Parce que j’ai été formé pour la profession de travailleur social, je présupposais, pendant bien des années, que le soin pastoral était le terme correspondant au travail social dans l’église. Il s’agissait de la visite aux malades, du secours aux pauvres, du conseil aux personnes en difficulté, du développement de liens d’amitié avec les personnes seules, de s’occuper des nécessiteux et d’aider les gens à résoudre leurs problèmes. C’est ce que les pasteurs devaient faire. Les prédicateurs prêchaient, mais les pasteurs s’occupaient des besoins sociaux, relationnels, physiques, émotionnels (et parfois spirituels) des gens. C’est ce que je pensais et, pour être honnête, je pense que la plupart des chrétiens que je connaissais auraient été d’accord avec moi. Le problème, c’est que je n’avais jamais examiné la Bible à ce sujet. Nous devons examiner la définition que Dieu donne des soins pastoraux et permettre à sa parole de façonner nos priorités pastorales.
Dieu-le berger
Le terme pasteur vient du mot latin qui veut dire berger. Le ministère pastoral est le ministère qui consiste à paître le peuple de Dieu. Cette illustration du leadership se sert de l’image du berger pour décrire les rôles et les responsabilités de ceux qui conduisent le peuple de Dieu. C’est une idée qui trouve son origine en Dieu lui-même. Dieu est le berger et il conduit ses brebis là où il veut qu’elles aillent.
La description la plus célèbre de cette idée est sans doute celle du Psaume 23. Dans ce psaume, le berger conduit, guide, nourrit, réconforte et protège ses brebis. Le berger assure la sécurité éternelle de ses brebis.
Le berger assure la sécurité éternelle de ses brebis.
L’image du berger est aussi appliquée aux conducteurs d’Israël. Ils doivent conduire, guider, nourrir, consoler et protéger le peuple en enseignant et en vivant la Parole de Dieu au sein du peuple. Ils ont échoué lamentablement sur ce front-là. Au lieu de veiller sur les brebis, ils se sont nourris d’elles et les ont détruites. Dieu tient les dirigeants pour responsables de cette situation et déclare qu’il remplacera lui-même ces bergers oppressifs. Dieu agira pour sauver ses brebis et pourvoir à leurs besoins (Ézéchiel 34:7-11).
Dieu a fait la promesse particulière d’envoyer un berger tout spécial. Ce nouveau berger sera le Messie issu de la lignée de David et il gouvernera le peuple de Dieu et prendra soin de lui (Ézéchiel 34:23-24). Cela demeure l’espérance du peuple de Dieu tout au long de l’Ancien Testament et ce n’est que dans le Nouveau Testament que nous découvrons celui que Dieu avait promis.
Le bon berger
Jésus accomplit les promesses de Dieu formulées par Ézéchiel. Il est le Messie davidique, le Bon Berger qui va sauver les brebis (Jean 10:14-16). Il ne va pas seulement rassembler les brebis perdues d’Israël, mais aussi des gens de toutes les nations et les unir sous son autorité. La chose étonnante en ce qui concerne ce Berger est que, au lieu de massacrer les brebis, comme les dirigeants d’Israël l’avaient fait, il se laisse lui-même frapper à leur place. En mêlant les métaphores, le berger devient l’agneau du sacrifice.
Le plan de Dieu, à savoir sauver ses brebis et prendre soin d’elles, s’étend de Jésus à tous ceux qui vont conduire le peuple de Dieu sous l’autorité de Jésus. Jésus en tant que berger demeure le modèle à suivre.
