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La venue du Saint-Esprit à la Pentecôte est un événement qui fascine les croyants depuis des siècles. Il y a de quoi. La Pentecôte nous révèle l’avant-goût du ministère du Saint-Esprit et la beauté qui l’accompagne.

De façon ironique, même si le Saint-Esprit est invisible, toute son œuvre est magnifique. Il apporte de la beauté là où il passe.

Il a pour rôle d’embellir notre âme, il nous sanctifie de gloire en gloire (2 Co 3.17-18), nous rend plus saints, plus purs, plus complets (1 Pi 1.2).

Il embellit nos relations. Il apporte l’unité, la paix, l’amour, un fruit doux et agréable (Ep 4.3 ; Gal 5.22).

Il embellit notre quotidien. En portant la présence et la puissance de Dieu au cœur même de notre routine, il donne à tout ce que nous faisons une vraie grandeur.

Une entrée très « classe »

Le départ de Jésus le jour de l’Ascension est la sortie la plus distinguée de tous les temps, il faut le dire. Jésus s’envole devant ses disciples en les bénissant (Lc 24.51). Celui qui a vécu dans l’humilité toute sa vie fait la sortie la plus royale et la plus glorieuse de tous les temps, une sortie en beauté digne de Dieu fait chair.

Et alors que les disciples regardent en l’air passivement en attendant une nouvelle direction, deux anges apparaissent pour les motiver (Ac 1.9-11). Maintenant le jeu a changé.

Au lieu de suivre Jésus qui vivait devant eux, ils doivent maintenant suivre Jésus qui vit en eux. C’est un nouveau partenariat extraordinaire avec une entrée en matière des plus glorieuses : la conversion le jour de la Pentecôte de 3000 âmes à la suite de la prédication de l’Évangile. Rapidement, la notion nostalgique d’une vie de foi où tout était mieux avant s’évanouit. Si le départ de Jésus est glorieux, l’entrée en matière du Saint-Esprit l’est tout autant.

Une beauté surprenante

Si, guidé par une main divine j’avais dû écrire le premier chapitre de l’histoire de l’Église, je n’aurai jamais pensé au parler en langues. Quand on y songe, il n’y a rien de plus commun que les langues.

Le Saint-Esprit aurait pu faire son entrée de tellement de manières différentes. Et pourtant il va utiliser un des moyens les plus communs, les plus banals, pour se révéler.

Le bruit d’un vent violent, des langues de feu, puis la simplicité du langage. Qui aurait pu inventer cela ? La Pentecôte nous rappelle que l’Esprit œuvre souvent de manière mystérieuse et inattendue, nous ne pouvons pas mettre son œuvre dans une « boîte ».

La beauté de l’unité dans la diversité

La Pentecôte est magnifique, c’est l’opposé de la tour de Babel (Gn 11.1-11). Là, les hommes de toutes les nations s’unissent, mais c’est une laide entreprise. Ils mettent toutes leurs ressources en commun pour bâtir un édifice à leur propre gloire. Ils s’engagent dans un projet gigantesque pour assouvir leur égo, écartant la mission que Dieu avait donnée à l’humanité de remplir la Terre.

Leur leader s’appelle Nimrod (« on se rebelle ») et Babel et une attaque directe contre Dieu : « Le portail des dieux ». Le Dieu unique qui rassemble est rejeté au profit d’une multitude de faux dieux à l’image de l’homme, faits par chacun à sa sauce.

La seule chose qui unit la Terre est l’égoïsme, quelle ironie ! Dieu intervient alors, sème la confusion, divise par de nouvelles langues, et le groupement est forcé d’arrêter son projet pour suivre celui de Dieu : remplir la Terre d’une humanité diverse.

Cette humanité interculturelle est finalement rassemblée le jour de la Pentecôte ; chacun entend parler dans sa propre langue « des merveilles de Dieu » (Ac 2.11). Seul Dieu peut réellement unir l’humanité autour de lui, et la Pentecôte le montre en toute beauté, dans un événement unique dans l’histoire de l’humanité. Augustin écrit au 4e siècle :

Vous savez comment le ciel répondit à leurs prières : par un grand prodige. Tous ceux qui étaient présents n’avaient appris qu’une seule langue. L’Esprit saint descendit sur eux et remplit leur âme, et ils commencèrent à parler les langues de tous les peuples sans les connaître, sans les avoir apprises ; […]

                  Est-ce qu’aujourd’hui, mes frères, le Saint-Esprit n’est plus donné ? Celui qui le croirait ne serait pas digne de le recevoir. On le reçoit donc encore aujourd’hui. Pourquoi donc ne parle-t-on plus aujourd’hui toutes les langues, comme les parlaient ceux qui recevaient alors le Saint-Esprit ? Pourquoi ? Parce que la signification mystérieuse du don des langues est accomplie. […] Cette Église si peu nombreuse, qui parlait toutes les langues, était le symbole de cette grande Église qui s’étend du lever du soleil à son coucher, et parle les langues de tous les peuples. Cette promesse a reçu son accomplissement.[1]

La beauté dans la simplicité

Même si le Saint-Esprit entre avec gloire, il le fait aussi de manière subtile et avec simplicité. Un grand bruit, puis de simples langues. Des langues de feu, puis simplement des discussions joyeuses autour des merveilles de Dieu.

