Depuis la création de TGC, baptistes et pédobaptistes ont collaborés ensemble. Le pédobaptisme n’est pas représenté au sein du conseil d’Évangile21 mais nous avons voulu publier cet article qui nous aide à comprendre le cheminement de nos frères et sœurs pédobaptistes.
A lire : Le baptême d’eau, un essai de Stephen J. Wellum
Lorsque j’avais une dizaine d’années, mes parents se sont convertis au Christ. Jusqu’alors, nous n’étions pas pratiquants. Bien que j’aie été baptisé dans l’église luthérienne où ma mère avait grandi, nous n’étions allés à l’Église que trois ou quatre fois jusqu’à ce que mes parents se convertissent. À leur conversion, cependant, nous avons soudainement commencé à aller au culte et nous nous sommes retrouvés dans une assemblée de « frères de Plymouth » à Fanwood, dans le New Jersey. C’est là, au cours d’une campagne d’évangélisation, que j’ai pour la première fois professé ma foi en Christ, que j’ai été baptisé par immersion et que j’ai reçu ma première formation spirituelle.
Avant le lycée, nous avons déménagé dans le nord de la Virginie où nous avons fréquenté une église évangélique, et j’ai fini par intégrer une école gérée par des baptistes indépendants. Au cours d’un culte dans la chapelle, je me suis senti appelé à prêcher, un appel qui m’a finalement conduit à fréquenter l’université Liberty pendant un an avant d’être transféré à l’université Bob Jones.
Baptisé à nouveau
Dans le cadre de ma formation de premier cycle en études pastorales, je devais faire un stage, que j’ai effectué dans mon église baptiste indépendante du nord de la Virginie. Pendant mon stage, notre pasteur m’a convaincu que je n’avais pas été baptisé selon les Écritures. Il n’aurait certainement pas pris en compte mon baptême luthérien, mais même mon baptême chez les frères de Plymouth était suspect selon lui. En effet, je n’avais pas été baptisé par un baptiste, je ne faisais donc pas partie de la chaîne ininterrompue des baptêmes spirituels qui remonte à Jean le Baptiste (pour ceux qui reconnaissent ce point de vue, il s’agit du « landmarkisme baptiste »). J’ai donc été rebaptisé.
Mais au cours de cette année de stage, j’ai lu The Reformed Doctrine of Predestination [La doctrine réformée de la prédestination] de Lorraine Boettner. Ce livre a semé dans mon esprit des graines qui ont porté leurs fruits lorsque je préparais mon diplôme de maîtrise à l’université Bob Jones. Je suivais un cours d’histoire de l’Église coloniale américaine et je lisais beaucoup Jonathan Edwards. Après avoir lu le sermon d’Edwards intitulé « Dieu glorifié dans la dépendance de l’homme », j’ai réalisé que j’étais un « calviniste cinq points ». Mieux encore, j’ai réalisé que les doctrines de la grâce qui soulignaient la priorité de l’action divine dans tout notre bien spirituel – de l’élection à la rédemption en passant par l’appel et la persévérance – étaient bibliques et devaient être adoptées.
Pas des bébés païens
En 1994, ma femme et moi avons déménagé à Philadelphie pour que je puisse m’inscrire au Séminaire de théologie de Westminster et suivre un programme de doctorat où je pourrais continuer à étudier Jonathan Edwards. J’étais venu à Philadelphie dans l’espoir de rejoindre une église presbytérienne, mais cette transition était trop difficile pour mon épouse issue des églises baptistes régulières (General Association of Regular Baptist Churches). Nous nous sommes donc retrouvés dans une petite église baptiste qui était en train de se réformer. Le pasteur était diplômé de Bob Jones, ce qui la rendait acceptable ; la doctrine était résolument calviniste, ce qui me rendait acceptable. Au cours des quatre années que nous avons passées là-bas, nous avons adopté ensemble le confessionnalisme, l’importance de la catéchèse, la théologie de l’alliance et l’importance de l’organisation politique presbytérienne.
