Gn 4.17 : Exilés à Babylone, en route vers la Jérusalem céleste.
- La cité des hommes
- La cité de Dieu
- La citoyenneté céleste
Transcription
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Bonjour à tous.
On continue notre série dans le livre de la Genèse.
On est au quatrième chapitre et on aborde ce matin un des thèmes que l’on veut aborder au fil du texte.
On a déjà vu le thème du temple et de la prêtrise, le thème du royaume, le thème du mariage.
Et aujourd’hui on va voir le thème de la ville.
Mais avant d’ouvrir nos bibles, un petit sondage rapide.
Que ceux qui n’ont pas grandi en Franche-Comté lèvent la main.
Vous pouvez baisser la main.
Peut-être que certains d’entre vous, et peut-être ceux, malgré le fait que vous soyez arrivés ici il y a quelque temps, certains d’entre vous ont peut-être parfois le mal du pays.
Peut-être qu’ils songent un peu avec nostalgie à ces coteaux de vignes.
Qui entouraient la maison.
Il y en a en Franche-Comté.
Ce n’est pas les mêmes.
Ou alors tout ce qui vous rappelle un petit peu votre enfance et ce qui vous rappelle d’une certaine manière la maison.
Alors que dire de ceux qui viennent d’un autre pays ?
Et que dire de ceux qui sont venus d’un autre pays sans le choisir ?
Nous pensons à nos amis, à nos frères et sœurs d’Ukraine, et à tous ceux qui doivent quitter leur pays pour une raison économique, une raison de guerre, ou toute autre raison.
Et ce matin on va aborder cette question de l’exil et on va voir que finalement, la Bible dépeint la vie chrétienne comme un exil.
Et qu’être chrétien, c’est être en exil.
Être chrétien, c’est être en exil même si nous sommes nés ici.
Et même si, d’une certaine manière, nous nous sentons à la maison.
Et on va voir le premier exil, ou plutôt le deuxième exil.
Le premier exil, c’est ceux qui ont vécu Adam et Ève lorsqu’ils ont été chassés du jardin, qu’ils sont partis à l’Est.
On va ouvrir notre Bible en Genèse 4.
On ne va pas lire tout le texte de Genèse 4, ce passage nous sera exposé la semaine prochaine par Jean-Jacques.
On va sauter directement à ce moment où Dieu maudit Cain, parce que Cain vient de tuer son frère Abel.
Regardez au verset 12.
« Quand tu cultiveras le sol, il ne te donnera plus toutes ses ressources, tu seras errant et vagabond sur la terre.
» Cain répond « Ma peine est trop grande pour être supporté.
Voici que tu me chasses aujourd’hui de cette terre.
Je serai caché loin de toi, je serai errant et vagabond sur la terre et toute personne qui me trouvera pourra me tuer.
» L’Éternel lui dit « Si quelqu’un tue Cain, Cain sera vengé sept fois.
» Et l’Éternel mit un signe sur Cain afin que ceux qui le trouveraient ne le tuent point.
Ici on a déjà beaucoup d’échos avec le premier exil.
On a Cain qui est chassé de la terre, un petit peu toujours plus loin à l’Est, de la même manière qu’Adam et Ève ont été chassés à l’Est.
On a aussi un signe de la bonté, de la grâce de Dieu qui fait du bien à ceux qui méritent sa colère.
On se rappelle la manière dont Dieu avait couvert Adam et Ève d’une peau de bête pour cacher leur nudité après le péché, pour les couvrir de sa grâce.
Et de la même manière ici on a un signe, on a une manifestation de la grâce de Dieu qui met un signe sur Cain pour ne pas qu’il soit tué alors qu’il le mériterait.
Et on a les versets ici qui nous intéressent aujourd’hui.
Versets 16 et 17.
« Cain s’éloigna de l’Éternel et habita le pays de Nod à l’Est d’Éden.
Cain a connu sa femme, elle conçut et elle enfanta Énoch.
Il bâtit ensuite une ville et il donna à cette ville le nom de son fils Énoch.
» La ville de Cain ici symbolise le manque de confiance dans les promesses de Dieu.
« Suite à son péché, Cain se plaint qu’il pourra être tué et Dieu dans sa grâce met un signe sur lui pour le protéger.
Mais Cain construit une ville pour se protéger.
» De la même manière qu’Adam et Ève avaient construit une ceinture en feuilles de figuier pour cacher leur nudité, Cain construit une ville pour se protéger.
C’est là la première ville de la Bible.
Une ville, on pense à Paris, New York ou Éricourt.
Trois grandes capitales.
À cette époque, la ville, c’est surtout deux choses.
C’est un ensemble de maisons entourées d’un mur.
Et c’est ça qui fait la ville.
