Les derniers versets d’Exode 15 annoncent ce qui va se passer. Malgré les interventions miraculeuses de Dieu à l’origine de leur sortie d’Égypte, les Israélites ne lui faisaient pas entièrement confiance: à la moindre contrariété, ils gémissaient et murmuraient. Exode 16 poursuit dans ce même registre et montre que ces récriminations sont liées à une défiance générale envers le Dieu vivant.
N’imaginons pas les Israélites comme n’ayant pas faim. Il est vrai qu’ils étaient affamés. La question est de savoir comment ils ont géré le problème du manque de nourriture. Ils auraient pu s’adresser à Dieu dans la prière et lui demander de subvenir à tous leurs besoins. Lui qui avait opéré leur délivrance d’une manière aussi spectaculaire, ne pouvait-il pas répondre aux besoins journaliers? Mais au lieu de l’invoquer, ils ont évoqué avec nostalgie leur vie d’esclave en Égypte! (v. 3) et murmuré contre Moïse et Aaron (v. 2).
Moïse aurait pu être froissé devant une telle ingratitude du peuple. Il reconnaît cependant sagement qui est la cible du mécontentement et le caractère pernicieux des murmures. Bien qu’ils se plaignent auprès de Moïse et d’Aaron, leurs reproches visent Dieu en réalité (v. 8): « Ce n’est pas contre nous que sont (dirigés) vos murmures, c’est contre l’Éternel ».
Mais Dieu fait preuve de patience. De même qu’il avait adouci les eaux amères de Mara (15.22-26), il donne maintenant au peuple de la viande sous forme de cailles, et de la manne. Cette providence divine évidente ne répond pas seulement aux besoins des Israélites, elle doit aussi leur permettre de contempler « la gloire de l’Éternel » (v. 7). « Et vous reconnaîtrez que S je suis l’Éternel, votre Dieu » (v. 12). Le Seigneur avait dit peu avant: « Je le mettrai à l’épreuve et verrai s’il marche, ou non, selon ma loi » (v. 4).
Hélas, la grande majorité des Israélites ont lamentablement échoué à cette épreuve. Ils ont essayé de faire des réserves de manne alors que Dieu leur avait interdit de le faire; ils ont voulu en ramasser le jour du sabbat, alors qu’il n’y en avait pas. Moïse est furieux contre eux (v. 20). L’Éternel lui-même condamne cette désobéissance chronique (v. 28).
Pourquoi des gens qui avaient été les témoins d’une démonstration aussi spectaculaire de la grâce et de la puissance de Dieu ont-ils si facilement succombé aux murmures et aux jérémiades et sont-ils tombés dans une désobéissance aussi apathique? La réponse réside dans le fait que beaucoup d’entre eux estimaient que Dieu était là pour les servir. Il l’avait fait en Égypte, il l’avait encore fait en leur donnant de l’eau potable. Il devait donc maintenant non seulement combler leurs besoins mais aussi répondre à leurs envies. Autrement, ils menacent de se détourner de lui. Moïse avait insisté auprès de Pharaon pour qu’il laisse aller le peuple afin que celui-ci serve et adore Dieu dans le désert, c’est le peuple qui maintenant croit que Dieu est à son service.
La question fondamentale est: « Qui est vraiment Dieu? » Les croyants de la nouvelle alliance se trouvent devant la même question (1 Corinthiens 10.10).