« La musique ce n’est pas mon truc, donc le ministère de la louange je n’y touche pas ! »
J’ai souvent entendu ces paroles de la bouche d’un pasteur ou d’un ancien. En effet, pour un responsable sans arrière-plan musical les questions techniques, de style, et même de philosophie de ministère sur la louange peuvent être compliquées. Pourtant, l’Église a profondément besoin de cohésion entre les leaders spirituels et l’équipe de louange. La louange en commun est le moment spécial où la communauté réunie vit sa foi de manière publique. Nous ne pouvons minimiser l’importance de ce moment ni de l’importance d’une vision claire des leaders de l’Église pour ce ministère.
La louange en commun est le moment spécial où la communauté réunie vit sa foi de manière publique
La supervision théologique
Les musiciens et conducteurs de louange possédant une formation théologique solide sont des perles rares, très précieuses pour leurs Églises. En effet, nous ne pouvons pas minimiser la quantité de vérités doctrinales contenues dans les chants, comme dans les interventions pour les introduire.
Choisir les bons chants pour l’édification de l’assemblée est une tâche extrêmement importante. Le chant façonne l’Église dans sa pensée, dans sa doctrine, dans sa mémoire collective, dans son expérience commune, dans l’expression unie d’émotions fortes, dans son développement de goût pour la beauté, dans sa culture.
Parce que le choix des chants est si important, il est judicieux que les responsables de l’Église soient impliqués dans la validation d’un répertoire. Les dangers sont réels : de nombreux chants de louange peuvent être très beau, mais avoir une théologie fausse ou en désaccord avec celle de l’Église locale. Le but de la louange est pour l’édification, pour construire l’Église (1 Cor 14.26), mais avec les mauvais chants c’est souvent un travail de déconstruction qui doit être fait par la suite !
Pour faciliter le processus, dans notre assemblée nous avons conçu un répertoire que nous mettons à jour tous les ans, selon les propositions des musiciens et animateurs. Les conducteurs de louange peuvent proposer de nouveaux chants, mais ces derniers doivent premièrement être approuvés.
Il est aussi très important que les conducteurs de louange aient une attitude de service et de redevabilité auprès des responsables spirituels de l’assemblée. Le pasteur et les anciens ont un rôle important à jouer en créant une atmosphère de confiance dans l’assemblée où les retours constructifs peuvent être entendus. Notre génération est très sensible à l’authenticité et la liberté d’expression, des choses qui sont importantes dans nos cultes. Mais les prises de paroles ou les choix de chants peuvent souvent contenir des maladresses, des incohérences, ou des imprécisions qui méritent d’être corrigées. Rester humble et enseignable permet à chacun de grandir là où il sert, et à l’Église de gagner en maturité.
les prises de paroles ou les choix de chants peuvent souvent contenir des maladresses, des incohérences, ou des imprécisions qui méritent d’être corrigées
La supervision pastorale et humaine
Qui dit conduite dit rôle de berger. La conduite de culte est un rôle profondément pastoral. La louange en commun, c’est un accompagnement pour aider les gens à se détourner de leurs distractions pour se tourner vers Christ. Cela demande une sagesse qui est à la fois relationnelle, humaine, et spirituelle. Cela nécessite de pouvoir se connecter avec les gens, tout en les aidant à se connecter avec Dieu.
La conduite de culte est un rôle profondément pastoral.
Cela peut paraître intimidant pour un chanteur ou une chanteuse, ou un animateur, de réaliser que leur ministère possède une dimension pastorale. La barre est haute. Les enjeux sont élevés. Dans le moment de louange en commun, l’Église entière est conduite dans une direction, une posture d’adoration, une attitude, au cours d’un repas spirituel qui nourrit et façonne.
Parce que la conduite du troupeau est une charge pour les anciens (1 Pierre 5.1-6), ils sont directement responsables. Ainsi, il est extrêmement important que le ministère de la louange soit soumis à la conduite des anciens, pour œuvrer en concert dans l’accompagnement du peuple de Dieu.
Le ministère de la louange peut-être très exigeant pour les participants, dans leur engagement en temps et en énergie. Il est aussi important que les responsables de l’Église veillent à ce que ce ministère soit ressourçant et spirituellement enrichissant pour les personnes investies.
