Comme chaque été, trois de mes petits-enfants m’ont récemment rendu visite dans le sud-ouest caniculaire. Leurs chaperons (leurs parents) les ont accompagnés et j’en étais ravi.
Chaque fois que deux ou trois de mes petits-enfants passent plus de 24 heures avec moi, je saisis l’occasion de répéter et jouer une pièce de théâtre ou de revisiter « L’école biblique estivale de Dr Pépé ». Durant leur séjour, l’aînée a fêté son cinquième anniversaire. Ses frères ont deux ans et neuf mois. Ils sont un peu jeunes pour Le roi Lear, alors j’ai opté pour l’école biblique.
Avant de repartir chez eux, ils connaissaient les quatre visages des chérubim (et les gestes), l’abrégé du récit de la création, les structures de base de la création et le résumé du livre de Genèse. Lors de leur prochaine visite, nous verrons l’Exode et nous ferons semblant d’offrir des sacrifices d’animaux.
J’enseigne à des petits enfants – en général les miens – depuis plus de 35 ans, en fait, depuis que mon fils le plus vieux est enfant. Au fil des années, j’ai appris quelques trucs. En voici trois.
Raconter des histoires bibliques
Dieu a parlé à Israël de diverses manières (Hé 1.1-3). Il a déclaré sa loi du mont Sinaï, sa sagesse à travers les rois, des paroles enflammées et percutantes à travers les prophètes et enfin il s’est dévoilé à travers son Fils, la Parole. L’ordre du canon reflète l’ordre selon lequel Israël (et l’humanité) a atteint la maturité en passant de l’esclavage de l’enfance à la liberté de l’âge adulte (Ga 4), de prêtre à roi, à prophète, jusqu’à la stature parfaite en Christ.
L’histoire biblique de la maturation commence par un long livre d’histoires et ce n’est pas un accident. C’est le début de notre histoire. Avant d’apprendre à parler, marcher et utiliser notre raisonnement abstrait, nous avons appris des histoires. Il n’y a pas de meilleur parent que Yahweh. Avant de recevoir la Torah, le tabernacle, les complexités du système de sacrifices, un pays ou une monarchie, Israël a reçu des histoires, des histoires familiales dramatiques.
Lorsque mes enfants étaient jeunes, nous prenions des temps de louange presque tous les soirs après le souper. J’ouvrais ma Bible sur mes genoux et racontais une histoire. Nous avons commencé au début de Genèse et nous avons continué jusqu’à la fin d’Actes, puis nous sommes retournés à Genèse et ainsi de suite. Je ne peux pas dire combien de fois nous l’avons fait, mais j’ai répété l’exercice souvent parce qu’il y avait toujours de nouveaux enfants. Quand mes enfants étaient plus vieux, nous avons terminé le reste du Nouveau Testament et avons lu des passages ensemble. Au début, j’essayais de les garder accrochés à la Bible en racontant des histoires.
Nous sommes tentés de passer par-dessus les histoires et de passer directement au noyau moral. Nous sommes tentés d’ignorer les détails pour abréger le contenu doctrinal. Les Écritures nous enseignent des leçons morales et les histoires de la Bible ont une portée doctrinale. Nous devrions enseigner tout cela à nos enfants. Toutefois, Dieu nous a donné des histoires parce qu’il veut que nous les lisions, les racontions, les appliquions et les vivions.
Donc, commencez par les histoires. Ils s’en souviendront.
Représenter Jésus
Dans les 40 jours entre sa résurrection et son ascension, Jésus a enseigné la Bible à ses disciples (Luc 24). Il a enseigné deux de ses disciples sur le chemin d’Emmaüs, puis les onze autres. Luc nous dit que Jésus a enseigné l’Ancien Testament en entier : Moïse, les prophètes (anciens et récents) et les Psaumes. Il leur a enseigné « tout ce qui le concernait. » Nous le tenons de Jésus lui-même : toute la Bible parle de lui.
La Bible est un recueil de livres, une grande histoire qui contient beaucoup de petites histoires. Toutes ces petites histoires se rattachent à la grande histoire, parce qu’elles font toutes partie de l’histoire de Jésus. Elles sont comme des pièces de casse-têtes. Une fois les pièces assemblées, comme le disait Irénée, on y découvre le portrait d’un roi glorieux et magnifique.
Quels types de pièces de casse-tête devrions-nous chercher ? Pour commencer, cherchez les personnages. Démontrez-leur comment Jésus a été un meilleur Adam en résistant au diable dans le désert alors qu’Adam avait échoué dans un jardin. Démontrez-leur que Jésus a été attaqué par ses frères comme Abel par Caïn et Joseph par ses frères. Montrez-leur comment Samson a conquis au moment de sa mort comme Jésus sur la croix. Lorsque vous parlerez de Jérémie, le prophète qui pleurait, ils pourront se rappeler que Jésus a pleuré.
