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Avoir l’occasion de prêcher dans différentes églises à travers le continent et dans d’autres parties du monde a l’avantage de donner un aperçu des différentes façons d’adorer le Seigneur et de suivre ses préceptes, selon les congrégations. Un exemple? La variété des façons de célébrer la Cène au sein du peuple de Dieu.

Le Repas du Seigneur est la communion avec le Roi Jésus, à sa table, avec son peuple. Nous mangeons le pain et buvons la coupe, en rendant grâce pour son corps et son sang, et cet avant-goût de la fête à venir nous fortifie pour le service.

Vous pouvez trouver un large éventail de pratiques associées au Repas du Seigneur, parfois dans la même dénomination. Et parce que la façon dont nous participons à ce repas est inextricablement liée à la signification de l’événement, il n’est pas étonnant de voir des chrétiens à travers l’histoire se quereller sur ce qui se passe ou sur la manière appropriée d’observer ce rituel sacré. Il y a division entre l’Orient et l’Occident au sujet des pains avec ou sans levain et des débats en cours sur le fait que l’intinction (= tremper le pain dans la coupe) symbolise quelque chose de faux dans notre christologie, sans parler du célèbre affrontement entre Martin Luther et Ulrich Zwingli (1484-1531) à Marburg (Allemagne), où Luther — exaspéré et exaspérant— gribouille sur un tableau Hoc est corpus meum (« Ceci est mon corps ! »).

Jouons cartes sur table : je suis un de ces Baptistes d’antan qui n’est pas « uniquement accroché au passé », mais qui croit en la grâce fortifiante de la Cène par une rencontre avec le Christ par l’Esprit, et qui souhaite que toutes les églises célèbrent la Cène chaque dimanche. « Au milieu de nous se tient notre bien-aimé » est la première ligne de l’hymne à la Communion du pasteur Charles Spurgeon (1834 – 1892).

La résistance que je ressens à l’égard de la question de la fréquence de cette célébration est que la participation hebdomadaire la rendrait moins significative (bien que le même principe ne semble pas s’appliquer à la prédication, à la prière, au chant ou à la réception d’une offrande). Peut-être pourrions-nous apaiser cette inquiétude en changeant de temps à autre la façon dont nous prenons la Cène ? Le but est d’avoir différentes approches qui puissent mettre en valeur diverses facettes de la beauté du Christ qui nous rencontre à sa table.

Dans ce qui suit, je vais présenter plusieurs façons de prendre la Cène observées au sein de congrégations évangéliques, en regardant les différentes facettes de la beauté qui émerge dans la façon dont nous suivons l’ordre du Seigneur, à savoir manger et boire ensemble en souvenir de lui, jusqu’à son retour.

1. Passer le plateau et se rassembler en un seul corps

Dans mon enfance, le repas du Seigneur arrivait à la fin du culte, avec une ambiance généralement sombre (mais pas funèbre). Les diacres faisaient d’abord passer un plateau avec des petits morceaux de crackers sans levain, puis nous priions et mangions tous au même moment. Ensuite, ils passaient un plateau avec du jus dans des mini-coupes individuelles, puis nous priions et buvions tous au même moment. (C’est de cette façon que j’ai participé aux Cènes dans les églises évangéliques en Roumanie.)

À un moment donné, mon Église a investi dans de nouveaux plateaux qui rassemblaient les coupes, avec un espace central pour le pain. Cela rendait plus difficile la prise du pain et de la coupe en même temps, de sorte que vous passiez le plateau à la personne suivante, qui vous le tenait pendant que vous preniez les éléments. Notre Église a adoré cette nouvelle approche parce qu’elle nous met dans le rôle de service vis-à-vis de la personne à notre droite ou à notre gauche. Je me souviens des discussions à propos de la signification qu’il y avait à se servir mutuellement les éléments lorsque les diacres passaient le plateau par rangée.

L’observation de ce changement m’a montré que la façon dont nous prenons le repas en dit long sur ce qui se passe dans le repas lui-même. J’aime toujours cette approche de la table. J’adore le sens commun du repas. J’adore le rituel d’attendre avant de manger et de boire en même temps, qui met en valeur l’unité du Corps. Nous commémorons ce moment ensemble, comme si nous faisions un toast à un mariage (bien que le jus soit non alcoolisé dans la plupart des églises évangéliques !). Nous regardons nos frères et sœurs, à gauche et à droite, puis nous levons les yeux pour rencontrer le Seigneur au moment où nous prenons part au repas. C’est un beau rappel que nous sommes le Corps du Christ en prenant part au corps du Christ.

2. Venir devant et entendre les vérités de l’Alliance

Lorsque j’enseignais comme pasteur, notre approche générale concernant la table du Seigneur était de passer le plateau. Mais à certaines occasions, c’était à chacun d’aller devant pendant le temps de la Cène, rangée par rangée, de prendre les éléments puis de retourner à sa place pour une prière privée, avant de manger et de boire, seul(e). Ce qu’il y avait de meilleur dans cette approche, c’était d’entendre mon collègue pasteur, qui, tout en offrant cette portion de pain matzo (= pain sans levain) ou en tendant le plateau de coupes individuelles, me dire doucement : « Ceci est le corps du Christ, brisé pour toi, Trevin » et « Ceci est le sang du Christ, versé pour toi, Trevin ».