En fait, nous étions réformés en tout, sauf pour le baptême. Mais Dieu a introduit dans notre vie un élément qui nous a amenés à nous interroger sur la question du baptême : des bébés. Nos enfants sont nés une année sur deux de 1997 à 2003 et nous avons commencé à nous interroger sur leur statut spirituel. Ce n’était pas vraiment des enfants païens. Parce qu’ils étaient nés de parents croyants, ils seraient élevés dans le contexte de l’Église et de la foi chrétienne. Cependant, il n’y avait pas de base biblique pour la « présentation des bébés » (où cela se trouve-t-il dans le Nouveau Testament ?) et ce n’était donc pas une option.
En conséquence, avec la naissance de notre premier enfant en 1997, nous avons commencé à nous demander comment la Confession de foi de Westminster pouvait dire à la fois que « le baptême est un sacrement du Nouveau Testament » (28.1) et que « non seulement ceux qui professent effectivement la foi et l’obéissance au Christ, mais aussi les enfants de l’un des parents croyants, ou des deux, doivent être baptisés » (28.4). Si le baptême est un sacrement du Nouveau Testament et si les bébés doivent être baptisés, alors j’avais besoin d’une raison de le croire qui soit tirée du Nouveau Testament. Les arguments tirés de l’Ancien Testament qui s’appuyaient sur le silence du Nouveau Testament sur la question, ou qui l’admettaient a priori, n’étaient pas convaincants pour moi. J’avais besoin de le voir dans le Nouveau Testament.
L’importance de la notion de maisonnée
Quatre ans plus tard, notre troisième enfant était né et je rédigeais ma thèse, non pas sur Jonathan Edwards comme je l’avais prévu, mais sur Robert Lewis Dabney, théologien presbytérien du sud du XIXe siècle. Je me suis concentré sur la théologie politique de Dabney et j’ai été frappé par l’importance de la famille (ou maisonnée). Qu’il traite de l’esclavage et de la race, des relations hommes-femmes, de l’éducation, de l’Église et de l’État, Dabney revenait sans cesse sur l’importance de la maisonnée dans le dessein et les plans de Dieu.
J’ai commencé à remarquer un motif récurrent : en Genèse 17, Dieu a fait des promesses à Abraham, le chef de famille croyant, et a ensuite signé et scellé ces promesses par la circoncision de la famille. En Actes 16, Dieu a traité avec Lydia et le geôlier de Philippes (chefs de famille croyants), puis a signé et scellé ces promesses par le baptême de leur famille. Le schéma ne reposait pas sur les bébés en tant que tels ; toutes ces années, je ne cherchais pas au bon endroit. Le modèle de Dieu était de traiter avec des maisonnées et d’accorder à ces familles le signe de la circoncision ou du baptême.
D’autres textes sont entrés en jeu à ce moment-là. Selon 1 Corinthiens 7,14, Dieu considère nos enfants comme « saints » – séparés par son œuvre et ses desseins, « purs » et non « impurs » ou païens – en raison de leur relation avec nous en tant que chefs de famille croyants. Actes 2.38-39 dit que la promesse du Saint-Esprit n’était pas faite à des individus isolés qui croyaient, mais à des maisonnées qui croyaient : « La promesse est pour vous et pour vos enfants. » Ce langage se retrouve dans l’Ancien Testament, indiquant la promesse de Dieu aux familles, mais ici, c’est dans le Nouveau Testament que nous le retrouvons. Colossiens 2.11-12 semblait mettre sur un pied d’égalité la circoncision et le baptême, de telle sorte que la succession du signe du Nouveau Testament à celui de l’Ancien était établie.
Il s’agissait là d’une justification assez solide par le Nouveau Testament. Elle m’a fait changer d’avis et nous a conduits à l’Église presbytérienne d’Amérique (note du traducteur : une des principales communions d’églises réformées des États-Unis.). C’est un argument que j’ai enseigné à maintes reprises au cours des dix dernières années de ministère et dans mon livre, On Being Presbyterian [Être presbytérien]. Mais ce n’est qu’une partie de la grâce de Dieu à l’œuvre dans ma vie ; il montre sa grâce dans tous les aspects de ma vie, même à mes enfants après moi. En somme, tout est une question de grâce.
Article traduit par Maxime Georgel, membre de l’Église de la Trinité à Lille (www.trinitelille.fr) et administrateur du site www.parlafoi.fr qui a développé une série d’articles approfondissant la question du baptême des enfants : https://parlafoi.fr/lire/series/le-pedobapteme/