Le premier verset d’Ésaïe 1 indique le contenu essentiel du livre. Il annonce la vision qu’Ésaïe a eue pendant le règne d’Ozias et de ses trois successeurs.
La première section (v. 2-9) révèle à quel point la nation est déchue. C’est Dieu lui-même qui a suscité la nation d’Israël (v. 2) ; il a éduqué les Israélites comme ses enfants ; rebelles, ils se sont dressés contre lui. Même un bœuf ou un âne connaissent mieux leur habitat qu’Israël le sien. Les cieux et la terre sont invités à écouter les reproches (v. 2), d’une part pour mesurer l’ampleur de la rébellion et d’autre part parce que le bien-être de l’univers tout entier dépend de l’obéissance du peuple à la Parole de Dieu. La description de l’étendue de la dévastation qui frappe le pays (v. 5-9) n’est pas métaphorique : le prophète décrit probablement le carnage sanglant qui accompagne l’invasion de Juda par les armées assyriennes de Sennachérib (701 av. J.-C.), un avant-goût du jugement à venir.
Ensuite et jusqu’à la fin du chapitre, la pensée suit trois directions :
1° Israël est blâmé à cause de son culte corrompu et hypocrite (v. 10-17). De façon sarcastique prononcée, Dieu compare son peuple à Sodome et Gomorrhe. Les Israélites ont conservé le système des sacrifices qui leur avait été prescrit et respecté les grandes fêtes religieuses du calendrier juif ; cependant, Dieu déclare qu’il ne supporte plus leurs « assemblées » (v. 13) ; il les « hait » (v. 14). Il ne veut même plus écouter les Israélites lorsqu’ils prient (v. 15), car l’oppression des faibles et la corruption de l’administration ont atteint de telles proportions qu’il se doit de réagir conformément à l’alliance du Sinaï (Deutéronome 21.18-21). Il ne peut ignorer plus longtemps ces violations.
2° Israël est cependant invité à recevoir le pardon et la purification : « Venez donc et plaidons dit l’Éternel. Si vos péchés sont comme le cramoisi, ils deviendront blancs comme la neige ; s’ils sont rouges comme l’écarlate, ils deviendront comme de la laine » (v. 18). Ce n’est pas le respect des lois relatives au culte qui procure le pardon, mais la repentance : « Si vous vous décidez pour l’obéissance, vous mangerez les meilleures productions du pays » (v. 19). Dans le cas contraire, c’est le jugement (v. 20). Le livre expose plus loin la base sur laquelle repose le pardon. Le jugement dévastateur de l’oppression et de l’exil n’était pas inéluctable, mais Israël, comme nous, a souvent préféré le péché au salut, la cupidité à la grâce.
3° Un jour cependant, Sion (qui représente le peuple de Dieu) « sera rachetée par le droit, et ceux qui se convertiront par la justice » (v. 27). La rédemption ne peut pas faire l’économie de la droiture et de la justice ; l’impénitent ne peut s’attendre qu’au jugement (v. 28, 31).