C’est vraiment le mur, c’est l’enceinte, c’est la muraille.
Et un roi.
En réalité, c’est plutôt un roi-atelier, ce serait l’équivalent du maire.
C’est le chef de la tribu, celui qui règne sur la ville.
C’est pour ça que quand on lit le début de la Bible, on a le roi de telle ville, le roi de telle ville, le roi de telle ville.
Il ne faut pas s’imaginer le roi d’un empire, mais plutôt celui qui règne sur la ville.
Et la ville est synonyme de protection.
On s’assemble et on colle nos maisons ensemble, on les entoure d’une muraille pour se protéger de l’ennemi, pour se protéger de ceux qui en voudraient à notre vie.
Et c’est exactement cela que fait Cain ici.
Il crée une ville pour se protéger.
Il crée une ville pour se protéger de ceux qui pourraient ou voudraient le tuer.
La fin du chapitre 4 contraste deux lignées.
On ne va pas aller dans les détails, mais j’aimerais qu’on ait une vision d’ensemble de ces deux lignées, parce que ces deux lignées, en quelque sorte, sont le prolongement à la fois de ce que Dieu avait annoncé en Genèse 3.
Souvenez-vous, après la chute, Dieu avait annoncé que de la femme descendrait celui qui écraserait la tête du serpent.
Et il nous avait parlé d’une imitié, d’une opposition entre deux lignées, la descendance de la femme et la descendance du serpent.
Eh bien, on voit ces deux lignées ici encore.
De la lignée de Seth, Seth c’est le fils qu’Ève va avoir à la place d’Abel, on finit par avoir Énoch, un adorateur de l’éternel.
Et de la lignée de Seth naîtra également, on le verra un peu plus tard, Noé, un homme intègre et juste.
Et dans la fin du chapitre 4, on voit une autre lignée qui contraste avec celle de Seth.
C’est justement la lignée de Cain avec l’émèque.
L’émèque est présenté comme un meurtrier sanglant.
Et de cette lignée, on va arriver aux conséquences néfastes et catastrophiques d’une terre qui est remplie de violence au chapitre 6, qui va amener au déluge.
Et là encore, on aura un contraste très fort entre ceux de la lignée de Cain qui ont rempli la terre de violence et qui vont précipiter le déluge, et ceux de la lignée de Seth, de laquelle Noé naîtra, et qui sera la lignée de ce que Dieu a choisi pour sauver l’humanité.
Et ces deux lignées continuent après le déluge.
On a l’histoire de Shem, un des trois fils de Noé, qui pêche envers son père Noé.
On ne sait pas ce qu’il fait exactement.
On comprend que c’est quelque chose de vraiment grave, de vraiment pervers.
Et Noé maudit son fils Shem.
De la descendance de Shem naît Nimrod.
Et Nimrod, on apprend que c’est un valeureux et puissant guerrier qui devient roi de Babel.
Babel, qui est le même nom que Babylone.
A chaque fois qu’on entend Babel, on pourrait mettre Babylone, et qui devient également roi de Nénive.
On n’a pas l’habitude de parler de généalogie, n’est-ce pas ?
C’est d’ailleurs les portions où on fait, dans notre plan de lecture, « et Noé engendra… »
Chapitre suivant.
Mais en fait, les lignées sont là pour nous montrer une constance.
Elles sont là pour nous montrer deux choses à la fois, la constance de Dieu dans sa promesse de grâce, et la manière dont il garde toujours une lignée, de laquelle naîtra celui qui enfin délivrera le monde.
Et de l’autre côté, on voit que les lignées s’enfoncent de plus en plus dans le péché, et que les conséquences sont de plus en plus graves.
Et de la lignée de Cain, on arrive dans la lignée de Nimrod, avec Babylone au chapitre 11, Babel.
Et on a cette anti-Éden, Éden qui était un jardin luxuriant où les hommes vivaient en parfaite communion avec Dieu, sur une montagne, une montagne de laquelle coulaient les bénédictions, les quatre fleuves qui allaient se répandre dans le monde.
Et là, dans le chapitre 11, on a une plaine, on a un désert dans lequel les hommes construisent une tour pour défier Dieu.
Et Babel, c’est l’anti-Éden.
Les hommes devaient couvrir la terre de la gloire de Dieu, mais ils se rassemblent pour se faire un nom.
Et Babylone devient dès ce moment-là le symbole de l’arrogance de la rébellion humaine, le symbole que les hommes ne s’assemblent pas pour faire le bien et glorifier Dieu, mais pour défier Dieu et se faire un nom par la violence.
Et à partir de là, et dans toute la Bible, Babylone symbolise la rébellion contre Dieu et contre son peuple.
À partir de là, Babylone sera toujours opposée à Dieu et opposée à son peuple.
