Noël symbolise beaucoup de ce que nous aimons le plus : la famille, les amis, les cadeaux, la bonne nourriture, de belles décorations, des lumières, des bonus, des vacances. Un Noël qui se passe bien peut être un petit bout de paradis. Et alors que Noël représente la joie, la paix, l’amour, il est important de se rappeler que le premier Noël fut loin d’être une promenade de santé.
Le mois dernier, nous avons eu un 4e enfant, et je ne m’imagine pas l’hôpital nous dire « désolés, nous sommes pleins, allez voir ailleurs ». Je connais des réfugiés qui ont dû quitter leur pays au milieu de la nuit au risque de leur vie et traverser plusieurs frontières à pied ; ce n’est pas le genre de souvenir qui se célèbre. Le massacre d’Hérode quant à lui est tellement atroce que nous essayons de l’oublier lorsque nous pensons à Noël.
Tout cela n’annule en rien la beauté de Noël. Quand Jésus est né, le paradis est descendu sur terre, la lumière a percé les ténèbres. Jésus n’est pas né dans une bulle et un monde de privilèges. Il est venu apporter le meilleur du ciel au milieu de la plus profonde nuit.
Ci-dessous quelques détails sur la vie d’Hérode qui nous rappellent le contexte dans lequel Jésus est né.
Il commence sa carrière en héros
Hérode est connu dans sa jeunesse comme ambitieux et plein d’énergie. Encore jeune, Hérode fait ses preuves en chassant un brigand accompagné d’une grosse troupe qui terrorisait la Syrie.
« Dans les bourgs, dans les villes, les chansons célébraient Hérode comme celui qui assurait par sa présence la paix et leurs biens. » (Josèphe, Guerre des Juifs 1.10.5)
Le zèle politico-militaire d’Hérode est pourtant démesuré. Le roi Hyrcan 2 traduit Hérode en justice pour son nombre répété de mises à mort sans aucun jugement (G. 1.10.6).
Hérode est le roi des juifs
Hérode a saisi le pouvoir au milieu d’une guerre civile en Israël. Alors qu’il se rend à Rome pour plaider sa cause, il est déclaré par le Sénat le « roi des Juifs » :
« Antoine fut touché de compassion au récit de ces vicissitudes […] le mérite du suppliant lui-même lui inspirèrent la résolution d’établir roi des Juifs celui qu’il avait auparavant lui-même fait tétrarque […] À ces paroles, le Sénat s’émut, et quand Antoine s’avança pour dire qu’en vue même de la guerre contre les Parthes, il était avantageux qu’Hérode fût roi, tous votèrent dans ce sens. » (G. 1.14.4)
Pour saisir le trône, Hérode devra reconquérir une partie du pays et assiéger Jérusalem. Cependant, il paie de sa propre poche la solde des soldats pour garantir que la ville ne soit pas pillée (G.1.18.3). Il devient roi des Juifs au prix de la diplomatie, la violence, et de ses propres finances. On peut comprendre sa jalousie quand les mages lui demandent « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? » (Mt 2.2)
II abandonne sa première épouse
Pour associer au titre romain la bénédiction du peuple, Hérode épouse Mariamne, la petite-fille du roi Asmonéen Hyrcan 2. Seulement, à ce moment-là il est déjà marié. Il bannit ainsi sa première épouse et leur fils Antipater. Alors qu’il est malade, 5 jours avant sa propre mort, Hérode déshérite son premier-né puis le met à mort.
Il massacre la famille de son épouse
Prompt à la jalousie et grandement influencé par sa propre sœur Salomé, il finit par se méfier de son épouse. Il la mettra à mort, ainsi que ses deux enfants, son frère, son grand-père et sa mère. En tout, Hérode aura 10 épouses et 14 enfants.
