Un sujet ancestral
Les parents racontent à leurs amis et familles les mésaventures de leurs enfants depuis… et bien, probablement depuis aussi longtemps que les enfants existent. Cela semble avoir des effets psychologiques bienfaisants. On est en colère, frustrés, amusés, perplexes à propos de quoi faire par la suite, on se sent comme si on était tout seuls, ou comme si c’était nous contre eux – alors, on va le dire à quelqu’un et la vie paraît meilleure.
Ensuite est apparue la technologie – le téléphone – et les parents n’ont plus eu besoin d’attendre la prochaine réunion de famille, ou la prochaine fois qu’ils tombaient sur un ami dans un magasin, ou même jusqu’à ce que leur conjoint rentre à la maison. Ils pouvaient appeler quelqu’un sur le moment et la vie paraissait meilleure plus rapidement.
La prochaine étape dans la logique de la progression de la technologie fut de partager les mêmes types de choses sur les réseaux sociaux. En plus, les gens ont découvert qu’ils étaient doués pour manier les mots et les images, et donc transformer un moment désagréable en un post amusant qui obtient beaucoup de « likes ». Ou faire appel à la sagesse de notre communauté pour avoir de l’aide quand on se sent dépassés. Ou alors, on espère que peut-être notre enfant va comprendre le message et changer ce qu’il fait pour que nous arrêtions de l’exposer devant tout le monde.
Il n’y a rien de nouveau en ce que les parents parlent du mauvais comportement de leurs enfants, mais il y a des dangers sous-jacents qu’il faudrait considérer, en particulier parce qu’internet les amplifie.
Par exemple, pour trouver un post ou une vidéo amusante à propos de quelqu’un qui fait quelque chose de stupide, il faut éteindre toute émotion de sympathie qu’on aurait habituellement. On fait cela au cinéma ou quand nous lisons un livre en nous rappelant que « ce n’est pas la réalité ». Cela nous permet de rigoler quand un acteur de comédie tombe d’un toit en voulant accrocher beaucoup trop de décorations de Noël. Alors que, si cela arrivait à un voisin d’en face, nous appellerions les pompiers et nous nous précipiterions à son secours.
Une limite floue
Les réseaux sociaux brouillent la limite entre la réalité et l’imaginaire. Nous lisons et regardons des posts de personnes faisant des choses qui les blessent eux ou d’autres personnes, mais nous rigolons, ayant été conditionnés à réagir ainsi. Nous ne pensons pas à la douleur qu’ils ressentent, à leur honte, quelques regrets potentiels, ou les effets bien réels que leurs actions ont sur d’autres. Nous considérons ces personnes comme si elles n’étaient pas réelles – nous les objectivons en les consommant pour notre divertissement. Cela n’est probablement pas la façon dont vous voulez que les autres personnes pensent de vos enfants.
Mais qu’en est-il si vous postez quelque chose sur eux parce que vous avez vraiment besoin d’aide ? Après tout, les Proverbes nous disent qu’il est sage d’avoir plusieurs conseillers (Pr 11.14 ; 15.22). Mais voici le problème : comment savoir si nous nous sommes entourés d’amis qui font preuve de sagesse et qui peuvent nous aider ou d’amis idiots qui ne feront rien d’autre que de blesser (Pr 13.20) ?
La difficulté avec internet, comme il démocratise l’information, c’est que cela demande de chacun d’entre nous de devenir expert lorsque nous tamisons ces informations, en séparant le blé de la bale. Le conseil que l’on obtient de quelqu’un peut nous paraître juste, mais comment savoir s’il est biblique ? Après tout, on demande de l’aide à des personnes qui ne font que nous estimer nous et nos enfants à travers un échantillon grandement sélectif de notre vie que nous avons filtré à travers la lentille de notre point de vue.
Une aide authentique ne vient pas d’une multitude de personnes qui n’ont accès qu’à une petite partie de notre vie présentée sous une forme grandement éditée. L’aide vient de personnes qui nous connaissent nous et/ou nos enfants, et qui ont un amour investi pour chacun de nous . Cela va dans le sens d’un groupe de conseillers bien ciblés, et non génériques.
Humiliation publique
Ou troisièmement, qu’en est-il si l’on essaie de punir ou de couvrir de honte notre enfant pour qu’il devienne une meilleure personne ? Un aperçu rapide des Écritures nous montre que Dieu n’agit pas de cette façon. C’est vrai qu’il expose un certain nombre des échecs de ses enfants, mais il ne le fait pas pour que ce soit un moment d’apprentissage pour eux, ni pour les couvrir de honte, mais pour nous instruire nous-mêmes et pour nous en faire bénéficier (1 Co 10.11). Il raconte leurs histoires pour augmenter notre confiance en ce qu’il peut nous fournir un moyen pour échapper aux mêmes types de tentations qu’eux.
Cela signifie qu’il y a des moments légitimes pendant lesquels nous pouvons être plus publiques avec l’histoire de quelqu’un, mais nous devons réfléchir non seulement à ce que nous postons, mais également à pourquoi nous le postons. Nous devons poster comme la Personne sage des Proverbes le ferait.
Le livre des Proverbes décrit des personnes sages comme étant celles qui font attention à leurs paroles – des personnes qui réfléchissent, qui sont intentionnelles et qui pèsent leurs mots avant de parler. Si des paroles sages étaient nécessaires dans le monde qui a précédé Internet, pensez à combien elles sont vitales dans cette ère de l’électronique où elles restent bien plus longtemps et atteignent bien plus de monde. Que vont penser les futures écoles de nos enfants ou leurs futurs employés ou personnes d’intérêt concernant ce que nous avons l’intention de poster ?
L’article suivant est une traduction de l’anglais, publié sur le site Crossway : Why Your Child’s Misbehavior Shouldn’t Be Your Next Social Media Post