C’est ironique : le jour de l’Ascension, Jésus prêche la Pentecôte, et le jour de la Pentecôte, Pierre prêche l’Ascension. Les deux événements, séparés de seulement 10 jours, sont intrinsèquement liés.
L’Ascension prépare les disciples à la Pentecôte
Il est assez frappant de voir la différence d’attitude des disciples de Jésus entre les Évangiles et le livre des Actes des Apôtres. Un grand tournant s’effectue dans leurs cœurs au moment du départ de Jésus. Dans les Évangiles nous voyons des apôtres qui se disputent pour savoir qui est le plus grand, dans le livre des Actes ils sont prêts à mourir pour proclamer que Christ est le plus grand. Dans les Évangiles ils doutent de la véritable identité de Christ, dans le livre des Actes ils prêchent sa divinité. À de nombreux niveaux ils semblent être des hommes nouveaux : dans leur vie de prière, leur courage, leur foi, leur endurance, leur persévérance, leur leadership, leur amour pour les autres. Nous ne pouvons minimiser l’impact de l’Ascension et de la Pentecôte dans leurs vies.
Si les deux événements ne sont séparés que de 10 jours, nous observons au moins 3 grands changements dans leur vie entre l’Ascension et la Pentecôte.
Le premier concerne leur compréhension de Christ et sa divinité. Après l’Ascension, les disciples l’adorent (Luc 24.51-52) (voir l’article précédent L’Ascension et la divinité de Jésus-Christ).
Deuxièmement, il y a un changement de consécration. Après la résurrection, les disciples se dispersent et arrêtent le ministère un moment. Jésus doit aller « repêcher » ses apôtres qui ont repris leurs anciennes occupations (Jean 21). Mais après l’Ascension, nous les voyons ensemble, réunis à Jérusalem, et mis-à-part pour l’œuvre de Dieu et pour Christ.
Enfin, cette consécration est particulièrement marquée par la prière en commun, ce qui était une véritable lutte pour eux pendant le ministère terrestre de Jésus. Même s’il est vrai que nous parlons de la Pentecôte comme le commencement de l’Église, il est intéressant de noter que ce jour-là les disciples étaient rassemblés pour prier. Leur vie spirituelle en commun était déjà très proche de celle d’une Église locale.
L’Ascension prépare la venue de l’Esprit
Jésus avait affirmé que son départ était nécessaire pour que l’Esprit vienne : « Cependant, je vous dis la vérité: il vaut mieux pour vous que je m’en aille. En effet, si je ne m’en vais pas, le défenseur ne viendra pas vers vous; mais, si je m’en vais, je vous l’enverrai » (Jean 16.7). Il fallait l’Ascension pour la Pentecôte ! Jésus avait déjà partagé à ses disciples qu’il existe un lien entre les réalités célestes et les réalités terrestres, que ce qui est lié au ciel est aussi lié sur la terre (Matthieu 16.18). En montant au ciel en tant que Dieu-homme, Jésus instaure une nouvelle réalité au ciel qui permet aussi une nouvelle réalité sur terre. L’auteur de la lettre aux Hébreux écrit aussi qu’il existe un lien entre le Temple céleste et le Temple terrestre (Moïse construit son Tabernacle selon un modèle céleste – Hébreux 8.5), et ma compréhension est qu’il fallait au ciel un homme (Jésus) rempli de l’Esprit pour cette réalité se reflète sur cette terre par des hommes et des femmes remplis de manière similaire de l’Esprit (je traite davantage cette question passionnante dans le chapitre 12 de mon livre S’émerveiller de l’Ascension).
L’Ascension prépare l’Église à la mission
Le livre des Actes des Apôtres commence avec l’Ascension et continue avec la mission. Quelle meilleure introduction au mandat missionnaire que l’élévation de Christ au-dessus de toutes les nations ? Le lien semble évident pour les apôtres. Dans le livre des Actes, les prédications s’enchaînent, faisant le lien entre l’Ascension et l’élévation du Roi qui appelle les nations à lui-même.