Et on voit la manière dont, d’une ville dont la tour veut s’élever pour toucher le ciel, elle devient un royaume qui conquiert par la violence.
Et jusque dans le livre de l’Apocalypse, Babylone reste le symbole de tout système humain opposé à Dieu.
Mais de l’autre côté, la Bible contraste cette ville avec une autre ville.
La descendance humaine mauvaise a créé Babylone, et la descendance de la femme attend la cité céleste, Jérusalem.
Et finalement, l’histoire de ces deux villes, Babylone et Jérusalem, devient l’histoire de ces deux lignées, de ces deux destinées, l’histoire de ces deux allégeances, l’histoire de deux amours, comme le dit Augustin.
Et la Bible sépare l’humanité en deux, ceux qui habitent Babylone et ceux qui habitent Jérusalem.
Et je vous lis ce que dit Moïse après la sortie d’Égypte, le plan de Dieu pour son peuple après la sortie d’Égypte.
Il dit « Tu les amèneras et tu les établiras sur la montagne de ton héritage, au lieu que tu as préparé pour ta demeure au éternel, au sanctuaire, Seigneur, que tes mains ont fondé.
L’éternel règnera éternellement et à toujours.
» Le peuple est alors en route vers le pays promis.
Et dans ce pays, Dieu amènera son peuple sur une montagne.
C’est un motif qui revient souvent dans l’Écriture, la montagne, c’est le lieu où on rencontre Dieu.
Et sur cette montagne, Dieu établira sa demeure, son palais depuis lequel il règnera sur terre.
Et le but de Dieu, c’est d’amener toutes les nations sur cette montagne pour l’adorer et pour régner sur son peuple.
On lit dans le psaume 48 « L’éternel est grand, il est l’objet de toutes les louanges dans la ville de notre Dieu, sur sa montagne sainte.
Elle est belle, la colline qui fait la joie de toute la terre.
Le mont Sion du côté nord, c’est la ville du grand roi.
» Le mont Sion, c’est Jérusalem.
Et sous le règne de David, Jérusalem devient la capitale du royaume d’Israël.
Et Dieu dit « Depuis le jour où j’ai fait sortir mon peuple d’Égypte, je n’ai pas choisi de ville parmi toutes les tribus d’Israël pour qu’on y construise une maison où réside mon nom.
Et je n’ai pas choisi d’homme pour qu’il soit le chef de mon peuple d’Israël, mais j’ai choisi Jérusalem pour que mon nom y réside.
Et j’ai choisi David pour qu’il règne sur mon peuple Israël.
» Et après David qui ramène le tabernacle à Israël, Salomon construit un temple, construit le palais royal de Dieu sur le mont Moréja.
Et enfin, Jérusalem devient le point de contact entre le ciel et la terre.
Et dans toute l’histoire de la Bible, il y a trois choses qui sont importantes à chaque fois à Jérusalem.
La muraille, on se rappelle que la muraille c’est la ville.
Et la muraille c’est ce qui fait aussi la protection de la ville.
Et qu’elle est une partie de la ville.
Et c’est pour ça que Némi quand il revient, il reconstruit la muraille.
C’est impensable d’avoir une ville sans muraille.
Deuxièmement, le palais royal, d’où règne le roi terrestre.
Et enfin, le temple depuis lequel règne le roi céleste.
Et comme promis, Dieu vient habiter au milieu de son peuple à Jérusalem.
La ville est à la fois la ville du roi David puis Salomon, mais surtout la ville du roi des rois.
Et enfin, l’histoire atteint son comble.
Enfin, on lit, Judas et Israël étaient nombreux, pareil au sable qui est sur le bord de la mer.
On a là l’écho à la fois de ce mandat que Dieu avait donné à Adam et Ève de couvrir la terre de sa gloire, mais aussi cette promesse qu’il avait fait à Abraham que sa descendance serait aussi nombreuse que le sable de la mer.
Et on lit, ils mangeaient, buvaient et se réjouissaient.
C’est le repos.
Il n’y a pas d’ennemi.
Ils habitent en paix dans le pays promis.
C’est la fin de l’histoire.
Non, non, c’est pas la fin de l’histoire.
Et on voit que malheureusement, il a fallu très peu de temps entre cette paix, cette prospérité, entre ce repos dont profitait le peuple et la dégringolade.
Le royaume sombre dans l’idolâtrie Salomon, le fils de David, celui-là même qui a construit le temple, pêche et fait ce que l’Éternel avait interdit.
Il amasse des richesses et il amasse de nombreuses concubines étrangères qui s’entraînent dans l’idolâtrie.
Et après ça, on voit la liste des rois qui s’enchaînent et qui sont la plupart mauvais.
