« La lutte est bien réelle. » C’est une expression que vous avez peut-être déjà entendue. On l’utilise parfois pour exprimer une difficulté que les autres ne voient pas, ou pour mettre l’accent sur ce que l’on pourrait appeler de manière ironique un « problème de riche » (« First World problem »).
Mais dans le domaine de la prédication, la difficulté est réelle. Nous pouvons nous associer aux paroles de Paul : « Je veux […] que vous sachiez à quel point il est grand, le combat que je soutiens pour vous » (Colossiens 2.1). Comme Paul, nous sommes écrasés par des fardeaux : les faux enseignants et leurs arguments séduisants, certains problèmes récurrents comme l’immoralité sexuelle et la calomnie, nos prochains qui ont besoin de l’Évangile…
La lettre de Paul aux Colossiens présente ce « combat » (Colossiens 1.29) de manière réaliste, certes, mais elle est aussi optimiste en ce qui concerne la vérité de l’Évangile : « Cette espérance, vous en avez déjà entendu parler par la parole de la vérité, l’Evangile. Il est parvenu jusqu’à vous tout comme dans le monde entier, où il porte des fruits et progresse. » (Colossiens 1.5-6) Nos Églises sont la preuve que l’Évangile sauve. Nos combats sont la preuve qu’il n’a pas fini de s’étendre.
L’optimisme de Paul, centré sur l’Evangile, est l’une des raisons pour lesquelles j’ai choisi de prêcher Colossiens pendant ma première année de prédications. Pourquoi prêcher la lettre aux Colossiens ? Laissons-la répondre elle-même à cette question. Voici quatre raisons pour lesquelles prêcher Colossiens. Toutes sont tirées de la structure du livre.
1) L’Épître aux Colossiens nous remplit de Christ, afin de mener une vie qui porte du fruit
Vous êtes très certainement au fait de la forte christologie de Colossiens 1. Jésus, le « premier-né de toute la création », qui existait avant toutes choses visibles et invisibles, est aussi le « le premier-né d’entre les morts » (Colossiens 1.15; 18). Il existe avant sa nouvelle création, qui commence à sa manifester par l’Église, c’est à dire un peuple réconcilié avec lui « par son sang versé sur la croix. » (Colossiens 1.20)
Ce qui n’est peut-être pas si évident, c’est la manière dont cette proclamation poétique du Christ fonctionne dans le premier chapitre de l’épître de Paul. Paul remplit ses lecteurs de Christ. C’est dans ce sens qu’il a prié quelques versets plus haut « que vous soyez remplis de la connaissance de sa volonté, en toute sagesse et intelligence […] » Pourquoi ? « […] pour marcher d’une manière digne du Seigneur et lui plaire entièrement. » (Colossiens 1.9-10) Et où allons-nous trouver la sagesse et l’intelligence ? En Christ, car « c’est en lui que sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la connaissance » (Colossiens 2.2-3).
Une fois que l’on prend conscience de cette notion de plénitude, on ne peut plus passer à côté. En effet, « c’est en lui qu’habite corporellement toute la plénitude de la divinité. Vous avez tout pleinement en lui. » (Colossiens 2.9; 10). C’est une fois que nous avons trouvé ce trésor que nous grandissons continuellement dans « la pleine assurance » et « l’intelligence » rappelant tout ce que nous avons en Christ (Colossiens 2.2). Et en grandissant en plénitude, nous portons plus de fruits.
La plénitude est la préoccupation majeure de Paul dans sa lettre. Cela révèle le souci pastoral de Paul pour l’Église, c’est ce que l’on voit clairement dans le deuxième chapitre.
2) L’Épître aux Colossiens nous arme contre les arbitres auto-proclamés quant aux questions spirituelles
Pourquoi répéter ce thème de la plénitude ? « Je dis cela, écrit Paul, afin que personne ne vous trompe par des discours séduisants. » (Colossiens 2.4) Certains affirmaient en effet que Christ était bon mais pas suffisamment.
L’une ou l’autre des affirmations illusoires suivantes vous semblera peut-être familière, en fonction de votre contexte personnel. La première impose de respecter les lois alimentaires et les fêtes de l’Ancien Testament. Mais cette mauvaise compréhension des propos de l’Ancien Testament rend la venue de Christ caduque (Colossiens 2.16-17). La deuxième met l’accent sur le culte des anges et les louanges célestes. En agissant ainsi, ce sont la véritable source de la vie et la maturité du corps qui sont dénigrées (Colossiens 2.18-19). La troisième présente une religion de pureté extrême avec des règles telles que « Ne prends pas ! Ne goûte pas ! Ne touche pas ! » (Colossiens 2.21) Mais il ne s’agit là que d’une manière humaine et charnelle d’aborder le problème (Colossiens 2.8; 22). Elle est donc inefficace (Colossiens 2.23).
Ces enseignements, comme vous le savez sûrement, nourrissent le jugement et nous poussent à dire de certaines personnes qu’elles ne sont pas spirituelles. L’Église ne se soucie plus que de l’approbation des hommes et du désir de les satisfaire. Cette pression des pairs est toxique. L’Église de Colosses était menacée par une mondanité déguisée en religion ultra-biblique, hyper spirituelle et extra pure.
