De temps en temps, Kevin DeYoung essaie de publier des articles courts comme celui-ci, qui constituent une brève introduction à un sujet de théologie systématique. L’objectif est la clarté. L’approche est la concision. L’idée qui la conduit est de présenter de grands concepts théologiques dans un format d’environ 500 mots (parfois 1000).
La doctrine de l’expiation limitée – le L de TULIP [1] enseigne que le Christ ne rachète effectivement de tous les peuples « que ceux qui ont été choisis de toute éternité pour le salut » (Canons de Dort, II.8). Comme l’explique Ursinus dans son commentaire du Catéchisme de Heidelberg, Christ est mort pour tous « en ce qui concerne le fait que son sacrifice était suffisant, mais non en ce qui concerne l’application de ce sacrifice ». En d’autres termes, la mort du Christ était suffisante pour expier les péchés du monde entier, mais la volonté de Dieu était que, dans les faits, elle rachète ceux et seulement ceux qui avaient été choisis de toute éternité et donnés au Christ par le Père.
L’expression « rédemption particulière » est souvent considérée comme plus favorable, car le but de la doctrine n’est pas de limiter la miséricorde de Dieu, mais de préciser que Jésus n’est pas mort à la place de tous les pécheurs de la terre, mais pour son peuple en particulier. Le bon berger donne sa vie, non pas pour les boucs, mais pour les brebis (Jean 10:11). C’est pourquoi Jean 6 dit que Jésus est venu sauver ceux que le Père lui avait donnés, que Matthieu 1:21 dit qu’il est mort pour son peuple, Jean 15:13 pour ses amis, Actes 20:28 pour l’Église, Éphésiens 5:25 pour son épouse, et Éphésiens 1:4 pour ceux qui ont été choisis dans le Christ Jésus.
La doctrine de la rédemption particulière mérite d’être définie et défendue car elle touche au cœur même de l’Évangile. Devons-nous dire « le Christ est mort pour que les pécheurs viennent à lui » ? Ou, « le Christ est mort pour les pécheurs » ? L’œuvre de Christ à la croix a-t-elle permis aux pécheurs de venir à Dieu ? Ou bien l’œuvre de Christ à la croix a-t-elle réellement réconcilié les pécheurs avec Dieu ? En d’autres termes, la mort de Jésus-Christ nous rend-elle susceptibles d’être sauvés ou nous sauve-t-elle ?
Si l’expiation n’est pas particulièrement et uniquement pour les brebis, alors soit nous sommes face à la doctrine de l’universalisme – Christ est mort à la place de tout le monde et tout le monde est donc sauvé – soit nous sommes face à une substitution incomplète. « On nous dit souvent que nous limitons l’expiation de Christ », observe Spurgeon, « parce que nous disons que l’œuvre de Christ n’était pas suffisante pour tous les hommes , sinon tous les hommes seraient sauvés ». Mais, selon Spurgeon, c’est la conception de l’expiation selon laquelle personne en particulier n’a été sauvé à la croix qui limite en fait la mort de Christ. « Nous disons que le Christ est mort pour assurer de façon infaillible le salut d’une multitude qu’aucun homme ne peut dénombrer et qui, par la mort de Christ, non seulement peut être sauvée, mais est sauvée, doit être sauvée et ne peut en aucun cas courir le risque d’être autrement que sauvée ».
Christ ne vient pas à nous en disant simplement : « J’ai fait ma part. J’ai donné ma vie pour tout le monde parce que j’ai en moi un amour désireux de sauver tout le monde dans le monde entier. Maintenant, si vous voulez seulement croire et venir à moi, je peux vous sauver ». Au lieu de cela, il nous dit : « J’ai été blessé à cause de vos transgressions. J’ai été brisé à cause de vos fautes (Ésaïe 53:5). J’ai racheté pour Dieu, par mon sang, des hommes de toute tribu, de toute langue, de tout peuple et de toute nation (Apoc. 5:9). J’ai porté moi-même vos péchés dans mon corps à la croix afin que, libérés du péché, vous viviez pour la justice. C’est par mes blessures que vous avez été guéris (1 P. 2:24).
« Amour incroyable ! » a écrit un jour un grand arminien : « Comment se peut-il que toi, mon Dieu, tu meures pour moi ? » Louange à notre Bon Berger qui a non seulement rendu notre salut possible, mais qui a supporté la colère de Dieu dans son corps et dans son âme, qui s’est chargé de la malédiction et qui a donné sa vie pour les brebis.