C’est ce que Pierre prêche pour Israël et « tous ceux qui sont au loin » le jour de la Pentecôte :
33Elevé à la droite de Dieu, il a reçu du Père le Saint-Esprit qui avait été promis et il l’a déversé, comme vous le voyez et l’entendez maintenant. 34David en effet n’est pas monté au ciel, mais il dit lui-même: Le Seigneur a dit à mon Seigneur: ‘Assieds-toi à ma droite 35jusqu’à ce que j’aie fait de tes ennemis ton marchepied.’ 36Que toute la communauté d’Israël sache donc avec certitude que Dieu a fait Seigneur et Messie ce Jésus que vous avez crucifié.»
37Après avoir entendu ce discours, ils eurent le cœur vivement touché et dirent à Pierre et aux autres apôtres: «Frères, que ferons-nous?»
38Pierre leur dit: «Changez d’attitude et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ pour le pardon de vos péchés, et vous recevrez le don du Saint-Esprit. 39En effet, la promesse est pour vous, pour vos enfants et pour tous ceux qui sont au loin, en aussi grand nombre que le Seigneur notre Dieu les appellera.» (Actes 2.33-39).
C’est ce qu’il prêche à nouveau lors de sa 2e prédication recensée dans les Actes :
13Le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, le Dieu de nos ancêtres, a révélé la gloire de son serviteur Jésus (…)21C’est lui que le ciel doit accueillir jusqu’au moment de la restauration totale dont Dieu a parlé depuis longtemps par la bouche de tous ses saints prophètes (…) 25Vous êtes les héritiers des prophètes et de l’alliance que Dieu a conclue avec nos ancêtres en disant à Abraham: Toutes les familles de la terre seront bénies en ta descendance. (Actes 3.13, 21, 25).
L’apôtre Paul prêche aussi Christ ressuscité et implique son Ascension en mentionnant qu’il n’a pas connu la décomposition, et peut donner le salut à « toute personne » :
35C’est pourquoi il dit encore ailleurs: Tu ne permettras pas que ton saint connaisse la décomposition. 36Or, après avoir dans sa propre génération été au service de la volonté de Dieu, David est mort, a rejoint ses ancêtres et a connu la décomposition. 37En revanche, celui que Dieu a ressuscité ne l’a pas connue.
38»Sachez-le donc, mes frères: c’est par lui que le pardon des péchés vous est annoncé 39et c’est par lui que toute personne qui croit est libérée de toutes les fautes dont vous ne pouviez pas être libérés par la loi de Moïse (Actes 13.35-39).
Le Christ qui a pris la place la plus élevée du cosmos en s’asseyant sur le trône divin lors de son Ascension mérite et réclame l’adoration et l’allégeance de toutes les nations. L’envoi du Saint-Esprit est dans la continuité de cette réalité accomplie, donnant la puissance nécessaire pour partager le salut au monde entier (Actes 1.8).
L’Ascension prépare l’Église au témoignage
Quelle image les disciples avaient-ils de Jésus lorsqu’ils sont partis accomplir son œuvre ? En général, nous gardons en mémoire le souvenir de notre dernière rencontre avec une personne lorsque nous pensons à lui ou elle. La dernière impression des disciples a été l’Ascension. C’est cette image mentale qui les a accompagnés tout au long de leur ministère : Jésus élevé, Jésus glorifié, Jésus au-dessus de toute la création, Jésus Tout-Puissant et d’une supériorité éclatante.
Si aujourd’hui nous pouvons facilement négliger ou oublier l’Ascension de Jésus-Christ, pour les disciples cela aurait été impossible. Pendant tout leur ministère, leur dernier souvenir de Jésus, celui ancré au plus profond de leur être, est celui de l’homme-Dieu dans les airs, triomphant de la mort, de la création, dans un corps glorifié annonçant un futur glorieux pour tous ceux qui mettraient leur espoir en lui.
Le Saint-Esprit, témoin de Jésus-Christ, nous rappelle aujourd’hui dans nos cœurs et par les Écritures cette même vision glorieuse de Christ : Christ comme Messie, Roi, Dieu fait homme, espoir de l’humanité (Jean 14.6 ; Actes 1.8 ; 1 Jean 2.20-23 ; Apocalypse 1.10-16).