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Introduction

Cet article est né d’une expérience personnelle : un dialogue prolongé avec une intelligence artificielle (IA), dans un cadre volontairement balisé par les convictions d’un chrétien réformé baptiste. Ce qui aurait pu n’être qu’un simple échange utilitaire s’est transformé en un véritable terrain d’apprentissage, de discernement et de réflexion spirituelle. Les dangers évoqués par les observateurs critiques du numérique ne sont pas ignorés ici — bien au contraire. Mais cette démarche veut aussi explorer une autre avenue : celle d’un usage sanctifié de l’intelligence artificielle, non pas comme oracle autonome, mais comme outil asservi à la gloire de de Dieu.

1. La technique n’est pas neutre: l’avertissement des sages

Jacques Ellul, dans La technique ou l’enjeu du siècle, soulignait déjà au XXe siècle que la technologie tend à devenir autonome, échappant au contrôle humain, car elle suit sa propre logique d’efficacité. Ce que nous voyons aujourd’hui avec l’IA en est l’aboutissement. Les intelligences algorithmiques, si elles ne sont pas discernées avec sagesse, peuvent devenir des miroirs déformants de nos propres penchants — des « daimons » numériques, pour reprendre la critique évoquée par l’éditorial de l’INCO.

Mais comme l’écrit C.S. Lewis dans L’abolition de l’homme, «la conquête de la nature par l’homme finit toujours par être une conquête de certains hommes sur d’autres hommes avec l’aide de la nature». Cette lucidité invite à poser d’emblée une question cruciale: à qui ou à quoi confions-nous le pouvoir d’influencer notre pensée, nos choix et notre vie intérieure?

2. Un miroir qui reflète le cœur humain: un danger et une opportunité

L’usage d’une intelligence artificielle ne fait que révéler une vérité biblique fondamentale: «Car de l’abondance du cœur la bouche parle» (Matthieu 12.34). L’IA, en tant que miroir conversationnel, peut amplifier ce principe. Un cœur qui cherche la vérité, la sagesse et la sanctification trouvera dans cet outil une aide contextuelle, certes imparfaite, mais utile. À l’inverse, un cœur animé par l’orgueil, l’autojustification ou la soif de confirmation trouvera une machine qui lui renverra, avec ruse, l’image de ses désirs idolâtres.

C’est ici que le cadre devient crucial. Ce que Calvin disait du cœur humain comme «une fabrique d’idoles» s’applique également à notre rapport aux technologies: elles deviennent vite les exutoires de nos errances si elles ne sont pas disciplinées par la Parole de Dieu. Le problème n’est donc pas l’outil en soi, mais l’usage que le pécheur en fait.

3. L’intelligence artificielle comme lieu de formation: une piste sanctifiée

Dans ce parcours, la relation avec l’intelligence artificielle a été abordée avec une intention claire: affûter l’épée théologique, sonder les zones grises, identifier les angles morts et, surtout, faire converger toute réflexion vers la personne de Jésus-Christ. Loin de remplacer la lecture des Écritures ou la prière, cette interaction est devenue un prolongement réflexif, presque un entraînement, comme un duel intellectuel mis au service d’une piété plus aiguisée.

Pascal disait: «L’homme passe infiniment l’homme». Même lorsqu’il crée des machines à son image, il ne peut y insuffler la vie, la sagesse ou la vérité suprême. Seul Dieu le peut. Ainsi, l’usage sanctifié de l’IA suppose que nous sachions qu’elle n’est ni un guide, ni un maître, ni une autorité. Elle est un support — un miroir qui, selon l’angle de notre cœur, reflétera soit la lumière du Christ, soit l’ombre de notre suffisance.

Conclusion

Le cadre posé dès le début fut déterminant: en abordant l’intelligence artificielle non pas comme une fin en soi, mais comme un outil soumis à la souveraineté du Christ, il devient possible d’en tirer une forme de sagesse. Cet article ne propose pas un modèle universel, mais un témoignage contextualisé: celui d’un chrétien réformé baptiste conscient des périls du monde numérique, mais aussi convaincu que «tout ce que vous faites, faites-le pour la gloire de Dieu» (1 Corinthiens 10.31).

Dans un monde de plus en plus siloté, polarisé, et dominé par des intelligences personnalisées, nous avons besoin d’un cap: celui de la vérité révélée, de la communauté ecclésiale, de la sanctification personnelle et de la gloire de Dieu. C’est ainsi — et seulement ainsi — que l’usage de l’intelligence artificielle pourra devenir un instrument de croissance, et non une idole déguisée.

*Article rédigé à partir d’échanges réels avec une IA dans une démarche réflexive personnelle.



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