×
Parcourir

La théologie systématique est un outil précieux. Elle apporte de la clarté, organise nos idées, nous aide à construire des systèmes, à catégoriser, à décrire avec précision la grandeur de notre Dieu si glorieux. Cependant, alors que la Bible est inspirée et claire, notre logique et nos constructions, elles, peuvent être incomplètes. Ainsi, quand je me retrouve devant un puzzle où les vérités bibliques sont difficiles à organiser dans des boîtes toutes faites, j’aime bien me rappeler cette phrase : « je préfère être biblique que logique ».

Certaines vérités bibliques sont en tension : l’amour de Dieu et la réalité de l’enfer, la souveraineté de Dieu et la responsabilité humaine, l’unité et la diversité de la Trinité, la bonté de Dieu et la souffrance, la connaissance de Dieu et le fait qu’il demeure incompréhensible… et tellement d’autres sujets encore. Face à la complexité de Dieu et à la richesse de sa Parole, je loue le génie de nombreux théologiens qui ont su trouver les bons mots. En même temps, face à la réalité de nos limites, il reste important de nous revêtir d’une bonne mesure d’humilité.

Les limites de la logique humaine 

Dieu est un Dieu d’ordre, nous dit Paul (1 Cor 14.33). Il n’est pas irrationnel. Il existe un ordre à tout ce qu’il fait, même si nous ne le comprenons pas toujours. Notre logique et notre rationalité sont de bons outils pour apprendre à connaître Dieu, ce sont des outils à son image. Toutefois, parce que nous sommes pécheurs, notre logique est aussi teintée de la réalité du péché.

La foi n’appelle pas à l’irrationalité, mais à une rationalité humble qui sait se remettre en question.

En réalité, de nombreuses hérésies sont très rationnelles. Comme les Témoins de Jéhovah qui nient la Trinité parce qu’avoir un seul Dieu est plus logique. Ou comme le théisme ouvert qui nie l’omnipotence de Dieu à cause de la réalité du mal. Dieu est amour, donc l’enfer n’existe pas, c’est logique. Dieu est généreux, donc si je m’entends bien avec lui il va me bénir financièrement, c’est logique. La liste pourrait être longue.

C’est un raisonnement de logique qui conduit l’Église Catholique à enseigner l’assomption de Marie et la conception immaculée : telle mère tel Fils, c’est logique.

Le problème de notre logique, c’est qu’elle essaie de créer de la cohérence entre des éléments, mais souvent sans tenir compte de tous les éléments nécessaires pour une cohérence complète. Nous ne relions qu’une partie des éléments entre eux.

L’Histoire nous montre les limites de notre logique humaine : selon les filtres de notre génération, les découvertes scientifiques ou les mouvements socio-politiques, nous avons tendance à lire et interpréter la Bible différemment. Et tous les 20 ans nous regardons en arrière et nous rions de ce que nous avons pu croire ou rendre populaire dans nos Églises.

De nombreuses pratiques éthiques sont aussi attaquées sur la base de la logique humaine. La sexualité est bonne et un cadeau de Dieu, donc nous n’avons pas besoin d’attendre le mariage pour la pratiquer, c’est logique. Là encore, la liste pourrait être longue.

La logique est l’art de relier les vérités dans une suite cohérente. Mais voilà, avec nos filtres et notre ignorance, nous sommes tristement limités.

Les choses cachées de la sagesse de Dieu 

La Bible affirme avec honnêteté qu’elle ne nous dit pas tout, et que nous ne pouvons pas tout comprendre :

« Les choses cachées sont pour l’Éternel, notre Dieu; les choses révélées sont pour nous et nos enfants, à toujours, afin que nous mettions en pratique toutes les paroles de cette loi. » (Deutéronome 29.28).

« En effet, vos pensées ne sont pas mes pensées et mes voies ne sont pas vos voies, déclare l’Éternel. » (Esaïe 55.8).

La Bible, notamment par le genre prophétique, présente souvent des vérités de manière cachée, certaines vérités ayant été révélées à posteriori, d’autres pas encore. Et c’est une bonne chose. Si Satan avait compris le sens complet d’Esaïe 53, je ne sais pas s’il serait allé jusqu’au bout de son plan de livrer Jésus. Les prophéties nous donnent de l’espoir, mais tout en cachant un sens plus complet qui sera révélé plus tard.

Sur un sujet comme l’eschatologie, basé sur de nombreuses prophéties en Apocalypse et dans l’Ancien Testament, il existe de nombreuses choses cachées, le langage utilisé est lui-même souvent énigmatique. Nous n’avons que quelques éléments descriptifs du paradis. Le temps du retour de Jésus est mystérieux. La description des événements annonciateurs de la fin des temps reste nébuleuse. Et c’est normal : si Satan et ses démons savaient exactement tout ce qui allait se passer, peut-être feraient-ils différemment, ils ne sont pas stupides. Non pas que nous ne devions pas essayer de comprendre la cohérence des éléments eschatologiques révélés, mais je pense que c’est bien de le faire avec recul et humilité. Le but des prophéties est d’avoir un sens caché, et parfois il est préférable de rester dans la simplicité biblique plutôt que de construire par la logique humaine un système forcé ou avec trop de contradictions internes.

Concernant certaines réalités où la Bible ne fait pas d’affirmations explicites, je préfère rester proche du langage biblique que d’employer des formulations qui me semblent malheureuses voire offensives. Certaines personnes sont-elles prédestinées à l’enfer ? La logique humaine pourrait nous mener à cela, mais ce langage est tellement loin de celui de la Bible que je ne pourrai jamais dire cela. Jésus est-il seulement mort pour les croyants ? Logiquement cela peut être défendable, mais jamais je ne pourrai dire avec bonne conscience à quelqu’un : « Je ne sais pas si Jésus est mort pour toi ». Cela aussi semble si loin du langage biblique.

Non pas que j’encourage à la timidité théologique. C’est bien d’avoir des convictions et de savoir les défendre. Cependant, lorsque nos conclusions sont basées sur un mélange de vérités bibliques et de logique humaine, il faut faire preuve d’humilité.

Conclusion

Le problème de la catégorisation, c’est qu’elle tend souvent vers des généralités.

Dieu est certes un Dieu d’ordre, mais pas pour autant un Dieu qu’on peut ranger dans des petites boîtes toutes faites.

Dieu nous appelle à vivre pour sa gloire. Et qu’est-ce que sa gloire ? En résumé, la gloire de Dieu c’est tout ce que nous connaissons de Dieu et tout ce que nous ne connaissons pas encore. C’est qui Il est. Un Dieu infiniment grand.

Alors oui, étudions Dieu, utilisons la beauté du langage humain, notre imagination, notre intelligence, notre logique, creusons-nous les méninges et débattons avec fraternité, mais avant tout, restons émerveillés par un Dieu dont la beauté et la sagesse dépassent notre entendement. Enfin, étudions l’ensemble de la pensée de Dieu en lisant la Bible régulièrement et d’un bout à l’autre, tout en restant humbles sur nos convictions.

EN VOIR PLUS
Chargement