Frédéric Bican explore le récit de la Transfiguration (Matthieu 17), où Jésus révèle sa gloire divine aux côtés de Moïse et Élie. Il y analyse l’erreur de Pierre qui place ces trois figures sur un pied d’égalité. Le message central est la proclamation de Dieu le Père qui établit l’autorité unique et supérieure de son Fils en ordonnant : « Écoutez-le ! ». L’enseignement souligne que Christ seul est la Parole parfaite de Dieu et notre unique médiateur. Nous sommes ainsi appelé à abandonner la peur pour s’approcher de Dieu avec la joie d’un enfant adopté.
Transcription
Introduction et lecture biblique (Matthieu 17:1-13)
Alors, je vous invite ce matin à ouvrir vos bibles dans Matthieu, au chapitre 17. Nous allons lire les versets 1 à 13. Ce sont des versets qui racontent un passage bien connu ; vous avez sans doute entendu très souvent parler du récit de la Transfiguration. Ce terme désigne le fait que Jésus a changé d’apparence pendant un temps devant certains de ses disciples. On va donc lire Matthieu, chapitre 17, les versets 1 à 13, dans la traduction Segond 21.
« Six jours après, Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et son frère Jean, et les conduisit à l’écart sur une haute montagne. Il fut transfiguré devant eux ; son visage resplendit comme le soleil et ses vêtements devinrent blancs comme la lumière. Et voici que Moïse et Élie leur apparurent ; ils s’entretenaient avec lui. Pierre prit la parole et dit à Jésus : « Seigneur, il est bon que nous soyons ici. Si tu le veux, faisons ici trois abris : un pour toi, un pour Moïse et un pour Élie. »
Comme il parlait encore, une nuée lumineuse les couvrit. De la nuée, une voix fit entendre ces paroles : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, qui a toute mon approbation. Écoutez-le ! »
Lorsqu’ils entendirent cette voix, les disciples tombèrent le visage contre terre et furent saisis d’une grande frayeur. Mais Jésus s’approcha, les toucha et dit : « Levez-vous, n’ayez pas peur. » Ils levèrent les yeux et ne virent plus que Jésus seul.
Comme ils descendaient de la montagne, Jésus leur donna cet ordre : « Ne parlez à personne de ce que vous avez vu, jusqu’à ce que le Fils de l’homme soit ressuscité. » Les disciples lui posèrent cette question : « Pourquoi donc les spécialistes de la loi disent-ils qu’Élie doit venir d’abord ? » Jésus leur répondit : « Il est vrai qu’Élie doit venir et rétablir toute chose. Mais je vous le dis, Élie est déjà venu, ils ne l’ont pas reconnu et ils l’ont traité comme ils ont voulu. De même, le Fils de l’homme souffrira de leur part. » Les disciples comprirent alors qu’il leur parlait de Jean-Baptiste. »
Voilà, jusqu’ici la lecture de la parole de Dieu. On va maintenant s’appliquer à se régaler de cette parole, de ce qu’elle a à nous dire ce matin.
Je vous propose dans un premier temps de réfléchir à la description, aux éléments factuels que nous donne la parole sur comment s’est passée cette transfiguration. Dans un deuxième temps, on verra la proposition de Pierre et la proclamation-réponse de Dieu. Et puis dans un troisième temps : Christ, et seulement Christ.
1. La description de l’événement
Alors, dans un premier temps, les versets 1 à 3 nous décrivent cet événement particulier. Le texte commence par « six jours après ». Six jours après quoi ? Il faut toujours examiner un texte dans son contexte, car en le sortant du contexte, on perd une partie de l’enseignement.
Six jours après, eh bien, le chapitre 16 de Matthieu, durant lequel Jésus a commencé à révéler très clairement son identité aux disciples. Dans Matthieu 16:16, Jésus pose la question « Qui dit-on que je suis ? », et Pierre résume la foi des apôtres en disant : « Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant ». Jésus approuve cette réponse. C’est un moment où Jésus commence vraiment à assumer et à expliquer qui il est réellement.
Le chapitre 16 se termine aussi par ce verset un peu sibyllin : « Je vous le dis en vérité, quelques-uns de ceux qui sont ici ne mourront pas avant d’avoir vu le Fils de l’homme venir dans son règne. » Dans les trois évangiles, la transfiguration vient juste après ce verset. Le Saint-Esprit montre donc que la gloire de Jésus, c’est déjà un aperçu de son règne.
Le verset 1 mentionne une « haute montagne ». Cela fait allusion à l’Ancien Testament. Moïse a reçu la révélation de Dieu sur une haute montagne, le Sinaï. Et l’autre personnage, Élie, découragé, a marché 40 jours jusqu’à cette même montagne (Horeb) où il a aussi vu la gloire de Dieu. Pour les trois disciples de culture juive, voir la gloire de Dieu sur une montagne fait immédiatement référence à Moïse. Jésus récapitule l’histoire d’Israël : il est tenté 40 jours dans le désert, comme Israël 40 ans. Ici, il monte sur la montagne et sa gloire est révélée en présence de ces deux personnages emblématiques.