Ils ne représentent pas Dieu, ils ne représentent pas le règne de Dieu sur son peuple.
Et Dieu vient juger son peuple.
Écoutez la manière dont il parle à son peuple par le prophète Ésaïe.
Il prend à témoin le ciel et la terre.
Le début d’Ésaïe, c’est un petit peu comme un procès.
Il convoque des témoins, il convoque le ciel et la terre pour un procès cosmique dans lequel il va juger son peuple.
« Ciel, écoute, terre, prête l’oreille.
En effet, l’Éternel part.
J’ai nourri et élevé des enfants, mais ils se sont révoltés contre moi.
Le bœuf connaît son propriétaire et l’âne la mangeoire de son maître.
Cependant Israël ne connaît rien.
Mon peuple n’a pas d’intelligence.
Malheur à la nation pécheresse, au peuple chargé de faute, à la lignée des méchants, aux enfants corrompus.
Ils ont abandonné l’Éternel, ils ont méprisé le sein d’Israël, ils ont fait volte-face.
» Et quelques versets plus loin, Dieu dénonce Jérusalem avec ces mots durs.
Comment ?
« La ville fidèle est devenue une prostituée.
Elle était remplie d’équité et la justice y habitait.
Et maintenant, il y a des assassins.
» Quelle horreur pour le peuple d’entendre la ville sainte décrite comme une prostituée.
Et malheureusement, le peuple et les rois ne vont pas se repentir comme les appelaient les prophètes à le faire.
Et en -586, c’est le choc.
Babylone prend Jérusalem.
Je vous lis cet épisode tragique, peut-être le plus tragique dans l’histoire du peuple.
« Le septième jour du cinquième mois, c’était la 19e année du règne de Nébuchadnezzar sur Babylone.
Nébuzaradan, ne prenez pas ce prénom, le chef des gardes et le serviteur du roi de Babylone pénétra dans Jérusalem.
Il brûla la maison de l’Éternel, le palais royal et toutes les maisons de Jérusalem.
Il livra aux flammes toutes les maisons d’une certaine importance.
Toute l’armée babylonienne qui accompagnait le chef des gardes démolit les murailles, formant l’enceinte de Jérusalem.
Il brûla la maison de l’Éternel, le palais royal et démolit les murailles.
Il rase la ville.
» Imaginez ce que ressentait le peuple à ce moment-là.
Ils sont au centre de la terre.
Ils sont à l’endroit que Dieu a choisi pour y faire résider son nom.
Ils sont dans la présence même de Dieu.
Ils se font raser, ils se font détruire, ils se font déporter par Babylone.
Babylone, la ville hostile à Dieu, la ville des ennemis de Dieu.
La ville des ennemis de Dieu rase la ville de Dieu.
Le peuple se pensait invincible à cause de la présence de Dieu et il est renversé par les ennemis même de Dieu.
Mais Dieu dit « Attention, ne croyez pas que c’est par sa puissance militaire que Babylone vous a rasé, mais c’est à cause de votre infidélité.
» Le peuple est déporté à Babylone, en exil, toujours plus à l’Est, encore à l’Est.
Mais Dieu n’en a pas fini avec son peuple et il annonce un retour de l’exil.
« Je retourne à Sion, dit-il par Zacharie, et je veux habiter au milieu de Jérusalem.
» Jérusalem sera appelée « ville fidèle et la montagne de l’éternel des armées, montagne sainte ».
Voici ce que dit l’éternel, le maître de l’univers.
« Je sauve mon peuple du pays du levant et du pays du soleil couchant.
Je les ramènerai, ils habiteront au milieu de Jérusalem.
Ils seront mon peuple et je serai leur Dieu dans la vérité et la justice.
» Le peuple revient, la muraille est reconstruite, le temple aussi.
Mais la ville reconstruite ne correspond pas à ce qu’annonçaient les prophètes.
Les prophètes avaient une vision de la Jérusalem reconstruite, une vision de la promesse de Dieu pour ceux qui étaient loin, ceux qui étaient exilés, qui allaient revenir au pays.
Et ceux qui sont revenus voient quelque chose de différent à ce qu’annonçaient les prophètes.
Les prophètes annonçaient un temple aux proportions hallucinantes.
Quand on lit la fin d’Ézéchiel et qu’on voit le nouveau temple, on se dit « mais ce temple, il est incroyable !
» Et quand le temple est reconstruit, non seulement il ne correspond pas à ce qu’annonçaient les prophètes, mais il ne correspond même pas à ce qu’avaient connus les anciens.
Et ils pleurent.
Les visions annonçaient des nations qui affluent pour adorer Dieu et qui gravissent ensemble la montagne pour se rendre au temple.
Mais ce n’est pas le cas.
