Au cours des quelques mois à venir, je vous propose de voir comment le fruit de l'Esprit se manifeste dans notre témoignage quotidien. Pour ce faire simple, nous allons suivre Galates 5.22-23, passage bien connu, prendre chaque « fruit » et nous poser la question : comment sommes-nous transformés dans notre témoignage par la vertu dont on parle. Commençons aujourd'hui par le dernier terme de cette fameuse liste…
La tempérance
Le fruit de l'Esprit, c'est la tempérance. Les autres traductions parlent tour à tour de maîtrise de soi, de fidélité, ou encore de foi. À quoi l'apôtre Paul fait-il référence ici ? Les philosophes grecs voyaient en la « tempérance » une maîtrise de soi face aux tentations et aux passions humaines, ce qui nous aide à comprendre le terme utilisé par Paul. La maîtrise de soi, c'est la capacité à demeurer maître de ses propres émotions, de ses propres actions.Cette maîtrise de soi était l'une des choses les plus importantes pour de nombreux philosophes grecs comme Socrate, Platon ou Aristote. Ce dernier, dans son Éthique à Nicomaque, parle longuement de cette vertu importante. Alors, bien sûr, cela ne signifie pas que Paul avait le livre d'Aristote sous la main lorsqu'il écrivait sa lettre aux églises de Galatie, mais que la « maîtrise de soi » est une vraie caractéristique de base de la vie chrétienne. On peut alors facilement rejoindre le philosophe Elie Wiesel lorsqu'il dit : « En fin de compte, la seule force à laquelle nous devrions aspirer est celle que nous exerçons sur nous-mêmes ».
Un témoignage « sous contrôle »
Vous avez peut-être fait une expérience de ce genre : vous rencontrez quelqu'un dans la rue, ou vous entamez une conversation avec une connaissance non chrétienne. La conversation est agréable et bien animée puisque votre ami ne partage pas la foi que vous tentez d'expliquer. Mais ce n'est pas le plus frustrant. Car après tout ce n'est pas la première fois que vous discutez avec quelqu'un qui ne partage pas la foi en Christ. Le plus frustrant, c'est que visiblement vous n'arrivez pas à vous comprendre. Et là, nous avons tous tendance à un moment ou un autre à perdre un peu notre sang froid. Nous perdons le contrôle de nous-mêmes et notre témoignage ou notre conversation apologétique se termine lamentablement. Que s'est-il passé ?
Avons-nous manqué de foi ? Pas forcément.
Avons-nous raté notre témoignage ? Pas nécessairement. Sans le savoir, nous avons peut-être planté là où quelqu'un d'autre arrosera et où Dieu fera plus tard germer la foi.
Alors, que s'est-il passé lorsque nous avons perdu le contrôle de nous-mêmes ? Tout simplement, nous nous sommes laissés emporter. Nous avons laissé les circonstances contrôler notre témoignage, notre attitude.
Témoignage et discipline
Comment garder notre témoignage, notre apologétique « sous contrôle » ? Laissez-moi souligner plusieurs choses :
- C'est une question de discipline : être maître de soi, c'est s'exercer à contrôler ses réactions et ses émotions. Ce n'est d'ailleurs pas pour rien si le terme utilisé par Paul servait en partie à décrire l'entraînement des athlètes dans le monde gréco-romain. De même nous devons exercer notre propre « tempérance ». Cette discipline se pratique aussi beaucoup dans nos églises, car c'est souvent là que nous trouverons l'occasion de mettre en action la « maîtrise de soi » !
- Ensuite, il nous faut poursuivre notre apologétique : c'est en persévérant que nous arriverons de plus en plus à maîtriser nos réactions et nos émotions. Rien ne se fait de manière immédiate et automatique. Dans cette entraînement spirituel, nous ne devons pas oublier de compter sur l'œuvre de celui qui nous transformer de l'intérieur : le Saint-Esprit.
- Et finalement, nous devons avoir plus confiance en Dieu qu'en nous-mêmes. Manquer de « tempérance » en apologétique, c'est souvent un signe que nous mettons notre confiance en notre propre capacité à convaincre les autres. Nous nous contrôlons moins lorsque nous sommes confrontés à ce qui nous semble être une terrible réalité : ce que nous disons ne suffit pas. Et lorsque nous nous rendons compte que, seuls, nous n'y arriverons pas, nous pouvons perdre notre sang-froid. Dans ces situations, seule une confiance en la souveraine présence de Dieu peut nous aider à garder la maîtrise de nous-mêmes.
Comment ?
Très bien, mais comment pouvons-nous faire preuve de tempérance dans notre apologétique ? Là aussi je voudrais mentionner trois points assez brefs :
- Continuons à faire face à ces choses qui souvent nous font perdre le contrôle de nous-mêmes. Nous avons tous des points plus ou moins sensibles. Vous savez, ces choses qui nous font réagir de manière automatique, sans qu'on ait le temps de s'en rendre compte. Dans nos conversations apologétiques ce sera la même chose. Certains sujets nous font facilement « perdre contrôle ». La discipline de l'apologète, c'est justement de savoir quand nous risquons de perdre le contrôle et consciemment nous appuyer sur le soutien intérieur de cet Esprit de force et de consolation.
- Choisissons bien les conversations apologétiques que nous aurons. Cela ne signifie pas que nous devrons éviter certaines personnes. Mais la tempérance c'est aussi faire preuve de retenue. Nous ne pouvons pas mener tous les combats apologétiques. L'un des grands dangers de l'apologète, de l'évangéliste, et finalement de toute personne qui témoigne de sa foi, c'est de vouloir toujours en faire plus, comme si son salut en dépendait. Ce qui est une forme d'orgueil spirituel.
- Enfin, ne sous-estimons jamais la place, le rôle, l'importance de la prière qui est une vraie communion de tous les instants avec Dieu. Comment garder le contrôle sur nous-mêmes ? Nous ne le pouvons pas sans l'assistance de l'Esprit de Dieu qui nous accompagne aussi dans nos prières. Ne rejetons pas un soutien si précieux dans cette mission si importante qu'est la présentation, la défense, l'explication de notre espérance.
Persévérons donc dans le témoignage de notre foi, avec la tempérance, ce fruit de l'Esprit. Continuons à démontrer dans notre vie quotidienne que nous sommes transformés intérieurement par cet Esprit de paix et de confiance.