Cherchez aussi les évènements récurrents. Au début de l’évangile de Matthieu, Jésus s’enfuit en Égypte pour échapper à un roi qui veut le tuer. Il revient, vieillit, est baptisé dans le Jourdain, entre dans le désert pour être tenté, puis il enseigne la loi au sommet d’une montagne. Il revit l’histoire d’Israël : l’esclavage en Égypte, l’assaut de Pharaon sur les bébés israélites, l’exode et le désert et enfin Sinaï et la loi. Si vous êtes assez braves pour passer à travers Lévitique, rappelez-leur constamment que Jésus s’est offert comme sacrifice ultime et parfait pour nous réconcilier avec le Père.
La Bible ne fait pas que connecter tout le monde et toute chose à Jésus. Elle connecte tout le monde et toute chose ensemble. Noé est lui aussi un nouvel Adam ainsi qu’un aperçu de Jésus. David combat comme l’un des juges, Ézéchias est un nouveau David et Jérémie est comme Moïse.
J’ai souvent dit à mes enfants : « Wow ! C’est la première fois que cela se produit dans la Bible. C’est la première fois qu’on voit un personnage comme cela ! » ou « Wow ! C’est la première fois que quelqu’un mourrait d’un traumatisme crânien grave » en racontant l’histoire de David et Goliath. « C’est la première fois que quelqu’un se noyait. C’est la première fois que quelqu’un était si près de la mort et est revenu à la vie. C’est la première fois qu’un homme a rencontré sa femme au puits. » Ils savaient que c’était généralement le contraire et ils me répondaient : « Non ! D’autres personnes sont décédées de coups à la tête » et ils m’énuméraient Sisera et Abimélec, puis la tête du serpent. « Tous les hommes rencontraient leur femme à un puits ! »
Les enfants exercent naturellement la typologie. Ils arrêtent de le faire seulement lorsqu’on les en décourage. Ils ne connaissent pas le mot typologie, mais ils savent jouer. Essayez-le.
Chanter la Bible
Il y a quelques années, alors que je servais comme pasteur en Idaho, j’animais l’école biblique pour les enfants d’âge primaire de l’église. J’avais écrit un assortiment de chants pour les aider à apprendre les structures de base de la théologie biblique. J’ai été lent à reconnaître la puissance du chant, mais maintenant je n’essaierais jamais d’enseigner aux enfants d’une autre manière. Chanter ou chantonner rend la Bible viscérale et rythmique. Ainsi, la Bible imprègne la tête et le corps de l’enfant.
J’ai essayé de composer des chansons amusantes. Mon but n’était pas de faire de belles chansons. Je voulais qu’elles frayent le chemin de la lecture et de la méditation bibliques qui les guiderait en vieillissant. Je ne voulais pas qu’ils mettent la Bible de côté en pensant qu’elle est seulement pour les enfants.
Laissez-moi vous donner un exemple. Le livre de Genèse commence par trois chutes qui culminent dans la grande dé-création du déluge. Après le déluge et Babel, l’histoire met l’accent sur trois patriarches, qui entament la restauration du monde en renversant les trois chutes. Voici ma chanson (les syllabes en gras sont accentuées) :
Adam, Caïn et les fils de Dieu
(les trois chutes)
WOUSH ! (déluge ; balayer de la main comme un déluge)
Babel
Abraham, Jacob, Joseph (les trois patriarches)
Adam pèche en désobéissant à Yahweh, alors qu’Abraham obéit même lorsque son fils est en jeu. Caïn tue Abel ; Jacob est un Abel qui échappe à son frère Ésaü qui veut le tuer. Les fils de Dieu marient les filles des hommes et corrompent le monde ; Joseph résiste à la séduction et nourrit les nations.
Le compositeur Jamie Soles est l’un des meilleurs chanteurs de la Bible. Avec ses nombreux albums, il fera chanter vos enfants l’ABC de la Bible, les récits étranges des Benjamites qui ont besoin de femmes et des passages répétitifs comme Nombre 7, qui dressent la liste des mêmes choses à multiples reprises. Il n’est pas le seul, mais peu chantent les Écritures aussi concrètement que Soles.
Enseigner la Bible
Cette leçon est probablement la plus importante de toutes : j’ai vite appris à ne pas sous-estimer ce que les enfants peuvent apprendre des Écritures. Ils ont la capacité d’apprendre plus qu’ils le croient. De plus, ils peuvent le faire en s’amusant.
J’ai réalisé que les enfants répondent à la voix de leur Père sans hésiter tant que je n’oublie pas de leur enseigner la Bible plutôt que d’utiliser la Bible pour leur enseigner autre chose.
Cet article a été initialement publié sur The Gospel Coalition. La traduction est publiée ici avec permission.