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John MacArthur est décédé hier, le lundi 14 juillet 2025, à l’âge de 86 ans. il était atteint d’une pneumonie et affaibli depuis plusieurs mois. Il laisse derrière lui l’héritage de milliers de prédications, d’une série de commentaires complète du Nouveau Testament et près de 150 livres écris et édités.

Comme beaucoup de personnalités évangéliques de grand calibre, John MacArthur a été à la fois très aimé et aussi très controversé. Au centre de nombreuses polémiques au cours de ses 56 ans de ministère, il est connu pour ses prises de position fermes et claires et son désir d’attachement à la Parole et la prédication textuelle. Invité régulièrement à des talk-shows séculiers, il a été un porte-parole courageux de l’Évangile devant des millions de personnes. Christianity Today le décrit comme l’un des prédicateurs les plus influents de sa génération.

Que nous soyons d’accord ou non avec sa théologie et certaines de ses prises de position, John MacArthur a été puissamment utilisé par Dieu pour donner à la Parole une place renouvelée dans la prédication et la vie d’Église, non seulement aux États-Unis mais dans de nombreux pays. Pendant mes 11 ans à Los Angeles, j’ai été constamment encouragé d’entendre les témoignages de gens qui se sont convertis dans son Église et par son ministère.

Je ne pourrais pas dire que j’étais très proche de John MacArthur, mais curieusement il m’a pris à cœur depuis le début de mes études. Je profite de cette occasion pour témoigner de quelques souvenirs personnels, révélant, peut-être, des facettes moins connues de ce pasteur.

Un cœur généreux

Mon père a un petit salaire de pasteur, nous sommes 8 à la maison. Un ami missionnaire me conseille l’université chrétienne « The Master’s University » à Los Angeles pour faire des études bibliques, mais ça coûte $30 000 l’année. Désespéré, mon père écrit une lettre directement à John MacArthur, en y attachant mon témoignage.

Pour une raison que j’ignore, il me prend à cœur. Peut-être était-ce son cœur pour la mission, peut-être voyait-il déjà en moi un futur prédicateur. Je ne sais pas. Il fait en sorte que j’obtienne un maximum de bourses, et pour tout ce qui manque, John paye de sa poche. Des milliers de dollars.

Il avait repris les rênes de cette école en 1985 alors qu’elle tendait vers la faillite. Elle avait besoin de renouveau et de stabilité. C’était un projet devenu cher à son cœur. Il venait régulièrement aux matchs des équipes athlétiques, et quand il me croisait il venait me saluer et prendre des nouvelles.

« Philippe, si un jour tu as besoin de quoique ce soit, tu n’hésites pas, tu viens me voir » m’avait-il lancé une fois.  Avec les ventes de ses livres Dieu l’avait béni, et il aimait bénir en retour.

Je regrette avoir manqué la fête de Thanksgiving où son épouse m’avait invité chez eux, mais mes parents visitaient la côte Est des États-Unis et une Église m’avait offert un billet pour aller les voir.

Un cœur compétitif

Avant d’arriver à Los Angeles en 2004 pour mes études, je ne connaissais rien de John MacArthur.  Mais je me souviendrais toujours de son premier message à la fac pour nous accueillir : « C’est ma 8e prédication en 4 jours, et je suis un peu fatigué, mais je suis content d’être avec vous ! » À 65 ans il avait encore un emploi de temps de ministre. Sa passion était la prédication et il aimait saisir les opportunités, que ce soit à la télé, dans les prisons, dans les universités chrétiennes, les conférences, ou la radio. Il était infatigable.

Pendant 56 ans de ministère il a maintenu une éthique de travail exceptionnelle. Il avait gardé ce côté d’athlète compétitif de sa jeunesse, tout était pour lui un défi à relever et surmonter. Au travers des années il a su s’entourer de personnes extrêmement douées et efficaces. Il visait sans cesse l’excellence du travail accompli, autant pour son Église que pour son université et sa faculté de théologie. J’étais étudiant en même temps qu’Abner Chou, devenu depuis président de l’université…un génie qui à pas loin de 25 ans avait son doctorat ! John MacArthur était un combattant qui voulait remporter le prix, faire la différence dans sa génération, et surtout, créer un terreau fertile pour la formation d’hommes et de femmes de Dieu passionnés de la Parole.

« Il a arrêté de jouer au golf avec moi quand il a pris de l’âge et commencé à perdre » disait, en rigolant, un ami et associé de John pendant plus d‘une décennie. « Mais je peux témoigner que pendant toutes ces années à ses côtés, il s’est toujours comporté en homme de Dieu » poursuivit-il. Cela résume peut-être cet aspect de son caractère. Il était compétitif et visait les sommets, tout en cherchant à garder son intégrité.

John avait survécu miraculeusement à un grave accident de voiture à 18 ans. Expulsé de la voiture il avait volé sur près de 100m et passé des mois de convalescence à l’hôpital. Cet événement avait scellé sa conviction pour un appel au ministère, que sa vie ne lui appartenait plus, mais devait être vécue entièrement pour Dieu.

Un cœur pastoral

« Vous seriez disponible pour venir à notre groupe de croissance une fois ? » Avec mes deux premiers amis de fac, un Brésilien et un Australien, nous nous étions donné le défi d’inviter John pour un temps personnel avec lui. Il avait accepté : « Écrivez à ma secrétaire pour prendre rendez-vous et dès que je suis disponible ce sera avec grand plaisir ! ». Cela avait pris 6 mois mais nous avions eu le rendez-vous.

Dans son bureau il y avait une étagère avec ses livres. « Prenez tous les livres que vous voulez ! » nous avait-il encouragé après notre temps de discussion. Malgré la taille de son Église (plus de 10 000 personnes), il voulait être disponible.

Il y a quelques années, et ami proche, diplômé de la fac avec moi, passait par une crise d’Église. John en a entendu parler et l’a appelé directement pour l’encourager.

Pendant mon parcours, il ne cessait de m’encourager. « Je suis fier de toi » m’avait-il dit en me remettant mon diplôme à l’université. Un jour j’étais venu en observateur à une réunion d’anciens de son Église : « Philippe va être un excellent pasteur un jour » dit-il pour me présenter devant la quarantaine d’anciens présents. Même si nous nous côtoyions très peu, il était intentionnel dans ses paroles et m’a profondément impacté.

Fidèle à son assemblée pendant 56 ans, il a modélisé pour beaucoup la persévérance, l’attachement à l’Église locale, et l’amour de sa communauté.

Conclusion

John MacArthur était un homme comme les autres, avec des forces et des faiblesses. Mais il a su faire fructifier les dons que Dieu lui a donnés en se focalisant sur une mission centrale, celle de la prédication de la Parole. Il s’y est attaché en y consacrant une énergie colossale, en s’entourant de nombreuses personnes de qualité, en faisant équipe avec son Église locale, en visant l’excellence, et en parlant avec courage. Sur certains domaines John MacArthur a été polarisant. Mais il n’en reste pas moins un puissant prédicateur que Dieu a utilisé pour amener à lui de nombreuses personnes et défendre avec clarté de nombreuses vérités de la Bible. Il a répondu à un appel unique, avec tous les défis que cela a représentés ; et bien que parfois j’aurais peut-être dit certaines choses avec d’autres nuances, je me compte parmi ces nombreuses vies profondément transformées par son ministère.

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