Mais contrairement à Moïse, Jésus ne redescend pas avec une révélation supplémentaire, comme des tables de la loi. Pourquoi ? Parce qu’il est lui-même la parole de Dieu incarnée. Il est plus qu’un serviteur fidèle comme Moïse ; il est le Fils.
Au verset 2, « il fut transfiguré ». Son visage resplendit comme le soleil, ses vêtements sont d’un blanc éclatant. C’est une gloire si intense qu’il devait être impossible de le regarder directement, un peu comme on ne peut pas regarder une éclipse solaire sans lunettes spéciales. Cette gloire rayonne de l’intérieur de Christ et montre qui il est vraiment. C’est un moment où le Seigneur lève le voile sur son identité profonde.
2. La proposition de Pierre et la proclamation de Dieu
Pierre, souvent bouillant, dit des choses justes, mais aussi des bêtises. Ses erreurs nous enseignent. Il propose de faire trois tentes, trois abris. Pourquoi ? De culture juive, il associe la montagne, Moïse et Élie à l’adoration. Quand Moïse est descendu du Sinaï, il a donné les plans du tabernacle, la tente de la rencontre. Pierre propose maladroitement une sorte de continuité religieuse avec trois leaders : Moïse, Élie, et maintenant Jésus en plus.
Son erreur est de mettre Jésus sur le même plan que Moïse et Élie. Il n’a pas encore compris ce qu’on appelle la théologie biblique : le fait que tout l’Ancien Testament pointe vers Jésus-Christ. Comme le dit l’épître aux Hébreux, Moïse était un serviteur dans la maison, mais Jésus est le Fils, le propriétaire de la maison.
Alors Dieu le Père intervient pour rectifier les choses. D’une voix audible, il proclame : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, qui a toute mon approbation. » Il ne dit pas « ceux-ci », mais bien « celui-ci ». Il isole Jésus. Cette approbation est cruciale. Jésus est le seul être humain à avoir eu la pleine approbation de Dieu, car il a vécu une vie parfaite, sans péché. Sans cette perfection, son sacrifice sur la croix n’aurait aucune valeur.
Puis Dieu ajoute quelque chose de nouveau par rapport au baptême : « Écoutez-le ! » Ce n’est pas une option, c’est un commandement. Jésus est la Parole de Dieu. L’écouter, c’est écouter Dieu. Jésus seul peut nous réconcilier avec le Créateur. Pas Mahomet, pas Bouddha, pas Confucius. Jésus seul.
3. Christ, et seulement Christ
Quand la voix de Dieu se fait entendre, les disciples sont terrifiés. Cette voix, accompagnée de la nuée lumineuse qui rappelle la Shekinah (la présence glorieuse de Dieu dans l’Ancien Testament), est écrasante. Ils tombent face contre terre, effrayés, comme Ésaïe devant la sainteté de Dieu (Ésaïe 6).
Mais au verset 7, Jésus les relève en les rassurant : « Levez-vous, n’ayez pas peur. » Pourquoi n’auraient-ils pas peur ? La rencontre avec la sainteté de Dieu est terrifiante pour des pécheurs. Jésus leur dit de ne pas avoir peur parce que son ministère consiste justement à nous permettre de nous approcher de Dieu sans craindre sa colère. En Jésus-Christ, la peur légitime est transformée en joie.
Avez-vous peur de Dieu ? Parfois, nous mesurons notre imperfection et notre indignité. Mais l’Évangile ne nous conduit pas à la peur, mais à la reconnaissance. En Jésus, nous n’avons plus besoin de craindre.
Grâce à lui, nous sommes adoptés et pouvons appeler Dieu « Père ». Tous les hommes sont des créatures de Dieu, mais tous ne sont pas enfants de Dieu. On le devient par la foi en Jésus-Christ. Le message de l’Évangile est une supplication : « Soyez réconciliés avec Dieu ! » Si cette réconciliation a lieu, alors nous sommes enfants de Dieu et nous pouvons nous approcher de lui avec joie, chaque jour, même dans les choses les plus modestes de la vie.
Frédéric BICAN est marié, père de deux grands enfants et pasteur de l’Action Biblique de Grasse depuis une vingtaine d’années. Titulaire d’une Maîtrise d’Histoire, puis d’une Licence en Théologie (FJC, Aix), il enseigne à l’IBG. En tant que Président de l’Action Biblique France, il siège dans différents Comités (Réseau-FEF, IBG, AP CNEF, Evangile21) et se réjouit du dynamisme qui anime actuellement le protestantisme évangélique francophone.





