Je suis souvent surpris par les personnes demandant le baptême. Parfois par leur âge, parfois par leur parcours de vie, parfois par leurs motivations. Chaque individu est unique, il n’y a aucun doute ! Certaines personnes ont besoin d’être encouragées pour avancer vers le baptême, car seules elles ne sentent pas prêtes, ou trouvent des excuses pour repousser l’obéissance ; d’autres ont besoin d’être ralenties, car leurs motivations ne sont pas claires, ou elles peuvent être décalées par rapport aux priorités bibliques. Certaines personnes sont pleines d’assurance et de confiance et comptent les jours avec impatience dès que la préparation au baptême est commencée, d’autres sont pleines de crainte et d’appréhension à l’idée de se tenir devant une assemblée.

Ci-dessous quelques réflexions pour évaluer les candidats au baptême.

Une cohérence de vie

Le temps révèle les cœurs. Certaines personnes seront fidèles à leur témoignage de baptême, d’autres non. Mais ceci, l’Église ne peut pas le contrôler complètement. Même les apôtres ont dû lutter avec cela. Nous le voyons notamment avec l’histoire de Simon le magicien, baptisé par Philippe, mais dont les intentions du cœur se révéleront opposées à celles de Dieu (Actes 8.5-24).

Un premier filtre cependant permet de faire un tri, celui de la cohérence de vie. Le témoignage public de la personne est-il cohérent avec l’engagement que la personne s’apprête à prendre devant l’assemblée ? Le baptême est un symbole d’appartenance à Dieu et son Église, ce qui implique une soumission à sa Parole, une compréhension biblique de la repentance, et un désir de vivre la sainteté.

Bien sûr, s’il fallait triompher de tous ses péchés avant le baptême, personne ne serait jamais prêt. Mais la Bible fait la différence entre des péchés ponctuels et des styles de vie qui encouragent et font perdurer le péché. L’apôtre Jean résume bien cet équilibre :

Si nous disons que nous sommes en communion avec lui, et que nous marchions dans les ténèbres, nous mentons et nous ne pratiquons pas la vérité… Si nous disons que nous n’avons pas de péché, nous nous séduisons nous-mêmes, et la vérité n’est pas en nous. (1 Jean 1.6, 8)

Certaines situations de vie témoignent de choix à l’encontre de Dieu et méritent d’être réglées avant une prise de position publique pour Dieu.

Si l’Église ne peut pas sonder la profondeur des cœurs, elle peut avoir le discernement de voir si le témoignage public d’une personne est cohérent avec une prise de position pour Dieu.

Une compréhension du sens du baptême

Le baptême est porteur de symboles riches en sens :  le passage de la mort avec Christ à la vie avec Christ (Romains 6.3-6) ; la purification face au péché (Actes 22.16 ; 1 Pierre 3.21). Une préparation au baptême est souvent nécessaire pour que la personne réalise ce que représente le baptême dans sa profondeur théologique et sa radicalité d’engagement vis-à-vis de Christ.

Le baptême est souvent perçu comme une étape de développement personnel, d’intégration sociétale, ou de rituel religieux. Certaines personnes se font baptiser pour plaire à d’autres, ou pour rechercher une expérience. Encore une fois, Dieu seul sonde les cœurs. Mais le minimum que l’Église peut offrir est une description claire de ce que signifie le baptême , avec une préparation au baptême adaptée à la personne.

Un engagement vis-à-vis de l’Église locale

Le baptême est une ordonnance donnée par Jésus qui regroupe ceux qui s’identifient à lui et à son peuple. Jésus baptisait de manière publique, devant des témoins. Les apôtres ont continué cette pratique. Je suis toujours frileux vis-à-vis des personnes voulant être baptisées en privé ou en dehors de leur Église locale. S’identifier à Christ c’est s’identifier à son peuple et s’engager à suivre un chemin de vie que d’autres partagent. La voie de la sainteté est difficile et nulle personne ne peut l’emprunter par lui-même sans le soutien des autres croyants. L’engagement du baptême est trop fort pour se faire en solitaire.

Une personne qui s’engage à suivre Christ s’engage aussi, automatiquement, à accepter les réprimandes des autres croyants quand sa marche s’écarte du droit chemin.

Je discutais récemment avec un pasteur sur la question de l’âge du baptême. J’ai trouvé sa réponse très pertinente : « Pour moi, l’âge n’a pas d’importance si la personne accepte qu’il existe un lien entre le baptême et la discipline d’Église. Une personne qui se dit publiquement pour Christ devra aussi être disciplinée par l’Église si elle persévère dans une vie de péché. »

La Bible est claire que Dieu a des attentes vis-à-vis de ceux qui se disent chrétiens. Jésus ne mentionne que deux fois le mot « église » dans les évangiles. Et lorsqu’il développe la question, c’est dans le contexte de veiller les uns sur les autres et d‘appliquer la discipline pour garder une Église sainte et véritable (Matthieu 18). Une personne qui veut se soumettre à Christ n’aura pas peur d’une telle perspective, au contraire, elle en sera reconnaissante.

Conclusion

Jésus a commandé le baptême à ses disciples, et mon rôle en tant que responsable d’Église est d’encourager l’obéissance. Cette obéissance doit cependant être informée, mesurée, et acceptée avec une foi sans réserve envers Christ. Je me souviens encore du baptême comme un des plus beaux jours de ma vie, et mon plus grand désir pour nos candidats est que nous puissions partager un moment de fête mémorable lors de cet engagement public.

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