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C’est premièrement le grand tournant dans la vie des apôtres qui m’a donné envie de creuser le sujet de l’Ascension et d’écrire un livre sur le sujet. Les apôtres des évangiles et les apôtres du livre des Actes ne semblent pas les mêmes. Ces mêmes hommes qui se disputaient pour savoir qui est le plus grand d’entre eux, même le jour de la mort de Jésus, luttent ensuite en Actes au prix de leurs vies pour proclamer que Jésus est le plus grand. Ceux-là mêmes qui dormaient au moment où il fallait prier dans le Jardin de Gethsémané, ont tout de suite après l’Ascension un ministère centré sur la prière. Ces hommes qui doutaient concernant Christ jusqu’aux derniers moments de sa vie sur terre (Matthieu 28.17), sont dans le livre des Actes des chrétiens de foi, de courage, d’ambition, inarrêtables.[1] Même après avoir vu la résurrection de Jésus, les apôtres retournent à leurs anciennes occupations (Jean 21), mais après l’Ascension ils sont complètement consacrés au ministère.

Si l’Ascension a eu un impact considérable sur les apôtres, puis-je moi aussi être encouragé dans ma foi en comprenant davantage cet événement ?

C’est ironique, mais le départ de Jésus va puissamment nourrir la foi des disciples, et générer un tournant dans leur vie et leur ministère. Mais les implications de l’Ascension vont beaucoup plus loin.

La place de l’homme dans l’univers

La scène nous semble si familière, cette vision céleste où l’apôtre Jean voit le trône de Dieu entouré d’anciens :

« Autour du trône se trouvaient vingt-quatre trônes, et sur ces trônes vingt-quatre anciens étaient assis. Ils étaient habillés de vêtements blancs et portaient des couronnes d’or sur la tête. » (Apocalypse 4.4).

C’est incroyable d’y penser : après l’Ascension le plus haut trône appartient à un homme (qui est aussi Dieu), ce qui place toute l’humanité qu’il représente à un rang extrêmement privilégié.

Elle évoque pourtant un tournant immense dans l’histoire de l’humanité. Avant l’Ascension, les visions de la demeure de Dieu révèlent surtout la place privilégiée des anges. Dans toutes les visions des prophètes et dans les Psaumes, jamais un seul homme ne se tient dans la présence de Dieu au ciel, et encore moins ne siège dans son conseil.[2]

Le « conseil de Dieu » est constitué d’anges. Ce sont eux qui débattent et décident du futur de la terre (Job 1.6 ; Psaume 82.1, 89.6-8 ; Ésaïe 6.8 ; Daniel 4.14 ; Jude 6).

Mais quand Jésus, homme-Dieu, monte au ciel pour s’asseoir à la droite du Père, c’est maintenant un représentant de l’humanité qui occupe le plus haut trône de l’univers. C’est incroyable d’y penser : après l’Ascension le plus haut trône appartient à un homme (qui est aussi Dieu), ce qui place toute l’humanité qu’il représente à un rang extrêmement privilégié.

Parce que nous avons un représentant sur le trône, notre futur est assuré, notre salut est défendu, l’amour du Père nous est garanti en Jésus-Christ.

Le premier homme entre au ciel

Avant l’Ascension, le langage commun décrivant la mort est une « descente » au séjour des morts, constitué de deux niveaux, le « sein d’Abraham » pour les croyants, et un lieu de souffrance pour ceux qui ont rejeté Dieu (Luc 16.22-26).

La montée de Jésus marque le commencement d’un double mouvement vers le haut.

Premièrement, Jésus ouvre la voie au ciel pour l’humanité. Dorénavant, les croyants montent pour rejoindre Dieu dans sa demeure, en attendant le jour où la Nouvelle Jérusalem descendra sur terre pour l’âge éternel. Par son Ascension, Jésus a littéralement ouvert les portes du ciel aux croyants.

Deuxièmement, lors de son Ascension, Jésus manifeste avec force la puissance, la beauté et la liberté d’un corps glorifié. Jésus vole.

L’Ascension ouvre pour l’humanité les portes du ciel dans un théâtre ouvert de la nouvelle création

Il a déjà montré dans son corps glorifié qu’il pouvait entrer dans une chambre fermée (Jean 20.19), disparaître (Luc 24.31), tout en continuant d’autres pratiques normales comme manger, et là il montre qu’il peut voler. Dans ces quelques semaines entre la Résurrection et l’Ascension, Jésus nous donne un petit avant-goût de la liberté qui nous attend au ciel avec ces corps glorifiés. Après tout, la première chose que les croyants feront au jour de la résurrection, en recevant enfin ces corps glorifiés, sera de rejoindre Christ dans les airs (1 Thessaloniciens 4.16-17) !