La supervision spirituelle
Le moment de louange en commun est profondément spirituel. C’est le témoignage de l’œuvre de l’Esprit dans les croyants :
18Ne vous enivrez pas de vin: cela mène à la débauche. Soyez au contraire remplis de l’Esprit: 19dites-vous des psaumes, des hymnes et des cantiques spirituels; chantez et célébrez de tout votre cœur les louanges du Seigneur; 20remerciez constamment Dieu le Père pour tout, au nom de notre Seigneur Jésus-Christ (Ephésiens 5.18-20).
Pour l’apôtre Paul, la louange en commun est une démonstration de la maturité spirituelle d’une assemblée. Des chrétiens remplis de l’Esprit chantent, et ils le font avec la bonne posture spirituelle. Pendant ce temps partagé, l’Église montre quelle place d’honneur est accordée à Jésus-Christ, quelle est la profondeur de sa reconnaissance pour Son œuvre, l’authenticité de sa joie, de sa vie, de son attachement à la vérité.
Pour l’apôtre Paul, la louange en commun est une démonstration de la maturité spirituelle d’une assemblée.
L’équipe de louange est un modèle pour toute l’assemblée, elle incarne ce que cela veut dire d’être rempli de l’Esprit. Il est donc indispensable que ces personnes soient accompagnées pour cheminer vers la maturité spirituelle par ceux qui ont la charge spirituelle de l’Église. L’équipe de louange doit être tirée vers le haut, pour ensuite tirer toute l’assemblée vers le haut dans sa louange et son adoration.
La supervision culturelle et de philosophie de ministère
La louange n’est pas simplement une activité du culte. Elle est une fenêtre ouverte sur les valeurs de l’Église, ses priorités, ses styles, ses préférences, ses influences et son histoire. Une grande partie de l’identité d’une Église se retrouve dans ces moments de louange en commun avant et après la prédication.
La louange en commun est le moment spécial où l’Église rassemblée vit sa foi de manière publique. Chaque action est une affirmation, chaque attitude un modèle à imiter. C’est un temps d’influence, de témoignage, d’exemplarité.
Pendant ces moments où les gens observent les attitudes, les manières de faire, la qualité de la préparation, l’authenticité spirituelle, la place de la Parole, l’humilité, l’unité des intervenants… l’Église se construit et se façonne.
Encore une fois, la barre est haute. Remettre la conduite du culte à un leader ou une équipe n’est pas simplement confier l’image représentative de l’Église d’aujourd’hui, mais aussi celle de demain.
Pasteur et anciens ont une responsabilité particulière d’influence sur la construction de la philosophie de ministère de l’assemblée, des valeurs exprimées, des attitudes importantes, de la culture à développer.
Remettre la conduite du culte à un leader ou une équipe n’est pas simplement confier l’image représentative de l’Église d’aujourd’hui, mais aussi celle de demain.
Dans une Église où les conducteurs de louange servent à tour de rôle, les risques sont aussi nombreux de manquer d’équilibre et de cohérence entre les cultes. En effet, la richesse des cultes ne se mesure pas individuellement, mais dans leur ensemble, et un pasteur ou ancien dédié ayant une vision globale peut être fort utile.
Pour les éléments de l’ordre du culte (liturgie), la communication, les attitudes, le respect des valeurs, des évaluations gracieuses et constructives de la part des responsables seront importantes pour le développement de l’Église dans une direction claire.
L’écoute des suggestions venant de l’équipe ou du leader
Le pasteur et les anciens ont une responsabilité de supervision, et aussi d’écoute, notamment lorsqu’ils sont moins « musicaux ». Ma conviction est que les leaders ne doivent pas œuvrer pour « micromanager » des ministères, mais pour « libérer » des ministères dans l’Église. La confiance est clé, et elle doit pouvoir grandir des deux côtés. Les responsables ont beaucoup à apporter pour enrichir le ministère de la louange, leur vigilance et leur accompagnement sont indispensables. Ceux qui servent ont aussi beaucoup à apporter, pour enrichir, compléter, rendre plus pertinentes les directives des anciens et du pasteur.
Sans investissement dans le dialogue, le risque est d’avoir un ministère de louange qui finit par se comporter comme un « îlot » indépendant, en s’auto-gérant, et parfois même en concurrence avec la vision des responsables.