Les visions et les prophètes annonçaient un roi qui règne sur toute la terre, dans un règne de justice et d’équité, un roi qui délivre son peuple de ses oppresseurs, qui anéantit ses ennemis.
Mais ce n’est pas le cas.
Et à partir de ce moment-là, Jérusalem ne sera plus jamais ce qu’elle a été au temps de David.
Et pire, quand on arrive au Nouveau Testament, Jérusalem n’est pas dépeinte comme la ville qui accueille le roi que Dieu envoie, mais plutôt comme celle qui va le faire mourir.
Jésus nous est présenté comme le roi, celui dont le règne est éternel, celui qui règne sur toutes les nations, celui qui vient délivrer son peuple, celui qui vient juger ses ennemis.
Mais il se lamente lui-même sur Jérusalem, Jérusalem, Jérusalem, qui tue les prophètes et qui lapide ceux qui te sont envoyés.
Combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et vous ne l’avez pas voulu ?
Jésus est le fils de David qui établit le royaume de Dieu sur terre.
Mais plutôt que de rentrer dans le temple et de venir s’asseoir pour régner, il chasse les vendeurs du temple, qui sont devenus un repère de voleurs, et il annonce sa destruction.
Et là arrive une révolution, une révolution pour les premiers disciples, une révolution pour les juifs.
Le Nouveau Testament nous présente un nouveau temple.
L’espérance ne repose plus sur une énième reconstruction du temple, mais Dieu annonce qu’un nouveau temple a été formé en Christ, un nouveau lieu de sa présence sur terre, l’Église.
Et en acte 2, de la même manière qu’on voit la gloire descendre avec fracas sur le tabernacle puis sur le temple, ici Dieu descend par son esprit sur l’Église à la Pentecôte, dans le bruit du vent, dans l’éclat du feu.
Il vient habiter en gloire au milieu de son Église, qui est son nouveau temple.
Jérusalem n’est plus le seul endroit où Dieu réside.
Dieu est présent partout dans son Église, partout où elles se rassemblent.
L’Église est le nouveau temple de Dieu sur terre.
Écoutez ce que Paul explique.
Ainsi donc, vous n’êtes plus des étrangers ni des gens du dehors, mais vous êtes concitoyens des saints, gens de la maison de Dieu.
Vous avez été édifiés sur le fondement des apôtres et des prophètes, Jésus-Christ lui-même étant la pierre angulaire.
En lui, tout l’édifice bien coordonné s’élève pour être un temple saint dans le Seigneur.
En lui, vous êtes aussi édifiés pour être une habitation de Dieu en esprit.
Et l’horreur intervient quand, en 70 après Jésus-Christ, le temple de Jérusalem est détruit.
Mais la présence de Dieu n’est pas pour autant détruite ni disparue.
Dieu est présent partout où l’Église se rassemble.
En fait, l’espérance des chrétiens du Nouveau Testament n’est pas une nouvelle Jérusalem reconstruite de la main des hommes, mais une cité céleste construite de la main de Dieu.
Paul dit aux philippiens « Notre cité à nous est dans les cieux.
Nous nous attendons aussi comme sauveurs, le Seigneur Jésus-Christ, qui transformera le corps de notre humiliation en le rendant semblable au corps de sa gloire par le pouvoir qu’il a de s’assujettir toutes choses.
» Et la Bible rappelle aux chrétiens que nous sommes étrangers et voyageurs sur cette terre.
Et vous vous rappelez, « errant » et « vagabond », c’était l’expression qu’a utilisée Caïn pour se décrire dans son exil.
Mais nous, nous ne sommes pas comme Caïn exilés, nous ne sommes pas étrangers et voyageurs qui recherchons la sécurité d’une ville terrestre, mais nous sommes étrangers et voyageurs sur terre qui attendons la cité qui a de solides fondements, celles dont Dieu est l’architecte et le constructeur, la cité céleste.
Dans Hébreu 11, on lit cette espérance qu’avaient Abraham, Isaac et Jacob, eux qui étaient aussi étrangers et exilés dans leur pays.
L’auteur nous dit « c’est dans la foi qu’ils sont tous morts, sans avoir obtenu les choses promises, mais ils les ont vus et salués de loin, reconnaissant qu’ils étaient étrangers et voyageurs sur la terre.
Ce qui parle ainsi montre qu’ils cherchent une patrie.
S’ils avaient eu en vue celle d’où ils étaient sortis, ils auraient eu le temps d’y retourner.
Mais maintenant ils en désirent une meilleure, c’est-à-dire une céleste.
C’est pourquoi Dieu n’a pas honte d’être appelé leur Dieu, car il leur a préparé une cité.
