Les chrétiens affirment que Jésus est Dieu. Mais ils sont les seuls à tenir de tels propos. La plupart des non-chrétiens reconnaissent toutefois en Jésus un homme d’une grande moralité, voire un exemple inégalé de sagesse, de bonté et d’amour. Toutefois, peut-on vraiment dire de Jésus qu’il n’était qu’un grand sage ou un exemple moral ? En réponse à cette question, le célèbre apologète C.S. Lewis a repris un argument, qu’il a développé et fait connaître au grand public, et que l’on nomme le trilemme de Lewis.
Transcription
Les chrétiens affirment que Jésus est Dieu. Mais ils sont les seuls à tenir de tels propos. La plupart des non-chrétiens reconnaissent toutefois en Jésus un homme d’une grande moralité, voire un exemple inégalé de sagesse, de bonté et d’amour. Toutefois, peut-on vraiment dire de Jésus qu’il n’était qu’un grand sage ou un exemple moral ?
En réponse à cette question, le célèbre apologète C.S. Lewis a repris un argument, qu’il a développé et fait connaître au grand public, et que l’on nomme le trilemme de Lewis. La logique est simple, et part du fait que Jésus a affirmé être Dieu. Je vous renvoie là aux trois émissions précédemment consacrées à ce sujet.
Partant de là donc, il n’y a que deux possibilités logiques : soit Jésus disait vrai, et alors il était bien Dieu, soit il disait faux et ne l’était pas. Là encore, deux possibilités logiques s’offrent à nous : soit il s’est trompé involontairement, soit il a menti consciemment. Il n’existe aucune autre possibilité logique, et nous sommes donc confrontés à un trilemme : soit Jésus est Dieu, soit il est trompeur, soit il est trompé.
Considérons, pour commencer, l’option du « Jésus trompeur ». Cette option semble hautement improbable, et ce pour plusieurs raisons. Tout d’abord, si Jésus s’est volontairement fait passer pour Dieu sans l’être, la raison de cette usurpation est absolument incompréhensible. Jamais Jésus ne recherche les honneurs, ni la gloire, ni les richesses, mais il va au contraire au-devant d’une mort qui l’angoisse en raison justement de sa prétention à la divinité. Imaginons alors qu’il en tirait un certain plaisir, qu’il jouissait de se voir considéré comme divin par ses disciples au point de faire perdurer ce mensonge jusqu’à la mort. Là encore, l’hypothèse est absurde. Pendant son ministère, les disciples de Jésus ont eu bien du mal à comprendre qui il était vraiment, notamment dans sa divinité, puisqu’ils croyaient surtout voir en lui le Messie qui les libérerait de l’occupation romaine. Enfin, il aurait été profondément incohérent et hypocrite – lui qui a pourtant tant critiqué l’hypocrisie des hommes – de se rendre coupable d’un tel mensonge au regard de ses enseignements et de la rectitude morale dont il a toujours fait preuve. L’option du « Jésus trompeur » s’avère donc bien improbable, pour ne pas dire complètement absurde.
Tournons-nous alors vers l’option, a priori plus clémente, du « Jésus trompé ». Là aussi, le scénario semble hautement improbable. Si Jésus s’est trompé en affirmant être Dieu, soit il était fou, soit il s’est simplement trompé, en toute bonne conscience. Mais cette option n’est pas sérieusement envisageable. Imaginez que vous croisiez un homme dans la rue affirmant qu’il est Dieu, qu’il existe de toute éternité, et qu’il faut le préférer à votre femme et vos enfants, le considéreriez-vous autrement que comme un fou ? Or, dans le cas de Jésus, il apparaît bien difficile de le taxer de folie. En effet, ses enseignements étaient au contraire empreints d’une grande sagesse, ce qu’on lui reconnaît encore de nos jours. A tel point que les foules étaient dans l’admiration (Mt 7.28), et frappées de son intelligence (Lc 2.47). Même ses ennemis reconnaissaient qu’il ne parlait comme personne (Jn 7.44-46). Jamais dans son ministère on ne trouve le moindre indice d’une quelconque folie en lui, bien au contraire. Sans aller jusqu’à la folie pure, ne pourrait-on pas alors considérer qu’il était fortement imbu de lui-même, porteur de ce qu’on appelle parfois aujourd’hui le « complexe de Dieu » ? Toujours pas. Les personnes concernées par ce « complexe de Dieu » sont centrées sur elles-mêmes et se positionnent au-dessus des autres, là où Jésus s’est fait le serviteur de tous, a lavé les pieds de ses disciples, a côtoyé les prostituées, les lépreux et les collecteurs d’impôts, soit les personnes réputées les moins recommandables de son époque, sans jamais rechercher aucun honneur. L’option du « Jésus trompé » s’avère donc tout aussi absurde que celle du « Jésus trompeur ».
En conclusion, nous voyons qu’il est absurde de considérer Jésus comme un exemple de moralité et de sagesse, sans le reconnaître dans sa divinité. En effet, on le fait alors soit menteur, ce qui contredit cette moralité qu’on lui reconnaît, soit fou, et alors il ne peut être un exemple de moralité et de sagesse là non plus. Deux options s’offrent donc à nous, soit nous considérons effectivement Jésus comme un exemple de sagesse et de moralité, mais alors nous devons reconnaître qu’il disait vrai en affirmant être Dieu, soit nous ne le reconnaissons pas comme un exemple de sagesse et de moralité, mais alors en quoi ne le jugeons-nous pas digne d’être un tel exemple ? Voilà une conception de Jésus qui viendrait questionner notre moralité, ou notre propre « complexe de Dieu » peut-être…
Nathanaël Delforge est passionné de théologie et de philosophie, il est également le créateur et l’animateur de Kurious, une chaîne YouTube d’apologétique chrétienne. Professeur de mathématiques dans le secondaire, il poursuit des études de théologie en parallèle. Il est marié et père d’une petite fille.