Au cours des dernières années, nous avons assisté à une véritable recrudescence d’intérêt pour la foi réformée dans les milieux évangéliques du Québec et d’Europe. Plusieurs auteurs, pasteurs et prédicateurs anglophones et francophones ont contribué à cet essor. Ma joie est d’autant plus grande de voir cet intérêt se concrétiser par une approche confessionnelle chez de plus en plus de chrétiens et d’Églises. Je dirais que la différence entre une sympathie envers le calvinisme et une adhésion mature à la foi réformée se manifeste généralement par l’adoption formelle d’une confession de foi historique et l’utilisation des catéchismes qui lui sont associés.
Être un chrétien confessionnel ne consiste pas uniquement à confesser personnellement sa foi par des énoncés doctrinaux, mais à le faire de concert avec l’Église. Puisque celle-ci a été établie par Dieu pour être la colonne et l’appui de la vérité sur la terre (1 Ti 3.15), il est impératif de recevoir son témoignage afin d’y aligner nos croyances. Cette affirmation paraîtra étrange, voire inquiétante, aux oreilles protestantes qui sont attachées au principe du sola Scriptura. En effet, ne devrait-on pas suivre l’Écriture et non l’Église comme jauge et norme de la foi ? Amen et amen ! Cependant, affirmer que l’on croit dans l’Écriture comme seule règle infaillible de la foi ne nous dit pas ce que l’on croit que la Bible enseigne exactement ni si nous avons bien compris son enseignement puisqu’il est manifeste qu’il existe toutes sortes de croyances fausses et contradictoires qui prétendent pourtant s’appuyer sur la Bible.
L’Écriture ne doit pas être l’objet d’interprétations personnelles et subjectives puisqu’elle possède un sens commun et objectif pour le peuple de Dieu (2 Pi 1.20-2.2). Au fil des siècles, l’Église du Seigneur a été édifiée, gardée et réformée par la Parole de vérité (Mt 16.18 ; Jn 17.15-17 ; 1 Pi 1.5). L’utilité d’une confession de foi est de nous indiquer comment l’Écriture a été confessée historiquement par l’Église et de nous fournir ainsi un faisceau de doctrines sûres parmi toutes les croyances qui circulent.
La confession de foi et la doctrine baptistes
L’Église n’est pas appelée à réinventer le christianisme à chaque génération, mais à confesser de génération en génération « la foi qui a été transmise aux saints une fois pour toutes » (Jud 3). Elle se doit de transmettre aux nouveaux croyants cet héritage fondé dans la doctrine biblique. Les confessions de foi et les catéchismes qui s’inscrivent dans l’orthodoxie chrétienne reconnue sont d’excellents outils pédagogiques pour approfondir et communiquer l’enseignement biblique.
Dans ce recueil, nous vous présentons trois documents qui intègrent simultanément la doctrine chrétienne universelle, l’essentiel de la Réforme protestante et les particularités de la foi baptiste. Ces documents sont suffisamment détaillés pour communiquer clairement les articles fondamentaux de la foi chrétienne, sans être exhaustifs ou exagérément pointus dans toutes les précisions théologiques.
Comme l’indique le professeur Carl Trueman, tout le monde a une confession de foi puisqu’il est impossible de ne pas en avoir. Mais voici comment il distingue deux sortes de confession chez les chrétiens évangéliques dans son ouvrage The Creedal Imperative :
Les chrétiens ne sont pas divisés entre ceux qui ont des crédos et des confessions et ceux qui n’en ont pas. Ils sont plutôt divisés entre ceux qui ont des crédos et des confessions publics, qui sont écrits et qui existent en tant que documents officiels soumis à l’examen, l’évaluation et la critique du public, et ceux qui ont des crédos et des confessions privés qui sont souvent improvisés, non écrits, et qui, par conséquent, ne sont pas soumis à l’examen du public, ne sont pas susceptibles d’être évalués et, ce qui est d’autant plus crucial et ironique en même temps, ne sont pas susceptibles d’être évalués par l’Écriture sainte afin de vérifier s’ils sont vrais1.
La question n’est donc pas de savoir si nous avons une confession de foi, nous en avons tous une, mais si nous adhérons à une confession qui est digne de confiance. L’Église qui ne s’appuie pas sur une affirmation doctrinale biblique, claire et substantielle risque de favoriser non pas la paix et l’unité, mais un contexte d’abus spirituel et de divisions, puisqu’elle s’expose à toutes sortes de courants doctrinaux qui veulent dicter « de la part de Dieu » les doctrines et les pratiques que les fidèles doivent croire et observer.
Comment être certain que l’on est fondé dans la vraie doctrine biblique et comment transmettre cet héritage à nos enfants et aux nouveaux croyants ? Je ne connais pas de meilleurs outils pédagogiques pour approfondir et communiquer l’enseignement biblique que les confessions de foi et les catéchismes qui s’inscrivent dans l’orthodoxie chrétienne reconnue. Les chrétiens ne sont pas appelés à réinventer le christianisme à chaque génération. Ils doivent plutôt confesser de génération en génération « la foi qui a été transmise aux saints une fois pour toutes » (Jud 3).
Ainsi, puisqu’il est à la fois nécessaire et inévitable d’avoir une confession de foi, autant en choisir une qui a fait ses preuves. Dans ce recueil, nous vous présentons trois documents qui intègrent simultanément la doctrine chrétienne universelle, l’essentiel de la Réforme protestante et les particularités de la foi baptiste. Ces documents sont suffisamment détaillés pour communiquer clairement les articles fondamentaux de la foi chrétienne, sans être exhaustifs ou exagérément pointus dans toutes les précisions théologiques.