Nous ne devons pas passer sous silence la réalité évidente dans ce passage (Matthieu 11.2-19) : le découragement de Jean-Baptiste.
Il est découragé parce que Jésus ne répond pas à ses attentes. Jean avait annoncé quelqu’un qui non seulement baptiserait d’Esprit Saint (3.11) mais qui exercerait aussi un jugement sévère en séparant le blé de la paille et en brûlant celle-ci (3.12). Or, ce Jésus prêche à de grandes foules, forme ses propres disciples et accomplit des miracles, mais il ne châtie visiblement pas les méchants. Jean-Baptiste croupit dans sa prison pour avoir ouvertement et fermement reproché à Hérode son mariage illicite. Pourquoi Jésus ne dénonce-t-il pas Hérode et ne le frappe-t-il pas en utilisant son pouvoir étonnant ?
Jésus répond (v. 4-6) en décrivant son ministère au moyen de deux passages fondamentaux du prophète Ésaïe : 35.5-6 et 61.1-2, que Jean-Baptiste connaissait certainement bien puisqu’il cite ce prophète (3.3 correspond à Ésaïe 40.3). Jean aurait pu se dire : Si Jésus se réfère à ces passages, pourquoi ne mentionne-t-il pas également le thème du jugement présent dans ces mêmes contextes ? Car Ésaïe 35.4-6 ne parle pas seulement du boiteux qui sautera, mais également de « la vengeance […, de] la rétribution de Dieu ». En outre, Ésaïe 61.2 (voir méditation du 29 juin) annonce « un jour de vengeance de notre Dieu ». Pourquoi Jésus cite-t-il seulement les bénédictions et omet-il de rappeler les jugements ?
C’est comme si Jésus disait : « Jean, regarde les choses de près ; nous voyons poindre à l’horizon les bénédictions promises du royaume. Ce que je fais est l’accomplissement rigoureux de l’Écriture. Si le jugement annoncé ne se manifeste pas encore, sache qu’il viendra mais plus tard. Pour l’instant, réalise que le bien qui est fait confirme que je suis réellement celui que j’affirme être ».
Jésus prend résolument la défense de Jean, en faisant trois déclarations. Nous en aborderons deux. 1° Il avertit ceux qui avaient écouté sa conversation avec les envoyés de Jean, en leur disant de ne pas s’imaginer que Jean était une sorte de roseau versatile, qui pliait sous la pression des circonstances hostiles, et encore moins un personnage cupide (v. 7-8).
Loin de là ! 2° Dans l’histoire de la rédemption, Jean a pour rôle d’annoncer la venue du Souverain, de fixer l’attention des gens sur lui, en accomplissant une prophétie de Malachie (v. 10). Voilà ce qui confère à Jean une grandeur unique parmi tous les saints nés de femmes dans l’Ancien Testament ; il est plus grand qu’Abraham, David ou Ésaïe, car il annonce Christ et le désigne de façon explicite. C’est ainsi que, depuis la croix, le plus petit dans le royaume est tout de même plus grand que lui (v. 11), car vous et moi, nous reconnaissons l’identité du Messie de façon plus immédiate et plus explicite. C’est en cela que réside notre grandeur.