» Voilà pourquoi nous pouvons dire, nous tous ici, que nous soyons d’ici ou d’ailleurs, de près ou de loin, que nous habitions ici depuis toujours ou depuis peu, que nous sommes tous en exil et que nous n’avons pas de cité permanente, mais nous cherchons celle qui est à venir.
Voilà comment nous devons nous considérer.
Voilà comment les auteurs du Nouveau Testament appelaient les premiers chrétiens à se considérer.
Et voilà comment aujourd’hui, 2000 ans après, nous devons nous considérer comme étrangers et voyageurs sur la terre, en route vers la Jérusalem céleste, la cité de Dieu, et en attendant, vivant comme des exilés à Babylone.
Nous sommes exilés à Babylone et nous attendons la Jérusalem céleste.
Voilà la description de notre condition géographique, spirituelle.
Et voilà ce qui fait notre richesse.
Et voilà ce qui fait aussi ce que nous attendons et ce que nous prenons.
Nous sommes en route vers la Jérusalem céleste.
Augustin parlait de ces deux cités dans son ouvrage « La cité de Dieu ».
Je vous lis.
Deux amours ont fait deux cités.
L’amour de soi jusqu’au mépris de Dieu, la cité terrestre.
L’amour de Dieu jusqu’au mépris de soi, la cité céleste.
L’une se glorifie elle-même, l’autre dans le Seigneur.
L’une demande sa gloire aux hommes, pour l’autre, Dieu témoigne de sa conscience et sa plus grande gloire.
L’une dans sa gloire dresse la tête, l’autre dit à son Dieu « Tu es ma gloire et Tu élèves ma tête ».
L’une dans ses chefs, ou dans les nations qu’elle subjugue et dominée par la passion de dominer.
Dans l’autre, on se rend mutuellement service par charité.
Les chefs en dirigeant, les sujets en obéissant.
L’une en ses maîtres aime sa propre force.
L’autre dit à Dieu « Je t’aimerai Seigneur, Toi ma force ».
Et dans cet exil, dans cet exil aujourd’hui que nous vivons, à Babylone nous devons fuir deux écueils.
Deux écueils qui nous guettent, à nous qui devrions souffrir face à la violence et à la séduction de Babylone.
Face à la persécution et à la séduction, on serait tenté de répondre par le retrait.
Par le fait de vivre en ghetto, le fait de vivre entre nous.
On serait attiré par le communautarisme, par le fait de se retirer de ce monde mauvais qui nous veut et qui nous fait du mal.
Dans lequel nous sommes en danger et qui nous oppresse.
Ou alors on serait au contraire tenté de répondre par la violence et de combattre avec les âmes charnelles et les armes humaines.
Et c’était d’ailleurs l’espérance des Juifs par rapport à la venue du Messie.
Quelle déception lorsque Jésus est arrivé, lui qui se présentait comme le Messie, et que non seulement il n’a pas combattu ceux qui occupaient Jérusalem et il n’a pas éradiqué le pouvoir romain, mais pire que cela, il est mort pour ses ennemis.
Quelle déception et quel renversement.
Mais voilà, voilà là où nous plaçons notre confiance.
Voilà la puissance du royaume et voilà la vraie subversion à laquelle nous sommes appelés.
Nous devons entendre encore l’appel de Jérémie aux exilés de Babylone.
Jérémie qui mettait en garde les exilés, soit de se retirer pour vivre hors du monde, soit de répondre par la violence en faisant du mal à ceux qui nous font du mal.
Jérémie disait ainsi par l’Éternel des armées, le Dieu d’Israël, à tous les captifs que j’ai emmenés de Jérusalem à Babylone, bâtissez des maisons, habitez-les, plantez des jardins et mangez-en les fruits.
Prenez des femmes et engendrez des fils et des filles.
Prenez des femmes pour vos fils et donnez des maris à vos filles, afin qu’elles enfendent des fils et des filles.
Multipliez là où vous êtes et ne diminuez pas.
Recherchez le bien de la ville où je vous ai menés en captivité et priez l’Éternel en sa faveur parce que votre bonheur dépend du sien.
Recherchez le bien de la ville où je vous ai menés en captivité.
Recherchez du bien à ceux qui nous font du mal.
Faire du bien à ceux qui méritent notre colère.
Recherchez le bien de ceux qui ont rasé notre maison, de ceux qui ont détruit notre ville, de ceux qui ont rasé le temple, de ceux qui ont tué notre famille.
Recherchez le bien de ceux qui nous ont fait du mal.
C’est ça l’évangile.
C’est ça l’évangile de la grâce.
C’est ça la grâce.
Faire du bien à ceux qui méritent notre colère.
