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« Le christianisme et l’islam adorent le même Dieu et sont fondamentalement identiques. »

J’entends régulièrement cette affirmation dans mes efforts d’implantation d’églises à Dearborn, dans le Michigan. La ville de Dearborn a la particularité d’avoir la plus forte concentration d’Arabes en Amérique du Nord. J’entends le plus souvent cette phrase, ou une phrase similaire, dans la bouche de jeunes musulmans et musulmanes. Ils sont animés d’excellentes intentions. Ils essaient de combler le fossé entre nos cultures et nos religions. En effet, la compréhension et le respect mutuels entre nos religions sont indispensables.

Toutefois, cette affirmation repose sur une mauvaise compréhension des principes fondamentaux du christianisme.

Je dis souvent : « Je suis curieux. Quel est le ‘tronc’ commun au christianisme et à l’islam ? Qu’est-ce qui rend nos religions si semblables ? »

La réponse est généralement la suivante : « En fin de compte, nous essayons tous de vivre la meilleure vie possible pour plaire à Dieu et aller au paradis. »

Ma réponse est la suivante : « Et si je vous disais que le christianisme est beaucoup, beaucoup trop pessimiste pour croire cela ? En fait, je pense que le christianisme est la religion la plus pessimiste au monde. »

Le pessimisme au cœur du christianisme

Cette réponse pique souvent la curiosité. Ils veulent savoir sincèrement pourquoi je pense que les chrétiens sont si pessimistes. La conversation se déroule généralement de la manière suivante :

Eux : « Comment ça, les chrétiens sont pessimistes ? »

Moi : « Eh bien, vous avez dit que nous essayons tous de plaire à Dieu. Les chrétiens pensent que cela est impossible. A cause du péché, nous sommes totalement incapables de plaire à Dieu. »

Eux : « Alors comment les chrétiens pensent-ils que les gens finissent au paradis ? »

Si vous ne faites pas attention, vous risquez de prendre une telle question pour une opportunité d’évangélisation.

Je plaisante, mais il convient de noter qu’il ne s’agit pas d’une différence entre le christianisme et l’islam. Notre pessimisme profond à l’égard de la nature humaine distingue le christianisme de presque toutes les autres visions du monde. La plupart des religions et philosophies non chrétiennes proposent diverses stratégies pour tendre vers la perfection (ou du moins s’en rapprocher). Seul le christianisme insiste sur le fait que nous devons lever les mains en signe de défaite totale face à toute tentative d’autojustification.

Notre pessimisme profond à l’égard de la nature humaine distingue le christianisme de presque toutes les autres visions du monde.

Les mauvaises nouvelles donnent du sens aux bonnes

Une fois cette distinction fondamentale établie, de nombreuses différences entre le christianisme et l’islam peuvent être expliquées. En voici deux exemples :

Tout d’abord, les musulmans soutiennent que Jésus n’était pas le Fils de Dieu, mais simplement un autre prophète (dans une longue lignée) que Dieu a envoyé pour instruire son peuple. Selon la vision musulmane de la nature humaine, cette affirmation est tout à fait logique. Si nous sommes capables de plaire à Dieu par nous-mêmes, tout ce dont nous avons besoin, c’est d’un messager qui vienne nous dire ce que Dieu exige pour que nous puissions le mettre en œuvre. Il serait tout à fait exagéré que Dieu vienne nous donner ces instructions.

Deuxièmement, les musulmans ne croient pas que Jésus soit mort sur la croix. Après tout, Jésus était un grand prophète – Dieu n’aurait certainement pas permis qu’il soit déshonoré de cette manière. Quelqu’un d’autre a dû mourir à sa place, ou peut-être a-t-il seulement semblé mourir avant de ressusciter.

Là encore, il s’agit d’un point de vue parfaitement rationnel si les gens peuvent plaire à Dieu par eux-mêmes. La mort du Christ sur la croix n’a absolument aucun sens en dehors de la vision pessimiste que le christianisme a de la nature humaine.

Pouvez-vous imaginer une personne sacrifiant sa vie pour sauver quelqu’un qui n’est pas en danger ? Ce ne serait pas héroïque, mais absurde. Pour les musulmans qui ne partagent pas le point de vue chrétien selon lequel les humains ne peuvent pas plaire à Dieu par eux-mêmes, la mort du Christ sur la croix semble absurde.

Exposer cette différence peut ouvrir la porte à des conversations fantastiques.

La mort du Christ sur la croix n’a absolument aucun sens en dehors de la vision pessimiste que le christianisme a de la nature humaine.

Un nouvel éclairage

« Attends une minute », a interrompu mon ami Hassan au cours d’une de ces conversations. Hassan est un étudiant libanais que j’ai rencontré sur un campus de Dearborn. « Es-tu en train de dire que les chrétiens font de bonnes choses non pas pour aller au paradis, mais parce qu’ils sont tellement reconnaissants à Dieu de les laisser entrer au paradis grâce à Jésus ? »

C’était une idée totalement nouvelle pour Hassan. Il avait supposé que le christianisme et l’islam étaient fondamentalement identiques : des voies pour plaire à Dieu et entrer au paradis. Les différences se situaient simplement dans les détails sur la manière de suivre ce chemin.

Je lui ai dit que son évaluation du christianisme était correcte. Il a marqué une pause avant de s’exclamer : « C’est bien mieux ! » Il a poursuivi : « Je veux dire que si je fais de bonnes œuvres pour aller au paradis, ma motivation est égoïste. Mais dans le christianisme, les gens peuvent faire de bonnes actions sans penser à eux. »

Hassan n’est pas devenu chrétien ce jour-là, mais il a enfin compris ce que le christianisme – et surtout ce que le Christ – lui offrait. Pour la première fois, il a vu l’Évangile comme désirable, voire beau.

Une pertinence croissante

Cette discussion est pertinente au-delà des limites de Dearborn. L’idée que le christianisme et l’islam sont plus semblables que différents est largement répandue au sein de la communauté musulmane. Et bien que de nombreux Américains vivent dans des régions où la population musulmane est relativement faible, cette situation est susceptible de changer dans les années à venir. Il est important d’être prêt à engager avec nos voisins musulmans des conversations constructives sur notre foi. Un premier pas utile dans une telle conversation consiste à expliquer à quel point les chrétiens sont pessimistes quant à la nature humaine.

Qui sait, peut-être Dieu vous donnera-t-il l’occasion de montrer à quelqu’un pourquoi les mauvaises nouvelles peuvent donner un sens à la bonne nouvelle de l’Évangile ?

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