Bergers/pasteurs
Le livre des Actes des Apôtres nous présente les débuts du ministère pastoral chrétien. Au fur et à mesure que l’Évangile se répand et que les églises se développent, des responsables sont mis en place pour superviser les congrégations. L’apôtre Paul a passé trois ans à servir de pasteur à l’église d’Éphèse, et il utilise l’image du berger/pasteur lorsqu’il encourage les anciens d’Éphèse à poursuivre son travail (Actes 20:28-32). L’église est précieuse pour Dieu. Elle a été achetée avec son sang. Elle lui appartient. Le soin pastoral du troupeau de Dieu est de la plus haute importance. Sachant cela, Paul exhorte les anciens d’Éphèse à enseigner la parole de la grâce de Dieu, afin de voir l’Église grandir en maturité, résister aux faux enseignements et persévérer jusque dans l’éternité. Telle est leur tâche pastorale. Paul s’était consacré à cette responsabilité et il appelle maintenant les anciens à faire de même.
Paul exhorte les anciens d’Éphèse à enseigner la parole de la grâce de Dieu, afin de voir l’Église grandir en maturité, résister aux faux enseignements et persévérer jusque dans l’éternité.
Avec la diffusion de l’Évangile et l’établissement des églises, des personnes sont régulièrement équipées et désignées pour veiller sur ces congrégations et prendre soin d’elles. Les lettres de Paul à Timothée et Tite sont spécialement appropriées pour comprendre le ministère pastoral. En fait, elles sont souvent décrites comme les lettres pastorales. Paul se préoccupe du futur, suscitant des dirigeants, façonnant leurs priorités, mettant l’accent à la fois sur leur vie et leur doctrine, leur caractère et leur enseignement. Il travaille pour s’assurer que l’Évangile reste au centre de la vie de l’église. Cela vaut la peine de prendre le temps de lire très attentivement ces trois épîtres afin de comprendre les priorités pastorales.
L’apôtre Pierre aussi encourage les soins pastoraux dans les églises. Il est préoccupé en ce qui concerne le cœur de celui qui est pasteur/berger et il adresse un appel à ses collègues anciens afin qu’ils laissent l’Évangile façonner leur attitude dans le ministère. Ils doivent être des serviteurs volontaires, généreux et zélés dans l’exercice du ministère pastoral au sein du troupeau, ayant constamment en vue le retour du Souverain Berger, le vrai Pasteur en chef, Jésus-Christ.
Le soin pastoral
À partir de cette revue rapide de ce qu’est la conception biblique du berger/pasteur nous pouvons faire apparaître quelques idées importantes.
- Dieu est le berger/pasteur suprême qui promet de conduire son peuple dans l’éternité avec lui.
- Jésus est le berger/pasteur désigné par Dieu qui donne sa vie afin d’amener son peuple en relation avec Dieu.
- Les bergers/pasteurs guident les autres au moyen d’un enseignement façonné par l’Évangile et font voir l’application de la parole de grâce de Dieu dans leurs propres vies.
- De ce fait, le but du soin pastoral est : sous l’autorité de Dieu, de conduire le peuple de Dieu, par la parole de la grâce de Dieu, vers l’éternité avec Dieu.
Dieu tient à ce que son peuple soit assuré de sa grâce dans cette vie, afin qu’il jouisse pleinement de sa bénédiction dans l’autre.
Je me doute que ce n’est pas ainsi que nous aurions décrit le soin pastoral. Cela ressemble davantage à un ministère d’évangélisation, d’enseignement, de formation de disciples et d’encouragement. Et oui, c’est le cas. C’est ce qui découle du cœur pastoral de Dieu. Ce que Dieu fait dans notre monde ne se limite pas aux dix, vingt ou même soixante-dix ou quatre-vingts prochaines années. Dieu rassemble son peuple pour l’éternité. Il tient à ce qu’ils soient assurés de sa grâce dans cette vie, afin qu’ils jouissent pleinement de sa bénédiction dans l’autre.
C’est la grâce qui m’a gardé en sécurité jusqu’ici,
et la grâce m’amènera à la maison.
et
quand nous serons là depuis dix mille ans, brillants comme le soleil,
nous n’aurons pas moins de jours pour chanter les louanges de Dieu que lorsque nous avons commencé. [1]
Le soin pastoral est un ministère de la grâce de Dieu pendant quelques années, concentré sur des personnes qui vont jouir de la grâce de Dieu pendant des milliards d’années. Telle est la perspective que nous devons avoir en vue.