Et c’est à cela que nous sommes appelés, nous qui habitons en Babylone, nous qui habitons au milieu de la persécution, au milieu de la séduction, au milieu du mal, de ceux qui nous raillent, qui nous calomnie, qui nous injurient, qui nous bafouent, qui médisent, qui nous entravent, qui nous accablent, qui nous affligent, qui ailleurs nous exécutent, font couler notre sang.
Recherchez leur bien.
Voilà la loi, la voie de l’agneau que nous devons suivre.
Voilà l’appel qui résonnait à Jérémie pour les exilés et qui résonne aujourd’hui par la voie de notre Seigneur, ici et ailleurs dans le monde, pour tous ceux qui sont sur le chemin de l’agneau, ce chemin subversif où la victoire s’est acquise par la mort et la résurrection.
Jésus n’a réagi ni par le retrait, ni par la violence.
Il agit comme un exilé.
Il était dans le monde sans être du monde et il nous appelle à être du monde, à ne pas être du monde mais être dans le monde.
Notre danger dans la persécution et la séduction, c’est la compromission.
On serait tenté d’arrondir les angles.
On serait tenté de mettre un peu d’eau dans notre vin.
On serait tenté d’être un peu moins radical.
On serait tenté d’avoir un petit peu moins de convictions.
On serait tenté d’avoir des avis un petit peu moins tranchés.
On serait tenté de faire comme tout le monde pour ne pas être trop embêté, trop embêté, pour ne pas perdre notre boulot, pour ne pas voir notre réputation être ternie, pour ne pas perdre nos amis.
Et il y a un autre exilé qui nous aide à combattre la compromission.
C’est Daniel qui faisait partie de la première vague d’exilés.
Et Daniel qui, à la fois recherchait le bien du roi dans la cour duquel il avait été placé, et Daniel qui, par son ministère dans la cour du roi, bénit ce roi mauvais qui a rasé sa maison et déporté ses amis, ses frères et soeurs.
Et en même temps, qui jamais ne se laisse aller à la compromission par peur des répercussions.
On vient dire au roi, il y a des juifs à qui tu as confié l’administration de la province de Babylone, Shadrach, Meshach et Abednego.
Ces hommes ne tiennent aucun compte de ton ordre, roi.
Ils ne connaissent pas tes dieux, ils n’adorent pas la statue en or que tu as dressée.
Daniel et ses amis ont refusé de se courber et d’adorer le roi de Babylone et tout ce qu’il représentait.
Ils ont refusé de céder à l’idolâtrie sans avoir peur des conséquences.
Et lorsqu’ils sont jetés dans la fournaise, notre Dieu peut nous délivrer, mais même s’il ne le fait pas, nous n’adorerons pas quelqu’un d’autre que Dieu.
Et Pierre reprend dans sa première lettre cette idée d’être étranger, voyageur sur la terre et nous invite à vivre en exil en combattant la compromission.
Bien-aimés, je vous exhorte comme étrangers voyageurs sur la terre à vous abstenir des convoitis charnels qui font la guerre à l’âme.
Ayez au milieu des païens une bonne conduite, afin que là même où ils vous calomnient comme si vous étiez des malfaiteurs, ils remarquent vos bonnes œuvres et glorifient Dieu au jour où il les visitera.
Comme les citoyens d’un pays lointain qui se démarquent par leurs coutumes, leurs nourritures, leur folklore, leur culture, leur bon vin, nous nous démarquons par notre amour et notre sainteté.
Et même si nous vivons quelque part comme les autres, à un moment donné, il y a quelque chose qui fera dire aux autres « Ah tiens, toi tu n’es pas d’ici ».
Et ce ne sera pas notre accent, ce ne sera pas nos habitudes, ce sera notre sainteté et notre amour.
Être exilé, c’est cela, c’est adopter un mode de vie qui témoigne de notre appartenance à un autre royaume, c’est adopter un mode de vie des valeurs et des vertus qui manifestent notre citoyenneté céleste.
Au milieu de Babylone, au milieu d’un monde qui prône la violence, le pouvoir, l’amour de soi au détriment des autres, nous aimons les autres plus que nous-mêmes, et nous sacrifions notre temps, notre énergie et notre argent pour faire du bien aux autres, même ceux qui nous font du mal.
Au milieu du mensonge et de l’impureté, nous vivons en citoyens du royaume céleste, en conformité aux normes de Dieu.
Au milieu d’un monde matérialiste, nous nous démarquons par notre simplicité et par notre générosité.
Au milieu d’un monde violent, nous avons faim et soif de justice, et prenons soin de ceux que le système écrase.
Et dans un monde, dans un système ivre de succès, nous brillons par notre humilité et par notre service.
Voilà la mentalité subversive de l’exilé.
Voilà la mentalité à laquelle Dieu nous appelle pour refléter son royaume dans nos familles, dans nos églises.
