Au cours de ma vie, j’ai vu l’Évangile de la prospérité gagner en popularité. Auparavant, il était prêché principalement dans de petites Églises pentecôtistes disséminées dans tout le pays. Aujourd’hui, c’est le message central de certaines des plus grandes Églises américaines. Il remplit des arènes et fait même l’objet de livres à succès. Il est devenu si répandu que ses excentricités sont un élément clé de la série américaine : The Righteous Gemstones[1] (sur HBO).
J’ai voyagé dans le monde entier et j’ai vu de mes propres yeux les effets dévastateurs de l’Évangile de la prospérité en Asie, en Afrique et en Amérique latine. Il promet la richesse matérielle et la santé physique à ceux qui font confiance à Dieu. Il laisse entendre et insiste souvent sur le fait que l’absence de richesse et de santé est liée à un manque de foi.
La plus grande tragédie de ce faux Évangile est que le Christ n’occupe pas une place centrale. Son expiation sacrificielle est remplacée par notre don sacrificiel. Sa glorieuse résurrection est remplacée par des aspirations à notre glorieux « succès ». L’Évangile de la prospérité est une véritable hérésie.
Pourtant, je pense que certains chrétiens qui lisent cet article risquent d’être exposés à un plus grand danger, plus proche d’eux que l’Évangile de la prospérité.
L’Évangile de la pauvreté
Est-il possible que certains d’entre nous, après avoir rejeté à juste titre l’Évangile de la prospérité, aient subtilement succombé à une autre croyance insidieuse ? Je l’appelle l’Évangile de la pauvreté – l’hypothèse selon laquelle Dieu ferait peu de choses par l’intermédiaire de nos Églises ou au cours de notre vie.
Nous ne nous attendons pas à ce que les gens viennent à la foi en nombre surprenant par l’intermédiaire de nos Églises. Nous ne nous attendons pas à voir une œuvre surprenante de l’Esprit de Dieu traverser nos Églises et renforcer la foi des fidèles. Nous ne nous attendons pas à voir l’Évangile progresser dans des lieux et parmi des personnes où l’Église est sous-représentée. Au final nous nous attendons à peu de choses. Et c’est peut-être ce que nous vivrons au cours de notre vie (Jacques 4:2b).
On ne nous a pas fait la promesse d’une Église avançant ou progressant de manière exponentielle. Ne devrions-nous pas nous attendre à ce que Dieu fasse plus que ce que nous pouvons demander ou penser (Ephésiens 3:20), tout en lui confiant le résultat final ?
Le bouclier de la facilité
Il est facile de comprendre pourquoi nous sommes attirés par l’Évangile de la pauvreté. En tant que pasteurs, nous voulons nous protéger de la déception. Si nous attendons de Dieu qu’il fasse de grandes choses mais que nos fidèles ne font que de petits pas ou n’enregistrent aucun progrès visible, nous nous désillusionnons sur nous-mêmes, et peut-être sur Dieu lui-même.
Nous avons également tendance à calibrer nos attentes à l’égard de Dieu en fonction de l’actualité. Il est facile pour les chrétiens de regarder les nouvelles et de conclure que le christianisme perd de son influence en Occident. Le pourcentage de chrétiens en Occident diminue et les chrétiens sont souvent en minorité sur les sujets culturels brûlants. Il n’est donc pas étonnant que l’Église occidentale ait l’impression de « rétrécir » plutôt que de s’épanouir.
Des faits viennent étayer ce sentiment. Le taux de croissance de l’Église est en train de diminuer. Les valeurs séculières deviennent la norme et les valeurs bibliques sont marginalisées.
Je ne vous demande pas de ne pas croire les infos ni de vous préparer à la déception. Je vous demande de croire au pouvoir salvateur de l’Évangile. Je vous demande de croire que le Christ peut utiliser nos Églises, nos prédications, nos prières et nos maigres dons pour accomplir des choses incroyablement étonnantes au cours de notre vie.
Je ne vous demande pas de ne pas croire les infos ni de vous préparer à la déception. Je vous demande de croire au pouvoir salvateur de l’Évangile.
Pourquoi se détourner de l’Évangile de la pauvreté ?
- Pour revigorer notre vie de prière, qui, de demandes habituelles pour des amis et la famille passerait à des demandes audacieuses de manifestations de la puissance transformatrice de Dieu.
- Pour changer nos attentes sur ce que la prédication et l’enseignement de la Parole de Dieu peuvent accomplir.
- Pour changer notre vision de ce que Dieu fera avec les dons financiers que nous attribuons à l’avancement de son royaume.
- Pour changer notre façon d’interpréter les événements qui se déroulent dans notre culture et les considérer comme la trajectoire de l’œuvre de Dieu dans le monde plutôt que comme des accidents de l’histoire.
Le monde ne devrait pas dicter ce que nous attendons de Dieu.
Tout est possible
Le monde ne devrait pas dicter ce que nous attendons de Dieu. Tout comme le scepticisme légitime à l’égard de l’Évangile de la prospérité ne doit pas nous amener à ne rien attendre de lui, la sécularisation de la culture occidentale ne doit pas étouffer notre espérance. Nous marchons par la foi et non par la vue (2 Corinthiens 5:7).
Après tout, il n’y a jamais eu de réveil auquel les gens s’attendaient – sinon ce ne serait pas un réveil ! Dans l’histoire de l’Église, la situation n’a jamais été la suivante : « Tout allait très bien et l’Église était formidable, puis Dieu a envoyé un réveil ». Non, les réveils sont une œuvre surprenante de Dieu. Ils suivent des saisons de pauvreté et de lutte. Nous ne pouvons tout simplement pas déduire de notre journée ce que Dieu fera le lendemain.
Mais la bonne nouvelle, c’est qu’il est souverain – donc tout est possible. Son Esprit omnipotent se déplace quand et où il le souhaite (Jean 3:8). Que nous soyons ou non témoins d’une croissance exponentielle dans notre culture, nous savons que la fin de l’histoire révélera sa fidélité dans l’accomplissement de sa promesse originelle à Abraham : ses enfants seront aussi nombreux que le sable de la mer (Genèse 22:17 ; Apocalypse 7:9).