Lorsque l’on présente l’enseignement biblique selon lequel Jésus est Dieu, la personne ayant quelque peu lu les évangiles s’interroge souvent au sujet de quelques versets qui semblent dire le contraire.
En effet, si Jésus est Dieu, alors pourquoi déclare-t-il ne pas connaître ni le jour ni l’heure du jugement (Mt 24.36) ? Pourquoi affirme-t-il que le Père est plus grand que lui (Jn 14.28) ? Ou encore pourquoi le trouve-t-on à plusieurs reprises en train de prier ? Chacune de ces situations semblent effectivement incompatibles avec la divinité proclamée du Christ. Qu’en est-il donc ?
Quand la Bible affirme que le Fils est Dieu, et pleinement Dieu de toute éternité, elle nous apprend également qu’il s’est incarné en homme à un moment donné de l’histoire, sans cesser en rien d’être Dieu, et qu’il est donc également devenu pleinement homme. Sa divinité et son humanité, bien que distincte, sont inséparables de sa personne qui, elle, demeure unique. Ainsi, il est possible qu’une nature puisse effectuer des actions que l’autre ne peut pas. En tant qu’homme, Jésus peut connaître la fatigue ou la faim, ce qui ne l’atteint pas en tant que Dieu par exemple. Mais tout ce que fait la nature divine ou la nature humaine du Christ, la personne du Christ le fait. Je vous renvoie à ce sujet à nos précédentes émissions.
Ceci étant dit, lorsque Jésus dit ne pas connaître le jour ou l’heure, ou lorsqu’il dit que le Père est plus grand que lui, il le dit et l’affirme en tant qu’homme, en rapport à sa nature humaine qui, comme la nôtre, est limitée. Au sujet de son ignorance de l’heure, le théologien Benjamin Warfield explique par exemple que le Christ, dans son humanité, pouvait ne pas saisir cet élément, peut-être parce qu’une multitude d’autres éléments pouvaient être à prendre en compte en priorité avant qu’il ne considère ce sujet, ou encore parce que cet élément ne peut être compris et connu qu’en lien avec une multitude d’autres éléments qui lui sont liés de manière inhérente, et qui ne sont pas accessibles à un humain. Toujours est-il que Jésus a bien démontré à d’autres moments son omniscience, en tant qu’il est pleinement Dieu cette fois. Ainsi, il connaît les pensées non exprimées des gens (Mc 2.8), il « savait ce qui était dans l’homme » (Jn 2.25), il « savait dès le commencement qui étaient ceux qui ne croyaient point, et qui était celui qui le livrerait » (Jn 6.64). Et les disciples l’ont d’ailleurs bien compris puisqu’ils ont reconnu qu’il savait toutes choses (Jn 16.30).
Lorsqu’il présente le Père comme plus grand que lui, là encore il parle en tant qu’homme. Sa nature humaine est finie, elle est donc bien inférieure à celle, infinie, du Père. Toutefois, en d’autres passages, Jésus est également présenté comme l’égal du Père, cette fois-ci en tant que Dieu. Ainsi, en Philippiens 2.6 nous lisons que « existant en forme de Dieu, il n’a point regardé son égalité avec Dieu comme une proie à arracher ». En Jean 10.30, Jésus lui-même dit : « Moi et le Père nous sommes un ».
Penchons-nous maintenant sur notre troisième situation. Si Jésus est Dieu pourquoi prie-t-il, et surtout qui prie-t-il ? Il ne faut pas oublier là aussi une doctrine primordiale du christianisme : Dieu est trinitaire ! Il n’existe qu’un seul et unique Dieu, mais en trois personnes distinctes : le Père, le Fils et l’Esprit. Là encore, je vous invite à visionner les émissions consacrées à ce sujet. Aussi, nous avions vu que de toute éternité Dieu est en trois personnes, qui sont en relation perpétuelle les unes avec les autres. Lorsque le Fils prend chair et s’incarne en homme, cette communion n’est pas rompue, et il l’entretient notamment en tant qu’homme, par ses prières. Jésus prie car il est en relation avec le Père et l’Esprit, tout simplement.
Ainsi, ces passages, surprenant à première lecture, ne contredisent en rien l’enseignement biblique, pourvu qu’on les lise à la lumière de cet enseignement justement ! La Bible, nous l’avons vu, affirme clairement que Jésus est Dieu, mais qu’il s’est incarné en homme sans cesser d’être Dieu, et que Dieu est trinitaire. Ayant ces éléments à l’esprit, ces passages s’éclairent sans problème, et toute difficulté est levée.