Nous cultivons cette mentalité d’exilé, nous qui sommes étrangers, voyageurs sur la terre.
Nous attendons la manifestation de son royaume.
En attendant, nous vivons ici.
Mais nous savons que nous ne sommes pas encore à la maison, mais que la maison nous attend.
Et un jour, nous entrerons dans cette nouvelle cité, dans cette Jérusalem céleste, dans le royaume de Dieu.
Et ce n’est pas à nous qui irons, c’est elle qui viendra à nous, nous lisons dans la fin de l’Apocalypse.
Puis je vis un nouveau ciel et une nouvelle terre, car le premier ciel et la première terre avaient disparu, la mer n’était plus, je vis descendre du ciel, de près de Dieu, la ville sainte.
La nouvelle Jérusalem, préparée comme une épouse qui séparait pour son époux.
Jean reprend les prophéties d’Esaïe.
La ville, cette Jérusalem que les prophètes annonçaient, nous la vivrons quand le roi reviendra.
La ville n’a besoin ni du soleil, ni de la lune pour l’éclairer, car la gloire de Dieu l’éclaire, et l’agneau est son flambeau.
Les nations marcheront à sa lumière, et les rois de la terre y apporteront leur gloire.
Ses portes ne se fermeront point le jour, car il n’y aura point de nuit.
Et un jour, nous n’aurons plus à lutter, nous n’aurons plus à vivre de manière étrange dans un monde tordu, nous n’aurons plus à lutter contre les pouvoirs mauvais qui nous oppressent, qui nous assassinent.
Un jour, nous serons rentrés à la maison.
Un jour, l’exil aura pris fin.
Un jour, nous n’aurons plus de mal du pays, celui-là même qui nous prend, même alors que nous sommes à la maison.
Et un jour, notre Père nous accueillera dans sa gloire.
Et je conclue avec les mots réconfortants de Jésus, qui connaît la lutte de celui qui vient habiter ailleurs que chez lui.
Lui qui a traversé les cieux et la gloire et est venu sur terre, il connaît ce sentiment d’étranger et d’exilé que nous vivons.
Et il nous dit que votre cœur ne se trouble point.
Croyez en Dieu et croyez en moi.
Il y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père.
Si cela n’était pas, je vous l’aurai dit, je vais vous préparer une place.
Et lorsque je m’en serai allé et que je vous aurai préparé une place, je reviendrai et je vous prendrai avec moi, afin que là où je suis, vous y soyez aussi.
Je vais prier.
Père Céleste, Souvent nous oublions que nous sommes de passage, nous sommes étrangers et voyageurs.
Nous confondons la tente et la maison, et le confort nous endort.
L’opulence de notre pays et la facilité de nos conditions nous rend aveugles à la fois à la séduction et à la persécution qui réveillent ceux qui vivent loin de nous.
Ouvre nos yeux Seigneur, pour que nous puissions considérer que nous ne sommes pas à la maison, que nous sommes exilés dans cette Babylone, dans ce système humain qui est opposé à toi et qui nous est défavorable.
Et garde-nous d’espérer dans un changement de système, dans un changement politique, dans l’instauration d’un royaume terrestre qui nous garantirait la sécurité de la construction d’une ville dans laquelle nous pourrions nous réfugier.
Mais garde nos yeux fixés vers la Jérusalem céleste et vers le Roi des Rois qui viendra nous en délivrer.
Et en attendant, aide-nous à vivre comme des exilés.
Aide-nous à faire du bien à ceux qui méritent notre colère, à ceux qui méritent ta colère.
Aide-nous à faire du bien à ceux qui nous font du mal.
Aide-nous à vivre l’évangile de la grâce.
Et aide-nous à souffrir comme toi tu as souffert, à souffrir pour le bien et souffrir pour la gloire de ton nom.
Et garde-nous Seigneur, avec cette espérance que tu nous as préparé une place où tu viendras nous chercher.
Avec cette espérance qu’un jour nous partagerons ta gloire, que nous n’aurons plus à lutter, que nous serons enfin à la maison.
Que tu nous encourages comme tu encouragais les exilés, avec cette bonne nouvelle qu’un jour tu nous amèneras à la maison et tu déferas nos ennemis.
En attendant, garde-nous Seigneur, et aide-nous à nous encourager les uns les autres à vivre en exilé, ici et maintenant.
Pour la gloire de notre pays.
Matthieu Giralt est pasteur dans l’Est de la France. Il est également le directeur du site ToutPourSaGloire.com. Il est titulaire d’un DNSEP de l’École des Beaux-Arts de Bordeaux, et d’un Master de recherche de la Faculté Jean Calvin. Il est le mari d’Alexandra, ils ont deux fils.