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Note de l'éditeur : 

Revue en 3 parties :

La psychologie sexualisée et la sexualité politisée

La sexualité, un acte à l’origine intime et privé, est désormais omniprésente. Comment expliquer le besoin incessant de promouvoir son orientation sexuelle ? Parce que de nos jours, le désir sexuel définit notre identité. Comment en est-on arrivé là ?

Sigmund Freud : malgré les nombreuses réfutations de ses théories, ce psychanalyste influença la pensée occidentale en soutenant que le bonheur humain repose sur la sexualité. En rejetant l’idée d’une structure morale innée chez l’être humain, Freud estime que tous les individus partagent un élément commun : l’évasion de la douleur et la quête du plaisir, les relations sexuelles constituant le plaisir ultime. Ainsi, le désir sexuel se retrouve au cœur de l’identité humaine.

Toutefois, pourquoi la société impose-t-elle généralement autant de restrictions sur le comportement sexuel ? Selon Freud, bien que la morale ne soit pas objective, elle reste conventionnelle et joue un rôle essentiel dans le maintien de notre civilisation. Alors que Rousseau croyait qu’un retour à notre nature intérieure serait bénéfique, Freud pensait que cela entraînerait une société cruelle et violente, où les individus les plus puissants chercheraient à satisfaire leurs désirs sexuels sans aucune limite. La culture permettrait donc aux humains d’échanger une partie de leur liberté, en réprimant et en réorientant leurs désirs sexuels, contre un certain degré de sécurité. Le bonheur devient donc inaccessible. 

Wilhelm Reich : ce psychanalyste réussit à concilier la vision optimiste de la société de Marx avec la perspective plus pessimiste de Freud : les normes sexuelles favorisent la stabilité de notre société. Mais elles sont également façonnées par le contexte social dans lequel nous évoluons, et contribuent à maintenir les hiérarchies sociales, notamment en renforçant le pouvoir et l’influence de la famille patriarcale. Ainsi, pour atteindre une véritable liberté, les codes sexuels doivent être remis en question. Étant donné que la famille et l’Église constituent des obstacles à cette liberté, il incombe à la société de mener cette révolution, faisant de la sexualité une question politique.

La révolte des masses

Ainsi, comment les idées de ces penseurs ont-elles fini par influencer l’imaginaire social du citoyen occidental ordinaire ? Il y a 1000 ans, le monde pouvait sembler figé : nous mourions là où nous étions nés et poursuivions le métier de nos ancêtres. Aujourd’hui, le monde paraît malléable : nous avons la possibilité de le façonner selon notre volonté. L’évolution de la technologie agricole, de la médecine et des transports ont grandement contribué à ce changement. Grâce à la technologie, l’homme moderne peut donner un sens au monde. Cela a inévitablement entraîné l’effondrement des sources traditionnelles d’autorité et d’identité externes, telles que l’Église, la famille et la nation.

La Réforme qui a mené à la liberté religieuse, la littérature populaire imprégnée de mépris pour la foi, ainsi que les divers scandales de l’Église catholique, ont largement contribué à l’impopularité du christianisme. 

De plus, les films et les séries représentant fréquemment des familles dysfonctionnelles, les changements juridiques facilitant le divorce, ainsi que la généralisation des familles monoparentales ou recomposées, ont contribué à affaiblir la stabilité et l’autorité familiales. 

Enfin, la remise en question du mythe des origines, l’augmentation des flux migratoires qui bouleversent le récit national, et les avancées technologiques permettant de s’impliquer dans des conflits lointains, ont soumis l’État-nation à de fortes pressions. 

Si ces trois sources d’autorités s’effondrent, comment définir notre identité ? Selon l’auteur, « [p]rivé de ces marqueurs externes, on se replie encore plus sur soi. ». En Occident, la notion d’ordre sacré a largement disparu, laissant un vide en matière d’autorité morale après le déclin de l’autorité de l’Église, de la nation et de la famille. Ainsi, l’autorité devient subjective, et la morale tend à se reposer sur une forme de pragmatisme. La facilité d’accès à la contraception et à la pornographie a créé un contexte favorable au développement des idées de Freud : notre identité est désormais largement fondée sur notre sexualité.

A suivre

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