Ecouter les chapitres du jour sur le site Audio Bible IBG : Genèse 42; Marc 12; Job 8; Romains 12
L’échange entre Jésus et certains de ses adversaires dans Marc 12.13-17 ne manque pas du tout d’intérêt. Marc précise que les interlocuteurs de Jésus cherchaient à « le prendre au piège de ses propres paroles » (v. 13). Cela explique pourquoi ils se sont approchés de lui avec des paroles flatteuses en reconnaissant qu’il est un maître hors pair qui ne se fie pas à l’opinion populaire. Après cette entrée en matière, ils lui posent la question piège: « Est-il permis de payer le tribut à César? Devons-nous payer ou ne pas payer? » (v. 14).
Ils pensaient l’avoir coincé. S’il répondait: « Non », il risquait de gros ennuis avec les autorités romaines qui n’accepteraient certainement pas qu’un prédicateur religieux itinérant dans un pays aussi explosif que la Palestine puisse librement inciter la population à ne pas payer les impôts. Jésus aurait même pu être exécuté pour trahison. Mais s’il répondait: « Oui », il perdrait la confiance et l’appui du peuple et sa popularité déclinerait rapidement. Beaucoup de Juifs ordinaires avaient des réticences humaines à payer l’impôt, sans compter leurs objections théologiques. Comment les Juifs consciencieux pouvaient-ils payer avec des pièces qui portaient l’effigie de l’empereur et qui, de plus, lui conféraient le rang d’une divinité? Par ailleurs, si les Juifs étaient vraiment justes, Dieu ne viendrait-il pas pour délivrer une fois de plus son peuple, cette fois-ci de la puissance romaine? La fidélité inconditionnelle à Dieu n’imposait-elle pas de ne pas payer l’impôt?
Quelle que fût la réponse que Jésus aurait donnée, il aurait été perdant. Il refuse de tomber dans le piège. Après s’être fait présenter une pièce, v il demande de qui elle porte l’effigie. Il s’appuie sur la réponse pour déclarer qu’il faut rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. Il sort ainsi du piège dans lequel ses adversaires ont voulu l’enfermer, ce qui provoque leur étonnement.
Mais la réponse pleine de sagesse contient d’innombrables leçons. Dans une pure théocratie, la réponse de Jésus aurait été illogique: Dieu gouverne par l’entremise du roi, si bien qu’il est difficile de séparer leurs domaines. De plus, la structure de l’ancienne alliance était liée à un gouvernement théocratique. Or, ici, Jésus annonce qu’il faut clairement distinguer les revendications de César de celles du Dieu vivant.
Cela ne signifie évidemment pas que le domaine de César est totalement indépendant de celui de Dieu, ni que Dieu n’exerce pas un contrôle providentiel. Il est cependant difficile d’échapper à la conclusion que Jésus annonce un changement fondamental dans l’administration du peuple de l’alliance. Celui-ci ne se focalise plus sur un royaume théocratique; il se compose de groupes d’Églises répandues dans le monde entier. Elles vivent sous des « rois » et des « Césars » mais n’offrent de culte ni aux uns ni aux autres. C’est aussi pour cela que beaucoup de chrétiens font remonter l’histoire du refus de l’établissement d’une religion particulière à cette parole de Jésus lui-même.