Bien que certains puissent penser que cette approche est individualiste, il y a quelque chose de beau à faire la queue comme si nous étions des mendiants dans une file à la boulangerie pour avoir du pain ou pour recevoir une soupe populaire, chacun attendant son tour, nous tous — peu importe notre statut, notre richesse, notre popularité —les mains vides devant la table. C’est dans cette main qu’une personne, avec l’autorisation de la congrégation, vous remet le pain. Et c’est à votre cœur qu’elle rappelle la vérité de l’alliance de Christ qui est mort pour vous.

Dans la plupart des dénominations liturgiques, cette approche consiste à s’agenouiller devant la rambarde de l’église avec les mains tendues, une posture qui met encore plus en évidence le fait que nous sommes des mendiants affamés, ramassant les miettes de pain sur la table du Seigneur, confiants en sa miséricorde et en sa grâce infinie.

Ceci est pour vous. Bien que vous soyez un pécheur qui ne mérite rien, voici le corps de Christ pour vous. Le sang de Christ pour vous. J’ai la gorge serrée rien qu’à penser à cet espace si mince entre le ciel et la terre.

3. Rompre le pain et boire dans une coupe

Dans certaines églises, le pasteur rompt un pain ou un gros morceau de cracker (avec ou sans levain, selon la tradition de l’église) tout en rappelant à la congrégation le sens de ce repas. Le pasteur peut aussi remplir des coupes individuelles à partir d’une grande cruche. Je vois cette approche principalement dans les petites congrégations, où le nombre de participants ne nécessite pas la nécessité de plus d’un pain ou de plus d’une cruche.

Cette façon de prendre le souper met en évidence la description que Paul fait du peuple de Dieu mangeant un même pain et partageant une même coupe. Dans les traditions plus liturgiques, la congrégation vient boire dans la même coupe. J’adore le sentiment de famille que représente le partage du même pain et de la même coupe.

Cette méthode est moins courante, surtout depuis le COVID-19. Il nous arrive souvent de prendre une hostie préemballée et du jus à l’extérieur du sanctuaire. Bien que cela soit plus hygiénique, il y a quelque chose qui se perd en termes de sens. Imaginez que tout le monde arrive au brunch de Noël avec des gants en latex et que Grand-Maman dépose un Hot Pocket (NdT : une sorte de wrap à réchauffer, généralement composé d’un ou plusieurs fromages, de viande ou de légumes) sur votre assiette. Le Hot Pocket est plus efficace pour avoir peut-être moins de chances d’attraper la grippe, mais cela se fait au prix de l’atmosphère festive. Le latex, quant à lui, implique que nous sommes tous des dangers les uns pour les autres, comme si nous étions porteurs de maladies plutôt que de grâce. Certes, en période de pandémie, les précautions peuvent être justifiées et la prudence peut exiger un changement dans notre approche, mais j’espère que ce qui s’est passé dans de nombreuses églises avec la pandémie ne reste pas la nouvelle norme.

4. La Cène comme point culminant d’un repas communautaire

Une autre belle façon de prendre le repas du Seigneur est de le considérer comme un repas, ce qui est probablement la manière adoptée par l’Église primitive dans sa célébration dominicale. Le moment du souvenir s’inscrit dans le contexte d’une fête plus grande.

Il y a quelque chose de glorieux dans le fait d’apprécier le partage et les discussions à table avec les autres croyants, puis d’accueillir le Seigneur à cette table, sa table, sachant qu’à la fin nous sommes tous ensemble parce que c’est lui qui nous a accueillis. J’ai vu cela fait de multiples façons, et j’ai particulièrement apprécié une fête du Seder avant Pâques, lorsque le symbolisme de la Pâque de l’Ancien Testament est transposé dans une perspective chrétienne qui montre l’accomplissement de la prophétie dans la mort et la résurrection de Jésus.

Comment appelons-nous ce moment ?

Il y a quelque chose de riche dans l’exploration des différents noms donnés à la Cène, selon les traditions.

  • Dans le livre des Actes, nous voyons le moment appelé « la fraction du pain », un beau mélange entre la communion fraternelle du repas et la commémoration du Repas du Seigneur.
  • « L’Eucharistie » vient du mot grec et fait référence à l’action de grâce, réitérant la gratitude qui doit imprégner notre célébration de ce que le Christ a fait pour nous.
  • La « Communion » nous rappelle qu’ici, nous communions avec Jésus et avec son peuple. Et la SainteCommunion indique que c’est un moment spécial, un moment de communion fraternelle mis à part.
  • « La Table du Seigneur » est un autre rappel que ce repas marque un repas fondamental situé entre la dernière Cène avec les disciples dans la Chambre haute et le grand festin de noces dans les nouveaux cieux et la nouvelle terre.
  • La « Messe », du latin signifiant « envoyer », nous rappelle que le Père a envoyé son Fils et que maintenant, dans la puissance de l’Esprit, son Fils envoie son peuple après l’avoir fortifié par le repas du Seigneur.

Peu importe le nom que vous lui donnez, quelle que soit la façon dont vous le célébrez, il y a beaucoup à découvrir en réfléchissant au symbolisme des traditions de votre église lorsque vous observez ce repas ensemble. Traitez ce moment avec révérence, avec joie, avec gratitude et avec foi.

« Les moments où nous sommes le plus près du ciel sont ceux que nous passons à la table du Seigneur », a dit le pasteur Charles Spurgeon. À la table du Seigneur, vous rencontrez le Seigneur qui vous appelle son enfant.

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