Telle est l’œuvre du Saint-Esprit. Des gens normaux, mais avec quelque chose de plus. Des événements routiniers, mais avec quelque chose de plus. Des conversations, mais avec quelque chose de plus. Certains le voient, d’autres non, mais cette étincelle de vie suffit pour diriger les cœurs ouverts vers Christ et embellir le nôtre.

La beauté de Christ

L’Esprit n’agit pas toujours de la manière que l’on attend, mais il agit toujours pour accomplir les buts qui nous ont été révélés. Il est mystérieux dans ses mouvements, mais pas dans sa direction. Son but est de pointer vers Christ (Jn 15.26-27). Ainsi, la beauté de l’œuvre du Saint-Esprit est infinie parce qu’elle révèle directement la beauté de Christ.

Paul décrit le parler en langues de l’Église primitive comme un « signe » (1 Cor 14.22). C’est un poteau indicateur, il pointe vers Christ. C’est ce que nous voyons clairement dans ce passage. L’œuvre surprenante du Saint-Esprit ouvre une porte pour la prédication de la Parole, puis 3000 cœurs se tournent vers le Christ ressuscité.

Les émotions fortes que procurent les actions du Saint-Esprit ne sont pas une fin en elles-mêmes. Le Saint-Esprit est au service de Christ, pour le faire vivre en nous, et non pour nous donner un divertissement spirituel qui satisfait notre égo. La beauté de l’Esprit est de nous faire connaître Christ avant tout.

La beauté d’une œuvre personnelle

Simon le magicien n’a pas été le seul à convoiter l’œuvre du Saint-Esprit. La puissance du Saint-Esprit donne envie, et beaucoup aspirent à la contrôler.

Qui n’aimerait pas pouvoir faire des miracles ? Mais soyons honnêtes, la raison pour laquelle nous aspirons souvent au côté miraculeux est que nous voulons nous sentir spéciaux.

Est-ce que j’aimerais parler en langues ? Avoir le pouvoir de parler en chinois, en ukrainien, en portugais ? Bien sûr. Comme j’aimerais pouvoir guérir des gens, voler ou remonter le temps. Mais est-ce que Dieu a besoin que je fasse ce genre de miracle pour se faire connaître ? Est-ce que j’aspire à ces choses pour être un poteau indicateur vers Christ, ou pour satisfaire mon égo ?

La beauté de la Pentecôte c’est que Dieu nous dit lui-même que nous sommes déjà spéciaux, uniques. Assez pour qu’il se révèle à chacun de manière personnelle, dans sa propre langue.

Dieu peut faire des miracles et il va en faire. Mais il est important de se rappeler que l’homme regarde à ce qui frappe les yeux mais l’Éternel regarde au cœur (1 Sam 16.7). L’œuvre la plus miraculeuse de l’Esprit se fait dans notre être intérieur.

La beauté d’une œuvre surnaturelle

Le parler en langues n’est pas unique à la Bible. Ce qui est unique est le fait que ces langues soient des langues existantes. Cet aspect-là est unique et surnaturel.

Dans le monde gréco-romain, le parler en langues existait, il faisait partie d’une expérience de transe, une sorte d’expérience hors du corps pour se connecter aux divinités. Les Grecs appelaient cette expérience « eros », le désir du sensuel, de l’érotique et de l’extase. Ces pratiques remontaient même avant cela à l’influence des religions de mystères venant de Babylone.

Joseph Smith, le fondateur des mormons aurait aussi parlé en langues. Au Japon, l’Association de la Lumière de Dieu a pour croyance que le parler en langues aide à se rappeler de vies antérieures. Il est pratiqué dans le vaudou d’Haïti, par les Gourous hindous et les fakirs d’Inde. Le spiritisme développé au 19e siècle par Allan Kardec mentionne aussi le parler en langues comme l’une des manifestations des esprits.

Les moqueurs en Actes 2 connaissaient ce genre d’expériences et font le rapprochement avec l’ivresse. En effet, ce que toutes ces pratiques ont en commun, c’est que leur parler en langues est fait de langues qui n’existent pas. C’est de la glossolalie. Seulement, il n’y a rien de divin à enchaîner des syllabes pour former un langage qui n’existe pas. Ce qui est miraculeux dans le parler en langue biblique est le fait que ces langues existaient vraiment. Ce miracle-là est magnifique et remplit aussi un but magnifique.

Conclusion

L’œuvre du Saint-Esprit est belle, elle l’est depuis la nuit des temps, elle l’est particulièrement depuis le commencement de la Nouvelle Alliance. Que cet Esprit nous remplisse, nous dirige et nous utilise pour connaître et faire connaître Jésus-Christ autour de nous.

[1]   Augustin, « Sermon CCLXVII, II & III ».

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