Jésus aujourd’hui est le seul être humain à posséder ce corps glorifié. La Bible affirme que Jésus est le premier ressuscité d’entre les morts (1 Corinthiens 15.20 ; Colossiens 1.18), alors que nous attendons encore la résurrection finale de nos corps (1 Corinthiens 15.52; Philippiens 3.20-21; Apocalypse 20.11-15). Son Ascension, manifestation glorieuse du commencement de la nouvelle création, nous garantit que ce futur sera aussi le nôtre.

L’Ascension ouvre pour l’humanité les portes du ciel dans un théâtre ouvert de la nouvelle création. Sa montée précède notre ascension future au ciel, ainsi que l’ascension de l’humanité vers une existence renouvelée et glorifiée.

 

L’Église comme Temple du Saint-Esprit

Jésus affirmait qu’il fallait qu’il monte pour que le Saint-Esprit soit envoyé :

Cependant, je vous dis la vérité: il vaut mieux pour vous que je m’en aille. En effet, si je ne m’en vais pas, le défenseur ne viendra pas vers vous; mais, si je m’en vais, je vous l’enverrai (Jean 16.7)

Il fallait l’Ascension pour la Pentecôte.[3]

Les mécanismes en jeu ne sont pas explicites dans les Écritures, mais je m’aventure un peu ici. Il me semble que nous pouvons défendre que l’Ascension permette certaines réalités nouvelles au ciel qui impactent de nouvelles réalités sur terre.

Les réalités terrestres et célestes sont liées, notamment concernant le Temple de Dieu. Lorsque Dieu demande à Moïse de construire le Tabernacle, il lui montre un modèle céleste à imiter :

Or, ils célèbrent un culte qui n’est que la copie et l’ombre des réalités célestes. Moïse en avait été averti alors qu’il allait construire le tabernacle: Regarde, lui dit en effet le Seigneur, et fais tout d’après le modèle qui t’a été montré sur la montagne. (Hébreux 8.5).

L’auteur de l’épître aux Hébreux semble défendre l’idée qu’il existe un lien entre le Temple céleste et le Temple terrestre. Or, lorsque Jésus monte au ciel, le Temple céleste connaît une nouvelle réalité : il est habité par un homme (Jésus, également Dieu), rempli du Saint-Esprit.

Est-ce cela qui permet que sur terre un nouveau Temple puisse exister, où des croyants sont remplis du Saint-Esprit, dans la puissance de la résurrection, en formant un seul corps ? Dans tous les cas sans Ascension, Jésus dit clairement qu’il n’y a pas de Pentecôte.    Paul appuie cela en décrivant les dons spirituels comme le « butin » de l’Ascension :

8C’est pourquoi il est dit: Il est monté sur les hauteurs, il a emmené des prisonniers et il a fait des dons aux hommes. (…)  10Celui qui est descendu, c’est celui qui est monté au-dessus de tous les cieux afin de remplir tout l’univers. 11C’est lui qui a donné les uns comme apôtres, les autres comme prophètes, les autres comme évangélistes, les autres comme bergers et enseignants. (Éphésiens 4.8, 10-11). 

Conclusion

Nous ne pouvons minimiser l’impact cosmique pour l’humanité lorsque c’est un homme qui s’assoit sur la plus haute place de l’univers. Elle garantit notre espérance future comme une vie spirituelle riche aujourd’hui par l’Esprit. L’Ascension est un événement riche en théologie, permettant un nouvel âge pour le rôle de Jésus en tant que Prêtre, Roi, Prophète. C’est un événement charnière qui mérite d’être davantage creusé, médité, étudié, et partagé. Alors pour cette Ascension, levons les yeux vers le ciel pour remercier celui qui est descendu pour nous, monté pour nous, et qui reviendra bientôt nous chercher !

[1] Voir article L’Ascension et la divinité de Jésus-Christ

[2] Je n’ai pas le temps dans ce cours article d’élaborer sur les cas d’Hénoc et d’Élie, mais rien n’indique qu’ils aient revêtus des corps glorifiés pour vivre dans la demeure de Dieu. Ma compréhension est qu’ils ont tous les deux été épargnés de la mort, mais on probablement rejoins le sein d’Abraham, ce que Blocher défend (La doctrine de Christ, Vaux-sur-Seine : Édifac, 2002, p. 222).

[3] Voir article Comment l’Ascension prépare la Pentecôte).

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