2 Rois 22 rapporte la dernière tentative de réforme morale et théologique dans le royaume de Juda. Il n’y aura plus ensuite que la lente descente finale vers l’exil.
Le roi Ézéchias dont le règne avait été bon dans l’ensemble a eu pour successeur son fils Manassé. Celui-ci a régné longtemps, 52 ans, mais son règne a été notoirement impie : « Il fit ce qui est mal aux yeux de l’Éternel, il se livra aux horribles pratiques des nations que l’Éternel avait dépossédées devant les Israélites » (21.2). Il n’y a pas eu une seule forme d’idolâtrie qu’il n’ait pas adoptée. D’après 2 Chroniques 33, Manassé s’est repenti vers la fin de sa vie, mais il n’a pas pu annuler les dégâts religieux et institutionnels causés au royaume. Il a eu pour successeur, Amôn, un fils impie, qui n’a régné que deux ans avant d’être assassiné (21.19-26).
C’est ensuite Josias qui est monté sur le trône ; c’était un garçon à peine âgé de huit ans (v. 1). Il a régné 31 ans ; on en déduit qu’il a connu une mort prématurée, à 39 ans. Au début de son règne, la régence était assurée par des adultes qui l’entouraient. Mais la dix-huitième année de son règne, le roi avait alors 26 ans, il a décidé de procéder à la purification du Temple et d’entreprendre les travaux de réparation au cours desquels les ouvriers ont redécouvert « le livre de la loi » (v. 8). Il s’agit sans doute du livre du Deutéronome. (Aux XIXe et XXe siècles, des savants sceptiques ont prétendu que c’est à ce moment-là que le livre du Deutéronome et d’autres parties du Pentateuque ont été écrits, si bien que cette histoire de découverte de la loi sert simplement à justifier ces nouveaux développements. Cette théorie est de plus en plus abandonnée, car elle ne repose tout compte fait que sur une pure spéculation.)
Josias a entrepris des réformes de grande envergure. Sur tous les fronts, Josias s’est appliqué à amener la nation à se conformer à la loi de Dieu. Il reconnaissait la terrible menace qui pesait sur le peuple de l’alliance, et s’était décidé à faire ce qui est bien, en laissant à Dieu le soin de décider de l’issue. S’il était impossible de supprimer le jour de la vengeance de Dieu, le roi espérait néanmoins pouvoir le retarder.
J’aimerais insister sur une des nombreuses leçons que nous pouvons tirer de ce récit. Certaines personnes ont du mal à croire qu’une nation peut sombrer en si peu de temps dans l’ignorance complète des voies de Dieu. Après tout, Ézéchias était l’arrière-grand-père de Josias, et les réformes qu’il avait introduites n’étaient pas tellement vieilles. Certes, mais les trois quarts de siècle intermédiaires ont été marqués par le règne tyrannique de Manassé. L’histoire du XXe siècle montre avec quelle rapidité un peuple peut devenir ignorant de l’Écriture, et pourtant nous vivons au siècle de l’imprimerie sans parler de l’Internet. Il n’y a jamais qu’une génération ou deux qui séparent l’Église de l’apostasie ou de l’oubli de la Parole de Dieu. Seule la grâce constitue un rempart suffisant.