Hérode construit de nombreux temples
Hérode était un grand bâtisseur, reconnu par certains comme le plus grand bâtisseur de l’histoire juive. Son bilan est vaste et varié, il fait construire des aqueducs, des théâtres, des murailles, des forteresses, des palais, des ports, de nombreuses villes et surtout le Temple de Jérusalem qui est décrit par Josèphe comme « la plus glorieuse de ses œuvres ». Hérode double la surface du Temple et élève son sommet à 45m de hauteur. La structure dépasse de loin la taille du Temple de Salomon. C’est l’une des plus grandes constructions du siècle, qu’Hérode entreprend pour la gloire de son nom (Antiquités 15.11.1).
En Samarie, il construit aussi « un très grand temple dédié à l’empereur » (G. 1.21.2). Près du Jourdain, il construit un autre temple pour l’empereur, en marbre blanc (G. 1.21.3). Son désir de plaire à l’empereur est empreint de zèle : « Après avoir rempli de temples son propre territoire, il fit déborder sur la province entière sa dévotion à l’empereur et fonda des temples de César dans plusieurs cités. » (G.1.21.4).
À Césarée, le Temple pour Auguste est « remarquable par sa beauté et sa grandeur », avec une statue colossale inspirée de Zeus et dédiée à l’empereur (G. 1.21.7).
Hérode est président des Jeux olympiques
Hérode bâtit Césarée comme une ville digne de l’Empire romain, avec théâtre, amphithéâtre et de nombreuses places publiques. Le roi y institue des jeux quinquennaux qu’il inaugure lors de la 192e olympiade (G. 1.21.8).
Face aux nombreuses pratiques païennes apportées par Hérode un complot se met en place contre lui. Un espion révèle le nom de tous les participants qui sont mis à mort. Le peuple se venge en tuant le traitre, mais Hérode récidive en torturant un grand nombre de femmes jusqu’à ce que plusieurs avouent. Leurs familles entières sont mises à mort (A. 15.8.3-4).
La religion du compromis
À l’entrée du Temple, Hérode fait ériger un aigle d’or, au mépris de la loi juive qui interdisait toute représentation d’image dans ce lieu. Alors qu’Hérode vieillit, un complot se met en marche pour détruire la statue. Des jeunes gens montent sur le toit du Temple en plein jour, puis se font descendre avec de grosses cordes. À coups de hache, ils détruisent le symbole romain. Plus d’une quarantaine de personnes sont arrêtées, Hérode les condamne toutes au bûcher. (G. 1.23.2-4)
Hérode finit dans une folie meurtrière
Alors que sa mort approche, Hérode cherche à forcer un deuil national :
« Il prit le chemin du retour et parvint à Jéricho. Là, vomissant déjà de la bile noire. Il lança une sorte de défi à la mort même, en procédant à une exécution sacrilège. Il fit rassembler dans l’hippodrome des citoyens notables de tous les bourgs de la Judée et ordonna de les y mettre sous clef. Puis, appelant auprès de lui sa sœur Salomé et Alexas, mari de la princesse : « Je sais, dit-il, que les Juifs célèbreront ma mort par des réjouissances, mais j’ai un moyen de les faire pleurer et d’obtenir des funérailles magnifiques si vous voulez suivre mes instructions. Ces hommes que j’ai fait emprisonner, dès que j’aurai rendu le dernier soupir, faites-les aussitôt cerner et massacrer par des soldats ; ainsi toute la Judée, toutes les familles, qu’elles le veuillent ou non, pleureront sur moi ». (G. 1.33.2)
Conclusion
À l’époque de la naissance de Jésus, Hérode a atteint le pire. Le climat du pays est tendu, la violence est permanente. Et soudain les anges chantent dans le ciel. Une famille se retrouve au calme dans une étable. Les inégalités sociales sont brisées : mages et bergers se retrouvent tour à tour à genoux devant un enfant. Dans un monde de misère, Dieu apporte la lumière. Un Fils, un Sauveur, l’espoir de la vie éternelle.