« Cher pasteur, notre fils homosexuel s’est fiancé. »
« Cher pasteur, il y a quelques années, mon frère a quitté sa femme pour une autre. Maintenant, il nous a invités à son mariage. »
« Cher pasteur, ma fille veut épouser un non-chrétien. »
Cher pasteur, devons-nous aller au mariage ?
Des questions comme celles-ci ponctuent aujourd’hui les conversations dans les bureaux des pasteurs à travers l’Amérique. Elles mettent en lumière le dilemme que vivent les chrétiens, suite à la révolution actuelle en matière de sexualité, de mariage, de divorce et de définition de la nature de la famille.
Nous en sommes venus à considérer le mariage comme un moyen de cimenter un engagement grandissant entre deux personnes, ou même comme un moyen d’exprimer des sentiments romantiques intenses sans trop se soucier de s’engager mutuellement pour la vie. Les questions d’éthique morale et sexuelle – de ce qui est juste, bon et vrai – sont presque entièrement écartées de l’esprit. Un mariage est maintenant une procédure facultative qui se concentre exclusivement sur les désirs des parties concernées.
Dans ces conditions, lorsque les chrétiens s’opposent à l’intention d’un proche de se marier, leurs objections éthiques sont souvent une surprise totale, et sont accueillies avec une indignation teintée d’incompréhension. Leurs préoccupations ne sont perçues que comme une manifestation de mauvaise volonté à l’égard de ce que les futurs mariés supposent être leur « grand jour ».
Le « Pourquoi ne pouvez-vous pas juste être heureux pour moi ? » d’un ami cher ou d’un membre de la famille, peut exercer une forte pression sur nos cœurs et obscurcir notre jugement, alors que nous essayons de penser clairement et de prendre des décisions loyales et aimantes, à la lumière de la vérité biblique.
Un des moyens de naviguer au milieu de ces énigmes éthiques complexes est de se poser quelques questions fondamentales : « Qu’est-ce qu’un mariage ? » et « Dans quel genre d’action est-ce que je m’engage lorsque j’assiste à un mariage ? » Répondre à ces questions peut nous aider à décider quand aller à un mariage, et quand rester à la maison.
« Qu’est-ce qu’un mariage ? » et « Dans quel genre d’action est-ce que je m’engage lorsque j’assiste à un mariage ? » Répondre à ces questions peut nous aider à décider quand aller à un mariage, et quand rester à la maison.
Qu’est-ce qu’un mariage ?
Avant d’aller plus loin, permettez-moi simplement d’établir deux réalités bibliques concernant le mariage. Premièrement, nous n’avons pas d’exemples détaillés de cérémonies de mariage dans les Écritures. Aucun. À quoi ressemble une « cérémonie de mariage biblique » ? Aucune idée ! Mais, deuxièmement, l’enseignement de la Bible sur le mariage nous aide à comprendre à quoi devraient ressembler les cérémonies de mariage.
1. Le mariage est conçu par Dieu pour l’union intime, et à vie, d’un homme et d’une femme.
Tel est le sens de Genèse 2 , où Dieu déclare que la solitude de l’homme « n’est pas bonne » (v. 18). Dans ce que l’on pourrait appeler la toute première préparation au mariage, Dieu a présenté à Adam tous les animaux pour qu’il leur donne un nom, comme pour insister sur le fait que, parmi toutes les autres créatures, « il ne trouva pas d’aide qui soit son vis-à-vis » (v. 20). Seule la femme a été créée pour compléter l’homme et être sa partenaire.
2. Devenir mari et femme implique une alliance solennelle marquée par des vœux qui lient les époux.
Nous savons qu’avant le mariage, il y avait généralement une période de fiançailles publiques (Deut. 20:7 ; Matt. 1:18 ; 1 Cor. 7:25–28), qui exigeait un niveau élevé d’engagement, et une reconnaissance publique de l’intention de se marier. De même, les longues (et fascinantes) négociations matrimoniales de Genèse 24 entreprises par le serviteur d’Abraham dans sa recherche d’une épouse pour Isaac sont fondées sur l’établissement final d’un lien matrimonial formel, reconnu publiquement.
