Jean 5.16-30 est l’un des passages bibliques les plus frappants pour indiquer ce que signifie la confession de Jésus-Christ comme Fils de Dieu.
Dans une culture préindustrielle, la majorité des fils font la même chose que leurs pères. Le fils d’un boulanger devient boulanger, celui d’un fermier devient fermier à son tour. Ce schéma – tel père, tel fils – permet à Jésus en certaines occasions de considérer ses propres disciples comme « fils de Dieu ». C’est dans cet esprit que Jésus déclare : « Heureux ceux qui procurent la paix, car ils seront appelés fils de Dieu ! » (Matthieu 5.9). Autrement dit, puisque Dieu est le suprême artisan de paix, ceux qui répandent la paix sont, de ce point de vue, comme Dieu et peuvent, dans ce sens restreint, être appelés « fils de Dieu ».
C’est dans ce registre que se situe Jésus dans Jean 5.17. Interrogé sur le fait qu’il travaille le jour du sabbat, il ne propose pas à ses interlocuteurs une autre lecture de ce que le sabbat représente, il ne suggère pas non plus que ce qu’il faisait n’était pas du « travail » mais seulement une œuvre de compassion ou de première nécessité ; il justifie son « travail » en expliquant qu’il ne fait que ce que son Père fait. Son Père agit (même pendant le sabbat, sinon la providence cesserait !) ; c’est pourquoi lui aussi agit.
Ses interlocuteurs se rendent compte que par ses paroles Jésus revendique implicitement son égalité avec Dieu (v. 18). Mais ils se méprennent sur un point. Ils considèrent les propos de Jésus comme blasphématoires, parce qu’ils feraient de Jésus un autre Dieu, et ils ont raison d’affirmer l’unicité de Dieu. Jésus leur répond par deux arguments. En premier lieu, il insiste sur le fait qu’il dépend de son Père sur le plan fonctionnel : « Le Fils ne peut rien faire par lui-même, mais seulement ce qu’il voit faire au Père » (v. 19). Jésus n’est pas un autre « centre divin » : il est subordonné à son Père. En second lieu, cette subordination de fonction se fonde sur le fait que ce Fils fait tout ce que le Père fait (v. 19). Les chrétiens ont beau être des « fils de Dieu » à certains égards, Jésus, lui, est le Fils unique dans la mesure où « tout ce que le Père fait, le Fils aussi le fait également ». Si le Père crée, le Fils
aussi crée : d’ailleurs, le Fils est l’agent du Père dans la création (1.2-3). Dans les versets suivants, le Fils, comme le Père, ressuscite des gens ; il est l’agent du Père lors du jugement final.
Les musulmans se méprennent sur la théologie chrétienne quand ils pensent que la Trinité se compose de Dieu, de Marie et de Jésus : Celui-ci serait l’enfant de Dieu et de Marie. Ils trouvent cette idée étrange et blasphématoire, et ils ont raison. Mais ce n’est pas ce que nous croyons, ni ce que l’Écriture enseigne. Je souhaiterais qu’ils étudient Jean 5.
Je crois que Jésus-Christ est le Fils de Dieu.