Or qu’est-ce qui pourrait bien nous manquer si nous avons le Christ ? Rien, évidemment ! C’est cet argument que Paul oppose à ces illusions. Pour nous, Christ signifie la pleine présence de Dieu (Colossiens 2.9-10), une nouvelle vie en abondance (Colossiens 2.11-12), la rémission totale de nos péchés (Colossiens 2.13-14) et notre victoire entière sur Satan (Colossiens 2.15). Christ n’est rien s’il n’est pas suffisant. Le chapitre 2 de l’épître aux Colossiens vous arme contre les arbitres auto-proclamés quant aux questions spirituelles.
On pourrait alors se demander si le fait d’affirmer que Christ est tout ce dont nous avons besoin ne conduirait pas à une sorte de « passe-droit moral ». La réponse est non. Paul nous montre dans le chapitre 3 la façon dont Christ nous transforme.
3) L’Épître aux Colossiens nous montre comment l’union avec Christ façonne l’entièreté de notre vie
Dans Colossiens 1, Paul écrit : « C’est lui que nous annonçons, en avertissant et en instruisant toute personne en toute sagesse, afin de présenter à Dieu toute personne devenue adulte en Christ. » (Colossiens 1.28) Si le chapitre 2 annonce Christ au travers « d’avertissements », le chapitre 3 annonce Christ au moyen « d’enseignements » (Colossiens 1.28).
Si les règles et les lois ne peuvent pas conduire à une foi vivante, alors qu’est ce qui le peut ? La loi et le règne de Christ, qui exerce l’autorité sur ceux qui sont unis à lui. Il est le premier-né d’entre les morts. Nous sommes ressuscités avec lui (Colossiens 3.1). Nous sommes dès à présent cachés en lui, et à son retour, nous apparaîtrons avec lui dans la gloire (Colossiens 3.3; 4). Où pouvons-nous trouver la force de maîtriser notre colère, de grandir en compassion, de refuser l’immoralité sexuelle, d’aimer notre femme et d’éduquer nos enfants sans les provoquer ? Tout simplement dans l’union avec Christ. Nous pouvons nous débarrasser des choses terrestres parce que nous recherchons « les choses d’en-haut, où Christ est assis à la droite de Dieu » (Colossiens 3.1).
Au moyen des « psaumes, des hymnes et des cantiques spirituels », nous nous instruisons les uns les autres et la parole de Christ habite en nous. Cela implique que pour grandir dans « la pleine assurance » de Christ, il est primordial d’aller à l’église. Ne vous contentez pas de lire la Bible. Écoutez vos frères et sœurs alors qu’ils vous chantent et vous prêchent la Bible.
Prêchez Colossiens 3 et vous aurez le privilège de prêcher tout ceci.
La dernière bonne raison de prêcher l’épître aux Colossiens émerge d’un thème qui sous-tend le livre entier, s’étendant du premier verset au dernier chapitre.
4) L’Épître aux Colossiens nous remplit de reconnaissance et de prière
Une Église dans laquelle il n’y a que arbitres auto-proclamés quant aux questions spirituelles aura du mal à être reconnaissante. Elle sera trop préoccupée par les opinions des hommes pour se réjouir en Dieu.
La stratégie que Paul utilise pour encourager la reconnaissance est très sage. Il nous laisse un modèle de prière de reconnaissance lorsqu’il introduit l’épître avec « Nous disons constamment toute notre reconnaissance à Dieu […] lorsque nous prions pour vous. » (Colossiens 1.3) Il prie qu’ils « [expriment leur] reconnaissance au Père, qui [les] a rendus capables de prendre part à l’héritage des saints. » (Colossiens 1.12) Paul définit la maturité chrétienne comme une vie « riche en reconnaissance à Dieu (Colossiens 2.6-7). Ce n’est qu’ensuite qu’il donne le commandement suivant : « Persévérez dans la prière, veillez-y dans une attitude de reconnaissance. » (Colossiens 4.2) En effet, « quoi que vous fassiez, en parole ou en acte, faites tout au nom du Seigneur Jésus en exprimant par lui votre reconnaissance à Dieu le Père. » (Colossiens 3.16-17). La reconnaissance résulte de l’abondance que nous avons dans la plénitude avec le Christ. Lorsque nous prêchons l’épître aux Colossiens, nous faisons nôtre la stratégie de Paul qui consiste à pousser cette Église à la reconnaissance.
Faire preuve de reconnaissance parait simple. Mais nous savons que c’est là le vrai combat du ministère. Heureusement, les chaînes qui nous en empêchent et les légalistes n’ont qu’un pouvoir limité. Et, merci Seigneur, lorsque nous combattons, c’est « avec sa force qui agit puissamment en [nous] » (Colossiens 1.29). Ce rappel est une raison de plus pour prêcher cette lettre.
Traduit de 4 Reasons to Preach through Colossians