Jérémie vivait à une époque de menaces et de déclin. Il a exercé son ministère prophétique pendant plus de 40 ans à partir de la treizième année du règne de Josias, dernier roi réformateur de Juda (vers 627 av. J.-C.). La chute de Jérusalem eut lieu en 587 (40 ans après la vocation de Jérémie), mais le prophète continua d’exercer son ministère encore un certain temps. Son activité était condamnée à une stérilité apparente. Néanmoins, Dieu l’avait appelé à dire la vérité sur la nation et le jugement imminent, sans se soucier de l’accueil que le peuple réserverait à ses paroles. Au fur et à mesure que son ministère se prolongeait, la maturité et la fermeté du prophète se développaient.
La vocation de Jérémie occupe le premier chapitre (Jérémie 1). Soulignons-en quelques aspects importants.
1° Non seulement Dieu a confié à Jérémie cette mission prophétique, mais il l’avait consacré dès avant sa naissance (v. 5). Dans les heures sombres de l’hostilité et des traitements brutaux, cette pensée lui a certainement été d’un puissant soutien.
2° Jérémie était visiblement un homme jeune quand Dieu lui confia sa première mission. Il protesta en disant qu’il était « un jeune garçon », mais Dieu ne tint pas compte de cette excuse car il est parfaitement capable d’équiper celui qu’il choisit. Il s’engagea à mettre ses paroles dans la bouche de Jérémie et à faire de lui une voix prophétique, tant pour Juda que pour les nations environnantes (v. 7-10).
3° Deux brèves visions ont précisé la nature de la vocation de Jérémie. La première est celle d’une branche d’amandier. Le mot hébreu pour « amandier » ressemble fort au verbe hébreu « veillant ». La branche d’amandier est la première à bourgeonner au printemps ; elle l’annonce. Dans le jeu de mots, la parole de Dieu annonce son propre accomplissement comme inéluctable. Jérémie est ainsi encouragé à exprimer les paroles de Dieu avec la pleine confiance que tout ce que Dieu dit est vrai et que tout ce qu’il prédit se réalisera (v. 11-12) : Dieu veille sur toutes choses. La deuxième vision est celle d’une marmite bouillonnante tournée vers le nord, une façon imagée de dire que le chaudron bouillant du jugement, ce jugement que Babylone exercera (v. 13-16), fondra sur Juda en venant du nord.
4° Dieu dit à Jérémie de ne pas craindre, une parole que le Seigneur adresse souvent à ses serviteurs (p. ex. Abraham, Genèse 15.1 ; Moïse, Nombres 21.34 et Deutéronome 3.2 ; Daniel, Daniel 10.12, 19 ; Marie, Luc 1.30 ; Paul, Actes 27.24). Dieu ne minimise pas les difficultés : Jérémie fera face à une opposition incessante et il se trouvera parfois seul « contre le peuple du pays » (v. 18) ; pourtant personne ne l’emportera sur lui, car « je suis avec toi pour te délivrer », affirme Dieu (v. 19). Seules de telles promesses suffisent pour insuffler un courage prophétique titanesque.