Un autre texte utile à notre réflexion est celui d’Ezéchiel 16:8, un passage qui offre un aperçu captivant de la pratique du mariage dans le Proche-Orient ancien. Le Seigneur parle de Jérusalem en utilisant la métaphore du mariage, en disant : « Je me suis engagé envers toi, je suis entré dans une relation d’alliance avec toi … et tu as été à moi. ». La métaphore suppose une pratique courante d’alliance publique, impliquant l’échange de vœux, dans le cadre de l’engagement dans le mariage.
3. Le mariage est prévu par Dieu pour être à la fois universel et sacré.
Souvenons-nous que le mariage ne nous a pas été donné comme une concession pour nous aider à améliorer nos mauvais penchants consécutifs à la chute. Il a été donné pour remédier à la seule chose « pas bonne » qui existait avant le péché : « Il n’était pas bon que l’homme soit seul ». Dieu a institué le mariage pour nous manifester une partie de ses soins généreux, en tant que créatures conçues pour vivre des relations étroites et en communauté. Avec le Sabbat et ce que l’on appelle le mandat culturel de Genèse 1:28 , le mariage est une « ordonnance de la création » : un schéma qui s’impose à tous, conçu pour le bien de tous. En d’autres termes, le mariage est destiné aux êtres humains simplement en vertu de leur statut de créatures et de porteurs de l’image de Dieu, et pas seulement aux croyants du Dieu de la Bible.
Mais l’universalité du mariage ne devrait pas nous conduire à le considérer seulement comme une coutume ou comme étant doté d’une fonction utilitaire, un acte important pour la société, aussi longtemps qu’il continue à remplir une fonction sociale utile. Non, le simple fait que le mariage ait été institué par Dieu, et non par nous, nous rappelle qu’il est une institution sacrée que nous n’avons pas le droit d’altérer. C’est pour cette raison que la Bible utilise le langage du mariage pour décrire le lien sacré d’amour et d’intimité qui existe entre Dieu et Israël, entre Christ et son Église.
Ainsi, une compréhension bibliquement fidèle du mariage, insistera sur ces deux allégations : le mariage est pour tout le monde et le mariage est saint.
Que suis-je en train de faire lorsque j’assiste à un mariage ?
Nous sommes maintenant en mesure de réfléchir au type d’action que nous accomplissons quand nous allons à un mariage.
1. Nous approuvons.
Nous avons déjà vu que, dans les Écritures, le mariage implique un lien d’engagement solennel et publiquement reconnu. La communauté, par sa présence, affirme la légitimité du lien matrimonial établi. C’est pourquoi, dans certaines anciennes liturgies de mariage, il est demandé à l’assemblée « Si quelqu’un a quelque raison légitime de s’opposer à ce mariage, qu’il parle maintenant, ou se taise à jamais ».
Nous ne sommes pas de simples spectateurs lorsque nous assistons à un mariage. Nous sommes des témoins. Nous attestons de la légitimité de l’union qui s’établit devant nous.
2. Nous célébrons.
Les mariages sont des occasions festives. Interrogé sur le jeûne (signe habituel de deuil), Jésus a répondu qu’il n’était pas approprié pour les invités d’un mariage de jeûner alors que l’Époux était présent (Luc 5:34–35). Jésus parlait de lui-même – physiquement présent au milieu de ses disciples – mais l’utilisation de cette image pour illustrer cette idée ne fonctionne que parce que tout le monde sait que les mariages sont des occasions de célébration, et non de deuil. Ce sont des occasions de réjouissances.
