on ne va pas tolérer ça en fait dans cette famille, on va changer ça ».
Et c’est vraiment tout l’avantage de ces moments de communication hors crise, de revenir sur nos intentions, sur pourquoi on a utilisé ces mots, sur qu’est-ce qui n’allait pas dans ces mots, sur les émotions que ça a suscité, de pouvoir les nommer, de pouvoir les apporter à Dieu dans la prière.
Exactement, et si je résume ce que tu dis là Chloé, c’est qu’en fait la bonne gestion de ces moments de crise en famille se prépare en amont.
Et que notre apprentissage, cet entraînement dont on a parlé, intentionnel de nos enfants, qui se passe en dehors du moment où on est en conflit, elle va nous aider à mieux gérer ces tensions qui vont se manifester forcément à un moment donné dans nos foyers.
Et je crois qu’on l’a abordé un petit peu plus tôt mais dans notre prochain épisode, on va cette fois parler du fait d’anticiper aussi, de préparer cette fois les discussions importantes qu’on doit avoir, qu’on n’a pas toujours envie d’avoir, mais qu’on doit avoir sur des sujets qui peuvent être assez brûlants.
On a pensé à la gestion des écrans, à la sexualité, à l’importance et la manière de construire des amitiés, etc.
On va discuter ensemble du fait de traiter ces sujets en dehors des temps de crise et de dispute aussi parce qu’on ne voulait pas les lier à des moments de tension et parce qu’en fait on veut nous amener ces sujets bien réfléchis avec nos enfants et pas attendre qu’ils nous soient présentés comme un fait accompli alors qu’on n’est pas préparé.
Donc là je vous parle rapidement de ce qu’on fera la prochaine fois.
Mais en attendant on peut avoir des étapes concrètes pour cette semaine, Chloé ?
Oui, ce qu’on voulait vous suggérer c’est de lire à plusieurs reprises en couple ou pourquoi pas mémoriser en famille le verset suivant.
C’est Proverbe 22, verset 6.
« Éduque l’enfant d’après la voie qu’il doit suivre.
Même quand il sera vieux, il ne s’en écartera pas. »
Et je pense que ce verset n’est pas une promesse, on est bien d’accord, mais il s’agit d’un principe de sagesse qui s’applique à notre culture familiale et de comment changer durablement une culture familiale pour que les enfants ne s’écartent pas, de quelque chose qu’on aura instauré, mis en place et changé dans nos cultures familiales.
Donc lisez ce verset et ensuite identifiez avec un ami, une amie proche, un conjoint ou pourquoi pas avec vos enfants quelques sujets et quelques habitudes à prendre en lien avec la communication saine qu’on aimerait commencer à mettre en place dès cette semaine et comment travailler avec nos enfants pendant les moments calmes en famille.
Une courte parole de bénédiction alors pour conclure.
Déjà que le Seigneur nous donne du courage en tant que parents pour revisiter ces moments difficiles qu’on aurait peut-être envie nous-mêmes de balayer, passer à côté et qui nous donnent aussi du discernement pour qu’on arrive à mettre des mots, peut-être d’abord sur ce que nous on vit intérieurement, mais aussi pour qu’on apprenne à nos enfants à faire pareil, afin qu’on vive de vraies réconciliations et que notre communication en famille glorifie notre Dieu en Jésus Christ.
Amen.
Chloé Lang est podologue de formation. Elle s’est formée à l’IBG aux côtés de son mari Aurélien qui est pasteur dans une implantation d’Église en banlieue Grenobloise. Elle a l’opportunité d’y servir dans l’enseignement de la parole auprès des femmes et des enfants. Elle a aussi à cœur l’enseignement des femmes plus globalement. Ensemble, ils ont trois garçons.
Rachel Yates a le privilège d’avoir des origines écossaises, mais a grandi en France, et vit aujourd’hui en Franche-Comté avec son mari Eddy. Ensemble, ils sont missionnaires parmi les étudiants avec le Foyer Évangélique Universitaire, et ont eu 4 enfants. Puisqu’elle aime lire, écrire, et enseigner, elle a fait une formation en traduction, puis a enseigné avant de se plonger dans le ministère auprès des étudiants français et étrangers dans les différentes villes où elle a habité avec Eddy. Elle a un fardeau particulier pour l’accompagnement des personnes en souffrance, et aime passer du temps avec les gens … si possible en buvant du thé.
Nicolas VanWingerden se forme depuis deux décennies à l’école familiale avec l’aide de sa femme, Annie, et leurs 4 enfants. Les membres de l’Église Grenoble Est, où il est pasteur depuis 2018, contribuent aussi énormément à l’œuvre de Dieu dans sa vie. Diplomé d’un Masters of Divinity (Moody Graduate School, Chicago) et d’un Masters of Science of Education (Valparaiso University, Indiana), il est passionné de l’intersection de la pédagogie, la parentalité et le ministère pastoral dans le contexte de l’église locale et de la société qui l’entoure.