Et puisque, dans leur caractère et leur intention scripturaires initiaux, ils sont également sacrés, cette célébration s’exprime de manière appropriée dans la louange au Dieu trinitaire. C’est lui qui, dans sa grâce commune, a prévu le mariage pour notre bien-être et notre confort. C’est lui qui lie le couple et qui bénit leur union. Ainsi, quand nous célébrons le bonheur du couple, élevons aussi nos cœurs dans une joyeuse adoration envers Dieu, qui déverse sa grâce sur nous.
3. Nous renouvelons nos propres vœux.
Lors d’un mariage, nous ne sommes pas censés être des spectateurs accessoires, simples observateurs de l’action qui se déroule devant eux, entre l’officiant et le couple heureux. Nous sommes censés participer.
Plus précisément, en assistant à un mariage, nous sommes formés et instruits sur la nature et la valeur du mariage ; et nous sommes appelés, explicitement ou implicitement, à renouveler nos propres engagements de fidélité, d’amour et de chasteté dans le mariage et de satisfaction dans le célibat.
4. Nous entendons (et voyons) l’Évangile.
Tout mariage légitime entre un homme et une femme porte en lui, au moins, une résonance de l’alliance que Dieu établit avec son peuple en Christ. Mais dans le mariage chrétien, cette alliance est particulièrement claire, car nous parlons alors ouvertement de l’amour de Christ, l’Époux, qui s’est donné lui-même pour son Église, l’Épouse, à la croix. Lorsque les vœux sont prononcés et que nous entendons chacun promettre « Je le veux », nous sommes censés entendre la promesse d’alliance que Dieu nous a faite en Jésus-Christ « dans la joie et dans la tristesse, dans la maladie et dans la santé, dans l’abondance et dans la pauvreté », aujourd’hui et pour l’éternité.
Dois-je assister à ce mariage ?
Si nous réalisons au moins ces quatre actions quand nous participons à un mariage, avant d’accepter d’y aller, nous avons besoin de nous demander si nous pouvons y assister en toute conscience.
Étant donné qu’assister à un mariage signifie plus que simplement faire acte de présence, mais qu’il s’agit réellement de manifester son approbation, nous devrions nous demander si cette union en particulier est une union à laquelle nous pouvons ajouter notre voix, avec joie et une conscience à la fois claire et bibliquement informée. Si assister à un mariage signifie participer à la cérémonie et exprimer sa joie, cette union en particulier peut-elle être célébrée devant le Seigneur ? Si assister à un mariage signifie être conforté dans ses propres convictions sur le mariage, cette cérémonie de mariage – et l’union qu’elle établit – est-elle une cérémonie qui vous orientera, vous et les autres, dans une direction biblique ? De telles questions peuvent nous aider à évaluer si dire « oui » à une invitation à un mariage est une décision qui honore Dieu.
Étant donné qu’assister à un mariage signifie plus que simplement faire acte de présence, mais qu’il s’agit réellement de manifester son approbation, nous devrions nous demander si cette union est une union à laquelle nous pouvons ajouter notre voix avec une conscience éclairée.
Bien sûr, nous devons être conscients qu’une décision de ne pas assister à un mariage pourrait entraîner de la confusion et de la souffrance, et qu’elle pourrait coûter cher à nos relations. Pourtant, dans le contexte culturel actuel, ce sont des décisions que les chrétiens seront amenés à prendre de plus en plus fréquemment. Nous devons trouver un moyen d’ajuster nos attentes, et de considérer ces décisions comme faisant partie intégrante du prix à payer pour un disciple. Cela dit, s’il s’avère que nous ne pouvons pas, en toute bonne conscience, assister à un mariage, nous devrions faire tout notre possible pour manifester notre amour toujours intact et notre intérêt pour le couple d’une autre manière, alors que nous cherchons à étendre et à communiquer la grâce de Christ à des personnes brisées qui portent l’image de leur Créateur.
Être invité à un mariage est à la fois un honneur et une responsabilité. Disons « oui » quand nous le pouvons et « non » par amour pour le Christ, qui nous appelle à aimer notre prochain en l’aimant lui d’abord.